La Russie commémore la victoire sur l’Allemagne nazie dans l’ombre des revers en Ukraine

Le président Vladimir Poutine, qui est attendu avec un discours devant des milliers de soldats au garde-à-vous sur la place Rouge, est isolé, honni des Occidentaux et visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. [EPA-EFE/GAVRIIL GRIGOROV / SPUTNIK / KREMLIN POOL]

La Russie célèbre mardi la victoire sur l’Allemagne nazie, grand-messe patriotique annuelle avec son défilé militaire, mais qui cette année, du fait d’échecs en série en Ukraine et d’attaques en territoire russe, se déroule sous haute sécurité.

Pour sa part, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est arrivée mardi (9 mai) à Kiev pour la Journée de l’Europe, célébrée pour la première fois en Ukraine.

Après 15 mois d’offensive en Ukraine, l’armée russe apparaît affaiblie par les pertes, les revers et les tensions entre l’état-major et les paramilitaires de Wagner. Elle reste enlisée dans son combat pour la prise de la ville de Bakhmout, épicentre des combats dans l’Est depuis des mois.

Le président Vladimir Poutine, qui est attendu avec un discours devant des milliers de soldats au garde-à-vous sur la place Rouge, est isolé, honni des Occidentaux et visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. À ses côtés, six dirigeants issus d’ex-républiques soviétiques.

Ils assisteront à la parade avant de déposer ensemble des fleurs sur la tombe du Soldat inconnu.

Les commémorations se dérouleront aussi sous protection renforcée du fait de la multiplication des attaques en territoire russe attribuées à Kiev par Moscou. Elles se produisent alors qu’une vaste contre-offensive ukrainienne semble de plus en plus imminente, voire est peut-être déjà en cours.

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Défilés annulés

L’attaque en Russie la plus spectaculaire, même si elle a soulevé beaucoup de questions, a été une frappe de deux drones contre le Kremlin la semaine dernière, que Moscou n’a pas hésité à qualifier de tentative d’assassinat contre Vladimir Poutine.

L’Ukraine a démenti tout rôle dans cette opération, laissant entendre qu’il pouvait s’agir d’un mouvement rebelle russe ou d’une provocation du pouvoir.

Il y a eu également des frappes contre des installations énergétiques russes, des sabotages de voies ferrées et de multiples tentatives ou assassinats de personnalités, comme celle qui a blessé samedi l’écrivain nationaliste Zakhar Prilépine.

Résultat, des défilés et manifestations prévus dans plusieurs villes et régions russes ont été annulés, notamment dans les régions frontalières de l’Ukraine et en Crimée annexée, les autorités avançant un risque « terroriste ».

« Quand on a affaire à un État sponsor du terrorisme, de fait, il est mieux de prendre des mesures préventives », a justifié le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en référence à l’Ukraine.

« Toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer la sécurité » de la parade, a-t-il ajouté.

À Moscou, la grande parade militaire en présence de M. Poutine aura bien lieu, même si la traditionnelle marche du « Régiment des Immortels » qui rassemble des dizaines de milliers de Russes dans les rues de la capitale a été annulée.

Et le maître du Kremlin a peu de bonnes nouvelles du front. Ses troupes, qui combattent depuis l’été pour Bakhmout, une ville à l’importance stratégique contestée et en grande partie détruite, ne l’ont toujours pas conquise face à une résistance ukrainienne acharnée.

Les forces russes en contrôlent aujourd’hui la majeure partie, mais cette avancée s’est faite lentement et au prix de lourdes pertes. Et Kiev se prépare depuis des mois à répliquer, forte des cruciales livraisons d’armes occidentales.

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Ursula Von der Lyen à Kiev

Parallèlement, Moscou poursuit ses bombardements sur l’Ukraine. Mardi, l’armée de l’air ukrainienne a affirmé avoir abattu 23 missiles de croisière russes sur les 25 missiles lancés pendant la nuit sur le pays.

L’administration militaire de Kiev a dit pour sa part avoir abattu une quinzaine de « cibles aériennes ennemies » autour de la capitale, sans signaler de victimes ni de dégâts importants.

Des sirènes d’alerte ont également été déclenchées dans plusieurs régions ukrainiennes.

L’Ukraine a renoncé cette année à toute commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie le 9 mai, comme c’était la tradition soviétique. Désormais, elle la célèbre le 8 mai avec « le monde libre ».

Et le 9, l’Ukraine célèbre la journée de l’Europe, comme le reste de l’Union européenne qu’elle aspire à intégrer.

« Ma présence à Kiev aujourd’hui, le 9 mai, est symbolique, mais c’est aussi le signe d’une réalité cruciale et très pratique : l’UE travaille main dans la main avec l’Ukraine sur de nombreux dossiers », a déclaré Mme von der Leyen au pool de presse dans son train pour Kiev.

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