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Entretien

En Birmanie, l'État de Rakhine dévasté par le cyclone Mocha: «Tout est détruit, c'est une vision d'horreur»

Le bilan du cyclone qui a déferlé dimanche sur les côtes du Bangladesh et de la Birmanie s'alourdit d'heure en heure, les informations parvenant au compte-goutte, à mesure que les communications se rétablissent. Mocha, la plus puissante tempête dans la région depuis plus d'une décennie, a ravagé des villages entiers et des camps de déplacés internes dans l'État de Rakhine. Entretien avec Brights Islam, un membre de la communauté musulmane opprimée Rohingya, qui vit depuis 2012 dans l'un des nombreux camps de déplacés à Sittwe, la capitale de l'État.

Mocha, la plus puissante tempête dans la région depuis plus d'une décennie, a ravagé des villages entiers et des camps de déplacés internes dans l'État de Rakhine, comme ici à Sittwe.
Mocha, la plus puissante tempête dans la région depuis plus d'une décennie, a ravagé des villages entiers et des camps de déplacés internes dans l'État de Rakhine, comme ici à Sittwe. AFP - SAI AUNG MAIN
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RFI : Depuis plusieurs jours, les informations font état de plusieurs centaines de victimes dans l'État de Rakhine et de dégâts matériels très importants. Quelle est la situation à Sittwe où vous vous trouvez ?

Brights Islam : Tout est détruit, c'est une vision d'horreur. Le cyclone Mocha a été très violent à Sittwe. Il a emporté de nombreuses vies. Il y a plus de 100 morts et un millier de blessés. Presque 90% des abris de fortunes de fortune ont été détruits, tout comme les infrastructures essentielles, les hôpitaux, les écoles, les universités et les lieux de culte. Les ponts, les routes, les tours de téléphonies ont été endommagés. Certains immeubles gouvernementaux, des bureaux, même l'aéroport ont subi des dégâts.

Le cyclone a presque tout détruit dans la ville. J'ai pu voir de mes propres yeux les morts dans les camps. Des villages rohingyas ont été submergés par les eaux, des familles entières ont tout perdu en fuyant pour échapper à la mort. Je collecte moi-même les données dans les camps de déplacés et les villages et à ce stade une centaine de personnes manquent à l'appel. Et ces données ne représentent que 5% de tous les camps de déplacés dans l'État de Rakhine.

L'aide humanitaire peine à atteindre les zones affectées. L'acheminement est en cours. De quoi avez-vous le plus besoin ?

En priorité d'aliments secs et d'eau potable, car les gens ont tout perdu et n'ont même plus de récipient pour cuisiner. Leurs abris et maisons ont été détruits. La population a aussi besoin de moustiquaires, c'est très important en ce moment. Après les inondations, les moustiques prolifèrent, les gens dorment à même le sol, ce qui peut provoquer des maladies. Aussi, il est urgent d'envoyer de l'aide médicale, car des milliers de personnes ont été blessées et n'ont pas encore reçu de soins.

Votre communauté subit depuis des décennies une répression brutale de la junte militaire. Des centaines de milliers de Rohingyas ont fui au Bangladesh en 2017. Vous-même vivez depuis 2012 dans un camp de déplacés internes. Comment les autorités birmanes ont-elles géré la situation ?

Il n'y a pas eu de discrimination, car elles devaient faire face à une catastrophe naturelle. Le gouvernement a fait son travail, il nous a informés des dangers du cyclone et a ordonné l'évacuation. Mais le problème est dans le manque d'infrastructures pour héberger les personnes évacuées. Il y a environ 600 000 Rohingyas aujourd'hui dans l'État de Rakhine, 120 000 vivent dans des camps de déplacés rien qu'à Sittwe et seulement environ 2 000 personnes ont pu être transférées dans des abris – c'est le nombre de places disponibles dans les centres d'accueil –, tous les autres ont dû rester dans les camps, même s'ils voulaient partir.

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