Le changement climatique serait-il un mythe ?

Les icebergs du glacier Jacobshavn ou Sermeq Kujalleq drainent 7 % de la calotte glaciaire du Groenland et constituent le plus grand glacier en dehors de l'Antarctique. ©Getty - Ashley Cooper
Les icebergs du glacier Jacobshavn ou Sermeq Kujalleq drainent 7 % de la calotte glaciaire du Groenland et constituent le plus grand glacier en dehors de l'Antarctique. ©Getty - Ashley Cooper
Les icebergs du glacier Jacobshavn ou Sermeq Kujalleq drainent 7 % de la calotte glaciaire du Groenland et constituent le plus grand glacier en dehors de l'Antarctique. ©Getty - Ashley Cooper
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Des questions sur le climat et le réchauffement de la planète, il y en a. Et si le changement climatique n’existait pas ? Et s’il n’était pas dû aux activités humaines ? Et si ce n’était pas si grave ?

Les interrogations, toutes légitimes, sur le phénomène du changement climatique peuvent aussi apparaître comme une manière de se protéger, ou du moins de protéger son mode de vie, ses habitudes. Car, après tout, si l’on répond positivement à une seule de ces questions, alors pourquoi s’en faire ? Cela nous offre un sacré soulagement, nous donnant en prime bonne conscience.

Le climat se réchauffe-t-il réellement  ?

C’est le point le plus simple à réfuter car, sauf à être totalement de mauvaise foi, le thermomètre indique que nous vivons sur une Terre de plus en plus chaude. Ce niveau de contestation relève du négationnisme, il s’apparente au caprice d’un enfant qui nie une évidence : "Ce n’est pas moi qui est cassé le verre, il est tombé tout seul !"

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Les températures moyennes relevées par Météo France décennie après décennie depuis le début du 20e siècle constate que les deux premières décennies (années 1900, puis années 1910) sont les deux plus froides, suivies par les années 1960 et 1970. Cela implique que le climat fluctue, donc il suffit d’attendre la prochaine oscillation à la baisse. Sentiment de satisfaction chez les négationnistes.

Sauf que, ensuite, un premier niveau de réchauffement intervient avec les années 80. À ce stade, on pouvait encore parler de fluctuations naturelles, mais ensuite tout s’emballe et les décennies qui suivent sont non seulement plus chaudes, mais elles sont bien, bien plus chaudes et l’on bat record sur record été après été, hiver après hiver. Les biologistes ajoutent que les espèces se déplacent, changent de comportement. Des oiseaux auparavant migrateurs ne migrent plus, les plantes fleurissent plus tôt, les vendanges sont plus précoces, des espèces tropicales s’installent plus au Nord...

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Une causalité multifactorielle

Une première échappatoire est de remettre en question la causalité du phénomène. De clamer que le changement climatique n’est pas induit par nos émissions de CO2, que sa cause est multifactorielle. Or, le processus physico-chimique du rôle du CO2 comme gaz à effet de serre a été démontré. Plus de CO2 égale plus de chaleur ! D’autre part, il existe une corrélation forte entre nos émissions et le CO2 atmosphérique. Le problème est d’autant plus réel que nous sommes face à une accumulation : le CO2 d’aujourd’hui s’ajoute à celui d’hier. Nous chargeons la barque sans jamais la décharger.

Toujours en parlant de CO2, on peut aussi arguer que quelques parties pour million de CO2 en plus ou en moins dans l’atmosphère ne changent pas grand-chose à sa composition. Tout au plus 0,025 % ; une goutte d’eau ! Ce serait confondre la dose et l’effet. Seriez-vous partant pour avaler la même proportion (une vingtaine de grammes) d’amanite phalloïde, ou une petite capsule de cyanure ne pesant rien par rapport à la masse de votre corps ?

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Il a déjà fait plus chaud qu’aujourd’hui, pourquoi s’inquiéter  ?

Un second niveau de contestation consiste à dire que la Terre a traversé dans son histoire des périodes bien plus chaudes que celle que nous vivrons dans les décennies à venir. C’est rigoureusement exact.

Si l’on ne considère que les 500 millions d’années, c’est-à-dire en remontant au début de l’ère primaire, seules trois périodes se signalent par d’importantes calottes de glace aux pôles.

Le problème est que la phase fraîche que nous traversons a débuté il y a environ 30 millions d’années et qu’elle est plus intense depuis environ un million d’années. Au cours de tout ce temps, la biodiversité a évolué pour s’adapter à cette fraîcheur. Cela s’est fait progressivement, laissant le temps à la vie de suivre le mouvement. Aujourd’hui nous jouons avec le thermostat à une vitesse folle, folle pour la capacité de réaction du vivant, et sans doute même de nos sociétés. La véritable préoccupation est bien celle de la vitesse et pas celle de l’amplitude seule.

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Rien meilleur pour la planète que du CO2

Un ultime argument est de dire que le CO2 est bon pour la planète, qu’il serait même bénéfique pour la végétation.

La végétation pourrait alors devenir un puit de carbone, à l’image de ce qui s’est passé, par exemple au Carbonifère lorsque les grands gisements de charbon se sont formés.

Mais une première réserve est qu’il faudrait laisser une place considérable à ces puits de carbone qui, à l’époque, correspondaient à de gigantesques marécages et lagunes littorales.

Une deuxième réserve est que tout cela, je parle bien de stockage pérenne avec enfouissement et non pas réutilisation pour nos besoins de la dite végétation, prendra un temps considérable s’étalant sur des dizaines de milliers d’années.

Autrement dit, il faudrait que ce ne soit pas uniquement une croissance de la végétation, mais aussi un stockage définitif qui se fasse sur un rythme plus rapide que celui de notre usage des stocks fossiles.

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Bon, Le réchauffement est un fait, sa cause anthropique est démontrée.

L’option est simplement alors de savoir si c’est grave ou pas pour nos sociétés et d’agir en conséquence de nos choix, sachant que cela passera par des dégâts considérables pour les écosystèmes.

Cette chronique est inspirée du livre 'Le jour où j’ai compris' (Bruno DAVID, Grasset 2023).

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