Un professeur de français accusé de harcèlement sexuel sur une élève dans le Var

Au retour d’un voyage scolaire, le quinquagénaire avait envoyé près de 270 messages tendancieux à une collégienne de 3e. Il a comparu devant le tribunal correctionnel de Draguignan.

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V.W. Publié le 04/05/2023 à 20:30, mis à jour le 04/05/2023 à 20:34
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 13 juin prochain. En attendant, et comme c’est le cas depuis la révélation de l’affaire, le professeur est suspendu de ses fonctions par l’Éducation nationale. Crédit photo (Web uniquement).

Pour un professeur de français émérite, bien noté par sa hiérarchie et apprécié de ses élèves, Laurent fait montre d’un vocabulaire plutôt anodin et d’une capacité d’introspection incertaine. "La pression de comparaître devant vous, assure-t-il à la barre du tribunal correctionnel de Draguignan. J’ai merdé, je sais. Je m’en excuse auprès de tout le monde."

"Ma seule envie est d’être avec toi"

Du 2 au 11 mai 2022, face à Marie (le prénom a été modifié), élève brillante alors en classe de troisième à Cogolin, il était plus prolixe. "Ma seule envie est d’être avec toi" envoyait-il alors sur le téléphone de l’adolescente de 14 ans. "Tu es belle ce matin", "je suis jeune (56 ans, Ndlr) mais me rapprocher de toi me rend encore plus jeune", "j’ai bien pensé à toi", etc. Au total, près de 270 messages aussi troublants que dérangeants. Jamais crus, pas tout à fait clairs non plus.

Un ensemble suffisant en tout cas pour que le ministère public décide de poursuivre le professeur pour "harcèlement sexuel sur mineur de 15 ans: propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste imposés de façon répétée".

Au retour d’un voyage scolaire à Paris, la mère de Marie avait noté un changement dans le comportement de sa fille. "Elle était souvent sur son téléphone portable. Cela ne lui ressemblait pas. Lors d’une discussion, elle m’a dit que l’enseignant avait fait exprès de partir plus tôt de chez lui pour la croiser sur le chemin de l’école. J’ai eu comme un déclic."

"Je n’avais aucune intention malveillante"

Un frisson suivi d’un gros malaise. En regardant dans le téléphone portable de Marie, elle découvre l’abondant échange de SMS entre sa fille et son professeur principal. Ne laissant que peu de doute sur l’attachement sentimental que semble vouer l’adulte envers l’adolescente, même si aucune avance sexuelle n’a été relevée.

Aussitôt alertée, la direction de l’établissement reçoit Laurent, puis prévient l’Éducation nationale qui décide de le suspendre. Dans le même temps, les gendarmes entendent le quinquagénaire. Penaud, celui-ci reconnaît aussitôt les faits. "J’ai été très maladroit dans mes propos, avoue-t-il à la présidente Marie-José Coureau-Vergnolle. Je n’avais aucune intention malveillante. Il n’y a jamais eu dans ma tête l’ombre d’un soupçon d’avoir une relation."

Selon lui, le rapprochement a eu lieu à Paris après un métro manqué par Marie. "On s’est retrouvé tous les deux. La situation était cocasse. Ça a commencé comme ça. Il y a eu peut-être aussi un effet Covid. Cela faisait trois ans qu’il n’y avait plus eu de voyage scolaire."

Huit mois avec sursis requis par le ministère public

« Je n’entends dans votre bouche que deux termes: conscience et désolé. C’est pauvre pour évoquer votre comportement, surtout venant d’un professionnel de l’éducation, s’étonne le procureur Guy Bouchet, requérant 8 mois de sursis probatoire, une interdiction de contact avec la victime et son inscription au Fijais (1).

Marie, elle, semblait avoir compris le caractère transgressif de cette "relation". Aussitôt l’affaire dévoilée, elle n’a pas pu cacher un sentiment de culpabilité, se reprochant d’être à l’origine de la perte d’emploi de Laurent et d’une possible séparation d’avec son épouse, professeur dans le même collège. "En cultivant cette liaison dangereuse, cet état de séduction, il a brouillé tous les signaux sentimentaux d’une jeune fille en train d’éclore à la vie" relève le bâtonnier Philippe Barthélémy, en partie civile.

Le tribunal rendra sa décision le 13 juin.

1. Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

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Var-Matin

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