La France est-elle en train de sortir la tête de l'eau ? Son déficit commercial sur les biens s'est nettement réduit en mars, tombant à 8,4 milliards d'euros, ont indiqué les douanes ce mardi 9 mai.
« En mars, toutes les grandes composantes de la balance commerciale de la France s'améliorent », relèvent les douanes.
Le solde commercial de la France a ainsi « continué de s'améliorer nettement, de +1,5 milliard d'euros après +2,4 milliards en février, pour s'établir à -8,4 milliards d'euros, son niveau le moins dégradé depuis plus d'un an et demi », notent les douanes. Sur douze mois glissants, le solde commercial français « se redresse » pour atteindre 159,7 milliards d'euros.
À noter que le déficit commercial pour février a pour sa part été revu en forte baisse par rapport aux précédentes estimations, à 9,9 milliards d'euros au lieu de 11 milliards.
Le déficit des transactions courantes excédentaire
Les douanes soulignent notamment que « le solde énergétique continue de s'améliorer sous l'effet de la baisse des importations d'énergie, les exportations d'énergie restant stables ce mois-ci ».
Au total, les importations ont poursuivi leur baisse « pour atteindre 59,3 milliards d'euros », alors que « dans le même temps, les exportations sont en hausse et s'établissent à 50,9 milliards d'euros », est-il précisé.
De son côté, la Banque de France a rapporté mardi qu'en mars, le déficit des transactions courantes était devenu « excédentaire de 1,4 milliard d'euros, en amélioration de près de 3 milliards par rapport à février ».
La publication de ces chiffres des douanes intervient alors que l'Insee a confirmé vendredi dernier sa prévision de croissance de 0,2% au deuxième trimestre. « L'acquis de croissance pour 2023 s'élèverait quant à lui à 0,5% à l'issue du deuxième trimestre », a ainsi détaillé l'Insee dans sa dernière note de conjoncture. En d'autres termes, même si la croissance était nulle au deuxième semestre, la France enregistrerait tout de même une augmentation d'un demi-point de pourcentage de son produit intérieur brut en 2023.
Après 2,6% en 2022, le gouvernement table pour sa part sur une croissance du PIB de 1% en 2023, une prévision supérieure à celles de la Banque de France (0,6%) et du Fonds monétaire international (0,7%). La faiblesse de l'activité économique s'explique notamment par l'atonie de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française.
Une inflation encore forte
« Au deuxième trimestre 2023 (...) la consommation de biens, dont notamment la consommation alimentaire, continuerait de se replier, tandis que celle de services progresserait de nouveau légèrement et que les dépenses en énergie poursuivraient leur rebond », anticipe l'Insee dans sa note de conjoncture.
Les grèves du premier trimestre contre la réforme des retraites « ne semblent en revanche pas avoir eu d'effet notable sur la consommation, sauf sans doute sur celle de transport ferroviaire », relèvent encore les statisticiens.
En ce qui concerne l'inflation, remontée en 2022 à des niveaux inédits depuis les années 1980, l'Insee prévoit que l'indice des prix à la consommation progresse de 5,7% sur un an en mai puis de 5,4% en juin. Pour rappel, il a atteint 5,9% en avril et plus de 6% ces derniers mois. L'inflation du prix des produits alimentaires est la principale responsable du maintien de l'inflation à un niveau élevé. En avril, elle aurait ainsi contribué « à hauteur de 40% à l'inflation, alors qu'elle ne représente "que" 16% du panier moyen de consommation » des ménages.
D'ici au mois de juin, « les prix à la consommation des produits alimentaires conserveraient un rythme de progression soutenu (entre 15 et 16% sur un an) », anticipe l'Insee, même si une éventuelle réouverture des négociations commerciales entre distributeurs et industriels de l'agro-alimentaire pourraient conduire à un « ralentissement ultérieur ». Au deuxième trimestre, les échanges commerciaux de la France avec l'étranger « pourraient soutenir » légèrement la croissance, tandis que l'investissement des entreprises continuerait à ralentir et celui des ménages à diminuer.
(Avec AFP)