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L'Allemagne prête à durcir sa politique d'accueil des migrants

L'accélération du rythme d'arrivées de demandeurs d'asile met les capacités d'accueil des communes allemandes à l'épreuve. Le gouvernement d'Olaf Scholz a promis un milliard d'euros d'aides supplémentaires mais il veut surtout renforcer le contrôle des flux migratoires à ses frontières.

Au cours des quatre premiers mois de l'année, le nombre de demandes d'asile déposées outre-Rhin a bondi de plus de 78 % en un an, à 102.000 demandes.
Au cours des quatre premiers mois de l'année, le nombre de demandes d'asile déposées outre-Rhin a bondi de plus de 78 % en un an, à 102.000 demandes. (Paul Zinken/DPA/AFP)

Par Ninon Renaud

Publié le 10 mai 2023 à 18:02Mis à jour le 11 mai 2023 à 06:42

L'afflux incessant de migrants en Allemagne met les nerfs des Länder et des communes à vif. Outre plus d'un million d'Ukrainiens accueillis l'an passé, le pays a enregistré 218.000 demandes d'asiles en 2022, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2019, avant le début de la pandémie de Covid.

Au cours des quatre premiers mois de l'année, le rythme s'est encore accéléré avec près de 102.000 demandes supplémentaires déposées outre-Rhin, soit un bond de plus de 78 % en un an. Après déjà trois sommets peu concluants dédiés à l'accueil des migrants en un an, celui qui a réuni mercredi à la chancellerie les dirigeants des régions autour d'Olaf Scholz n'a fait que renforcer la frustration des communes.

Une première enveloppe de 15,6 milliards d'euros

Aux Länder qui exigent un soutien financier renforcé de l'Etat fédéral, avec une aide par réfugié pour garantir une aide proportionnelle au flux, le chancelier n'a pu promettre qu'un milliard d'euros supplémentaires pour l'année en cours, leur donnant rendez-vous en automne pour un nouveau sommet.

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Mais Christian Lindner, le ministre des Finances, est décidé à respecter la règle du frein à l'endettement l'an prochain. Déjà bien en mal de boucler son projet de budget 2024, il refuse d'augmenter substantiellement la contribution fédérale qui atteint déjà 15,6 milliards d'euros pour l'accueil des réfugiés cette année.

Le président des libéraux rappelle que cette enveloppe couvre des dépenses comme le logement ou l'intégration des migrants qui sont en principe à la charge des régions. « On ne peut durablement résoudre les problèmes uniquement avec de l'argent. […] Mieux vaut parler du contrôle des flux migratoires », estime Christian Lindner ce mercredi dans une interview au quotidien brêmois, le « Weser Kurier ».

Tournant à son tour le dos aux règles de Schengen, la coalition allemande promet ainsi des contrôles renforcés aux frontières de l'Allemagne, voire permanents si besoin. La ministre de l'Intérieur sociale-démocrate Nancy Faeser veut aussi accélérer les procédures d'asile avec des « centres d'arrivée » des réfugiés à la frontière, où leur demande sera traitée. Comme Christian Lindner, elle évoque également une meilleure protection des frontières extérieures de l'UE.

La pression de l'extrême droite

Ce durcissement s'inscrit dans un contexte de remontée de l'extrême droite : en cas d'élections fédérales, avec 16,5 % des voix, le parti AfD serait désormais en troisième position derrière le SPD et la CDU, devant les écologistes et le FDP, selon un sondage Insa du 8 mai. « Cette approche populiste n'a pas de fondement juridique, elle bafoue le droit européen », s'insurge Karl Kopp, directeur du département Europe de l'association Pro Asyl.

Il souligne que ce type de politique n'a en outre pas d'effet sur les flux migratoires : 44.000 migrants ont ainsi échoué sur les côtes italiennes au cours des quatre premiers mois de l'année, soit déjà plus de 40 % des 105.000 arrivés sur toute l'année dernière. « Ces flux se nourrissent des guerres et de la crise climatique, ils ne vont pas s'arrêter. Leur gestion passe par une véritable politique européenne », conclut Karl Kopp.

A court terme, la solution passe selon lui par une réplication du modèle d'accueil des réfugiés ukrainiens en Europe, qui ont pu rejoindre des parents ou amis sans mettre les capacités publiques d'accueil à l'épreuve.

Ninon Renaud (Correspondante à Berlin)

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