Tennis: les joueuses de l'Open de Madrid dénoncent des injustices sexistes, l'organisation présente ses excuses

Plusieurs joueuses de tennis ont été privées de déclaration au sortir d'un match. Une injustice de trop, après une succession de situations sexistes qu'elles ont dénoncées au fil du tournoi.
Jessica Pegula
Jessica Pegula Alex Pantling/Getty Images

Cette année, la ferveur sportive suscitée par les matchs des Masters 1000 de Madrid est ternie par les accusations de sexisme portées par plusieurs joueuses à l'égard de l'organisation du tournoi. La première critique est venue de Jessica Pegula. Après sa défaite en finale du match double avec Coco Gauff, contre le duo formé par Victoria Azarenka et Beatriz Haddad Maia, la joueuse américaine n'a pas eu l'occasion de faire de déclaration, comme il est d'usage de le faire. Jamais l'un de ses confrères masculins n'aurait été réduit au silence, estime-t-elle : « Je ne sais pas dans quel siècle ils vivent pour prendre de telles décisions, s'est-elle révoltée en quittant le court. Je ne sais pas non plus comment ils ont pu se dire : “wow, c’est une excellente décision et il n’y aura aucune réaction négative”. »

Sa partenaire de jeu, Cori Gauff, a renforcé sa vision des faits en partageant sa propre déception dans un tweet : « Je n’ai pas eu l’occasion de m’exprimer après la finale aujourd’hui :( Mais merci aux fans de nous avoir soutenues et d’avoir soutenu le tennis féminin cette semaine ! » Dans une jolie démonstration de sororité -motivée par le sexisme ambiant- leur rivale victorieuse, Victoria Azarenka, en a rajouté une couche dans un message très personnel : « Difficile d'expliquer à Léo que maman ne peut pas lui faire un coucou à la remise des trophées. »

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Le gâteau de la discorde

Quelques jours plus tôt, la joueuse biélorusse avait dénoncé une autre démonstration de sexisme, autour de la différence de traitement entre les champions masculins et féminins. Le 5 mai, les organisateurs de l'Open de Madrid ont apporté un immense gâteau d’anniversaire au joueur Carlos Alcaraz, qui fêtait ses 20 ans. En comparaison, le tout petit gâteau apporté à sa consoeur Aryna Sabalenka, qui fêtait ses 25 ans le même jour, faisait pâle figure. Victoria Azarenka n'a pas manqué de souligner cette injustice sur Twitter, avec un montage sans équivoque.

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Depuis le début du tournoi, fin avril, de nombreuses critiques ont également visé les organisateurs au sujet des tenues portées par les ramasseuses de balle : crop top et mini jupe. Il aura fallu attendre la fin du tournoi pour que ces jeunes femmes portent une tenue plus couvrante avec, toujours, un haut court, mais un short long et ample. CNN rapporte que Pilar Calvo, porte-parole de l'Association des femmes dans le sport professionnel, a dénoncé « une forme de violence sexiste qui est tellement répandue que les gens ne s'en aperçoivent même pas », dans les colonnes du journal national Politico.

Face à la polémique, Gerard Tsobanian, PDG et organisateur du tournoi de l'Open de Madrid, a publié un communiqué pour présenter ses excuses au nom de toute l'organisation : « Nous nous excusons sincèrement auprès de tous les joueurs et fans qui attendent mieux du tournoi de l'Open de Madrid. Ne pas donner à nos finalistes du double féminin la chance de s'adresser à leurs fans à la fin du match était inacceptable et nous nous sommes excusés directement auprès de Victoria, Beatriz, Coco et Jessica […] Nous travaillons en interne et avec la WTA [Women's Tennis Association, ndlr] pour revoir nos protocoles et nous nous engageons à améliorer notre processus à l'avenir. Nous avons fait une erreur et cela ne se reproduira plus jamais. »