Un mois et deux jours après le début des violents affrontements au Soudan, l’Organisation des Nations unies (ONU) a estimé, mercredi 17 mai, avoir besoin, pour la seule aide humanitaire, de 2,6 milliards de dollars. En décembre, l’organisation onusienne avait chiffré à 1,75 milliard de dollars ce besoin. Pour les 940 000 réfugiés qui ont fui les combats, l’ONU demande 470,4 millions de dollars.
Ces fonds devraient permettre aux agences chargées de l’aide humanitaire de venir en aide aux quelque 18 millions de personnes les plus vulnérables dans le pays, selon Ramesh Rajasingham, responsable des Affaires humanitaires à l’ONU, a relaté l’Agence France-Presse (AFP). « Aujourd’hui, 25 millions de personnes – plus de la moitié de la population du Soudan – ont besoin d’aide humanitaire et de protection », a précisé M. Rajasingham.
Si, depuis le 15 avril, près de 205 000 personnes ont trouvé refuge dans un pays voisin du Soudan, ce nombre pourrait dépasser le million selon l’ONU pour cette année. 736 200 réfugiés sont, eux, à l’intérieur du pays, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), lundi 15 mai.
676 morts au moins, selon le bilan officiel
Les combats entre l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemetti » ont fait au moins 676 morts et 5 576 blessés, selon le bilan officiel de l’OCHA daté du 14 mai et probablement sous-évalué.
Dans la nuit de dimanche 14 à lundi 15 mai, les deux rivaux ont haussé le ton : le chef de l’armée a entamé une purge au sein des forces de sécurité, de la Banque centrale et des ministères. Il a aussi annoncé le gel de tous les comptes bancaires des FSR, connues pour leur empire commercial basé sur les mines d’or. En réponse, le général Daglo a promis, dans un enregistrement sonore destiné à son adversaire, que celui-ci serait « jugé rapidement et pendu sur une place publique », rapporte l’AFP.
A Khartoum, raids aériens et tirs à l’artillerie lourde n’ont pas cessé depuis un mois. Les cinq millions d’habitants de la capitale sont quasiment privés d’eau et d’électricité. Au Darfour, dans l’Ouest, les familles ne peuvent sortir acheter à manger par peur des balles perdues.
Des discussions pour un cessez-le-feu renvoyées à plus tard
Dans cette région, où les armes sont légion depuis la guerre qui a fait environ 300 000 morts dans les années 2000, militaires, paramilitaires, combattants tribaux et civils armés s’affrontent partout.
Les affrontements perdurent malgré l’ouverture il y a plus d’une semaine de discussions entre les deux parties sous l’égide de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis pour établir un cessez-le-feu effectif. A Djedda, en Arabie saoudite, les belligérants négocient une trêve « humanitaire » pour laisser sortir les civils et faire entrer l’aide.
Mais ils se sont uniquement entendus sur le principe du respect des règles de la guerre, renvoyant la question de l’arrêt des hostilités à d’ultérieures « discussions élargies », fait état l’AFP. Les deux forces, alliées lors du coup d’Etat militaire mené en 2021, avaient partagé le pouvoir dans le cadre d’une transition vers des élections libres et un gouvernement civil.
Contribuer
Réutiliser ce contenu