BFM Business
Transports

Climat: 12% des Français ont honte de prendre l'avion

Selon une étude de la Chaire Pégase, les innovations technologiques visant à rendre l'avion plus vert sont plutôt bien acceptées.

Si l'industrie de l'aérien opère actuellement un mouvement profond afin de tenir son engagement d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, elle génère encore 2 à 3% des émissions de CO2 dans le monde, suscitant une hostilité de plus en plus marquée de la part des citoyens.

En France néanmoins, ce sentiment est encore minoritaire. Selon une étude de la Chaire Pégase de Montpellier Business School consacrée à l'économie du transport aérien, "seulement 12% de ceux qui ont déjà pris l’avion dans leur vie déclarent ressentir de la honte lorsqu’ils utilisent ce moyen de transport", soit une "appréciation relativement faible des enjeux environnementaux liés au transport aérien" peut-on lire.

67% des 1000 personnes interrogées (échantillon représentatif) réfutent au contraire tout sentiment de honte lorsqu'ils prennent l'avion.

En attendant, les Français qui ont pris l’avion ces 12 derniers mois sont eux-mêmes prêts à faire des efforts en réduisant leur consommation d'avion: ils estiment réduire leur nombre de vols de 14,5% dans les cinq prochaines années. Et parmi les passagers qui ont pris l’avion moins d'une fois (un aller simple), 87% pensent réduire leurs vols.

Dans le même temps, les innovations technologiques (avion à hydrogène, à batteries, carburants plus propres, nouveaux moteurs et designs d'appareils...), visant à rendre l'avion plus vert semblent bien acceptées mais seront-ils prêts à payer plus cher pour voyager dans un avion "propre"?

Les nouveaux moteurs font peur

Ces efforts et ces innovations sont finalement assez peu connus du grand public (35% en moyenne). "L’hydrogène est l’innovation la plus connue (50% des répondants en avaient déjà entendu parler). A l’inverse, seuls 19% des Français connaissaient l’existence des nouveaux types de moteurs" peut-on lire.

Et d'analyser: "la méconnaissance et la faible acceptabilité des innovations vertes par les passagers aériens pourraient constituer un frein à la transition environnementale du secteur aérien".

Plus la technologie est connue, plus elle est acceptée. Ainsi, la "note d'acceptabilité" moyenne de l'avion à hydrogène et des nouveaux carburants plus propres (SAF) est supérieure à 4/5.

L'accueil pour les nouveaux types d'avion ou encore les nouveaux moteurs reçoivent un accueil plus mitigé. Leurs notes d'acceptabilité moyenne sont respectivement de 3,6 et de 2,9/5.

Des Français prêts à moins prendre l'avion

Reste que les Français sont bel et bien prêts à payer leurs billets plus chers pour des avions qui s'appuient sur ces technologies. Une adhésion d'autant plus surprenante que les prix actuels sont déjà en forte hausse. L'obligation par les compagnies de répercuter les coûts supplémentaires sur le prix du billet suite à ces investissements coûteux semble également acceptée.

"En moyenne, ils sont prêts à payer leur billet 15,6% plus cher pour voler avec une compagnie aérienne qui utilise des innovations vertes", peut-on lire, soit un montant additionnel moyen compris entre 14 et 17 euros pour un billet à 100 euros.

Pour autant, les Français estiment que la plupart de ces innovations mettront du temps à devenir opérationnelles. Une majorité des répondants estiment pouvoir voler dans des avions intégrant ces nouvelles technologies d'ici 1 à 9 ans mais 35% pensent qu'il faudra attendre entre 10 et 20 ans pour voir de nouveaux designs d'avion et 25% pour l'hydrogène.

21% des interrogés tablent même sur 10 à 20 ans pour l'utilisation de nouveaux carburants or les SAF commencent déjà à être utilisés par certaines compagnies aériennes.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business