Harry Belafonte, le miel et la révolte

La voix rauque d’Harry Belafonte a été adulée dans le monde entier. Le chanteur a été la première superstar mondiale noire de l’histoire de l’industrie et du divertissement. Il a conquis le cœur des Américains quelle que soit la couleur de leur peau mais aussi des Européens, des Argentins, des Japonais... Et s’il a chanté les ballades les plus entrainantes mais aussi les plus douces, on a tendance à oublier qu’il a passé sa vie entière à militer pour les droits des minorités.

Harry Belafonte, vers une carrière de chanteur populaire

Rien ne prédestinait Harry Belafonte à devenir une immense star mainstream. “La pauvreté était la sage-femme de ma mère, elle a eu ses enfants dans la pauvreté mais elle a réussi à nous donner la force et un but pour être vaillant contre l’oppression” racontait-il. Harry Belafonte est né d’un père martiniquais dont il parle peu et d’une mère américaine longtemps domestique. Lorsqu’il est ado, il retourne en Jamaïque avec sa mère et découvre la culture antillaise. Après son service militaire et de nombreux petits boulots, il découvre sa vocation de chanteur grâce à un professeur d’allemand. Et s’il passe rapidement par les boîtes de jazz, c’est véritablement avec la folk qu’il va s'épanouir et trouver son chemin vers la musique.

Bob Dylan pris sous l'aile du chanteur

“Harry Belafonte était le meilleur chanteur de ballades, quand il se produisait quelque part, il battait les records de vente, c’était le nouveau Rodolphe Valentino, tout le monde l’aimait, il pouvait être dans un grand music hall la veille et dans une petite salle de fête d’un syndicat le lendemain et ça n’avait aucune importance pour lui, les gens étaient les gens. Il avait à la fois un sourire de petit garçon et une hostilité féroce quand il en avait besoin. Sa présence était si forte quand on était avec lui qu’on pensait que l’on faisait partie de la grande race humaine. Il a franchi énormément de lignes rouges. Je me suis toujours identifié à lui et aussi incroyable que cela puisse paraître j’ai fait mon tout premier enregistrement professionnel à l’harmonica avec lui sur Midnight special”. Bob Dylan raconte sa rencontre avec Harry Belafonte. Les deux hommes vont beaucoup se côtoyer parce qu’ils participent ensemble aux mouvements de luttes pour les droits civiques. Harry Belafonte est engagé auprès de Martin Luther King depuis les années 50 et le suit partout dans ses tournées. Il est présent à la marche de Washington où il déclame un manifeste qu’il fait signer à tous les acteurs contre la ségrégation raciale.

Un artiste de tous les combats

Harry Belafonte ne s’arrête pas à la lutte pour les droits civiques, il élargit son combat et notamment grâce à sa rencontre avec Myriam Makeba, immense chanteuse africaine qui lutte contre l’apartheid dans son pays. Ensemble dans la révolte, ils sortent un album commun en 1965 “An evening with Belafonte”. Il s’agit d’un mélange de chants de tradition américaine et de chants en zulu interprétés par Makeba. On doit aussi à Belafonte l’initiative de “We are the world” en 1980 contre la famine en Éthiopie.

Références musicales et archives

• Harry Belafonte, Day-O (banana Boat song)
• Harry Belafonte, Jamaica Farewell
• Archive : Harry Belafonte attribue son succès à ses qualités d'interprète plus que de chanteur, CBS News, 2028
• Harry Belafonte, Man Piabia
• Extrait du film Carmen Jones (1955) : "Beat Out Dat Rhythm on a Drum" - Peal Bailey
• Archive : Harry Belafonte explique pourquoi il a refusé de jouer dans Porgy and Bess, télévision américaine ITN, 1958
• Harry Belafonte, Hava Nageela
• Harry Belafonte, Another Man Done Gone
• Harry Belafonte, Midnight special
• Extrait du discours de Harry Belafonte à Washington lors de la marche pour les droits civiques de Martin Luther King, 28 août 1963
• Harry Belafonte, This Land is your land
• Harry Belafonte et Miriam Makeba, Train Song
• Harry Belafonte, Summertime Love
• Archive : Harry Belafonte raconte son statut de première superstar noire, interview à Good Morning America, ABC Newsen, 1981
• **Harry Belafonte, **Try to remember
• Archive : Harry Belafonte interviewé par la télévision canadienne sur la puissance de la résistance pacifiste, 1984
• Harry Belafonte et Nana Mouskouri, Irène
• Harry Belafonte, Jump in the line