Belgique

Elio Di Rupo : "Cela m’agace qu’on soit dans l’accusation de la Wallonie en permanence"

L'invité de Matin Première

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Temps de lecture
Par Guillaume sur base d'une interview de Danielle Welter

"Personnellement, je n’ai connu qu’une seule agression verbale homophobe. Mais quand j’entends certains dire que l’homophobie est une opinion, ce n’est pas vrai. C’est la loi qui le dit : ce n’est pas une opinion, c’est un délit", a condamné fermement le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS) sur les ondes de Matin Première.

Ces derniers jours, de nombreuses attaques ont eu lieu contre la communauté LGBTQIA +, alors que la Belgique célèbre la Pride cette semaine. À Genk dans le Limbourg, des élèves d’une école ont craché sur le drapeau LGBT en scandant "Allah Akbar". À Seraing et Neupré en région liégeoise, des passages pour piétons arc-en-ciel ont été vandalisés. "Il faut rappeler la base à nos concitoyens, a repris Elio Di Rupo. On découvre son orientation sexuelle à l'adolescence. On peut se sentir hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, transgenre ou sans désir sexuel, et tout ça n’est pas un choix. En Belgique, des lois existent pour interdire des actes d’homophobie, mais ces actes existent quand même et c’est très inquiétant."

Dans la commune bruxelloise de Woluwe-Saint-Pierre, c’est même le bourgmestre Benoit Cerexhe (Les Engagés) qui s’est opposé à la peinture arc-en-ciel peinte sur certains passages pour piétons arguant qu’ils étaient moins efficaces pour la sécurité routière. "Je connais bien ce bourgmestre et je ne suis pas étonné, c’est son droit d’être conservateur, a commenté Elio Di Rupo. Ce passage clouté aux couleurs arc-en-ciel est une manière plus spéciale de rappeler que chacun de nous est différent, mais que personne n’a un droit en moins."

"Cela m’agace qu’on soit dans l’accusation de la Wallonie en permanence"

Ces derniers mois, l’actualité politique wallonne a surtout été marquée par des dépenses fastueuses et des procédures de marché public troubles autour du nouveau Parlement de Wallonie. "On peut parler de confort mais pas de luxe, défend Elio Di Rupo avant de se retrancher derrière son rôle. Je suis ministre-président, et c’est le Parlement qui me contrôle moi et mon gouvernement donc je ne peux pas prendre position. Ce qui est certain, c’est que le dossier a été transmis à la justice et il faut la laisser faire son travail. On peut comprendre certaines émotions, mais en tant que ministre-président, je me dois de respecter le parlement."

L’homme qui disait '"j’en ai marre des parvenus" en 2005 concernant les affaires à Charleroi reproduirait-il ses propos pour le Parlement wallon ? Le ministre-président botte en touche. "Je l’ai dit en tant président du PS et vous savez que je ne suis plus président du PS. C’est donc à monsieur Magnette qu’il faudrait poser la question."

La Wallonie, c’est aussi une situation économique qui n'affiche pas que des bonnes nouvelles. L'Echo relayait ces derniers jours une étude du cabinet EY qui estimait l'année 2022 comme la pire année en terme d'investissements étrangers en 10 ans pour la Wallonie. "Il y a un reflux du nombre d’investissements, admet Elio Di Rupo, mais c’est insuffisant comme information. L’année passée, on a augmenté le nombre d’emplois de 1634, ce que je trouve plus important." Le rapport d'EY confirme en effet 19 projets étrangers réussis en Wallonie en moins en 2022 par rapport à 2021, mais un nombre d'emplois créés grâce à ces investissements plus élevé. 

"Cela m’agace qu’on soit dans l’accusation de la Wallonie en permanence, a regretté Elio Di Rupo. Cela dit, avec le ministre de l’économie Willy Borsus (MR), nous allons regarder les mesures supplémentaires qu’il convient de prendre."

Dernier exemple de couac économique wallon, celle de l’entreprise Futerro, un producteur wallon de plastiques biodégradables qui a préféré la Normandie à la Belgique, faute de terrain disponible en Wallonie. "C’est l’un des problèmes dont il faut discuter car ce n’est pas normal. Il faut se ressaisir : toutes les formations politiques et toutes les instances de terrains. C’est une situation insupportable. La Wallonie représente 52% de la surface du pays, et même en tenant compte du respect de la biodiversité et des surfaces agricoles, il faut que l’économie se développe."

Elio Di Rupo se défend aussi sur la dette wallonne qui a doublé en quatre ans, de 23 à 44 milliards d’euros. "Le Covid, ce n’est pas nous qui l’avons inventé. Les inondations, ce n’est pas nous qui les avons inventées. Cela nous a coûté 10 milliards et il a fallu les emprunter, pour aider nos concitoyens." Cette hausse de la dette n’est donc pas un signe de mauvaise gestion, selon le ministre-président wallon. "La dette est supportable, nous avons pris des mesures, le gouvernement fait des économies, nous avons réduit le déficit lors du contrôle budgétaire d’il y a quelques semaines et nous allons vers l’équilibre budgétaire en 2024. La situation budgétaire est difficile mais maîtrisée."

L’ancien président du PS n’a pas beaucoup commenté l’appel du pied de Bart De Wever pour la constitution d’un mini-cabinet PS-N-VA après les élections de 2024. "Par expérience, un an avant les élections, on devient nerveux et chacun y va de ses propositions. La N-VA ne doit pas être heureuse par rapport à son concurrent immédiat le Vlaams Belang. On a pris acte, on y a répondu, mais attendons les élections, les résultats et puis travaillons."

Elio Di Rupo a par ailleurs confirmé sa volonté personnelle d’être sur une liste en 2024, mais que le choix de la liste n’avait pas encore été fait.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous