Le gouverneur de la Banque de France s'attaque au smic

Christian Noyer estime que la baisse des charges patronales ne suffit pas pour restaurer la compétitivité et veut revoir les règles de revalorisation du smic.

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Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France.
Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France. © AFP

Temps de lecture : 4 min

En 2013, le gouverneur de la Banque de France avait décliné un véritable manuel de libéralisation de l'économie française à l'usage de François Hollande, dans sa lettre annuelle adressée au président de la République. Cette année, Christian Noyer récidive dans sa nouvelle missive au président de la République.

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S'il juge les "deux inflexions majeures" de la politique économique du gouvernement, avec la priorité donnée au redressement de la compétitivité des entreprises et la baisse des dépenses publiques, Christian Noyer estime qu'il devrait aller beaucoup plus loin. "Il faut bien comprendre que l'allègement de charges n'est pas une condition suffisante de la restauration de la compétitivité", assène un des artisans de la politique monétaire de la zone euro.

Sans amélioration de "l'environnement économique et juridique" pour restaurer leur "confiance en l'avenir", la restauration des marges dégagées par les entreprises ne serait pas suffisante pour faire repartir l'investissement. Pour Christian Noyer, cela passe par une flexibilisation accrue de l'économie, en particulier du marché du travail.

Revoir les modalités de revalorisation du smic

Positif, l'accord du 11 janvier 2013 sur la "sécurisation de l'emploi" n'en est pas moins jugé insuffisant : "Le marché du travail demeure trop rigide et trop peu incitatif à la prise de risques par les entreprises pour créer des emplois", estime le gouverneur de la Banque de France. Pour y remédier, Christian Noyer propose d'élargir "la négociation de branches ou d'entreprises sur la durée du travail ou les salaires". Une "façon de s'assurer que les hausses de salaire se feront bien en contrepartie des hausses de productivité" observées sur le terrain. Pour s'en assurer, il n'hésite pas à s'attaquer au tabou du salaire minimum, malgré le pataquès déclenché par la sortie du président du Medef. "Le fonctionnement du smic paraît devoir être remis à plat, tant sa rigidité grève le fonctionnement global du marché du travail et expose, plus qu'elle ne protège, ses bénéficiaires." Le gouverneur vise "les modalités de revalorisation", revue au début du quinquennat de François Hollande, car elle "pousse à la hausse toute une partie de l'éventail des salaires", responsable d'une "mécanique infernale". Alors que le gouvernement réduit les charges patronales pour restaurer les marges des entreprises, "il serait dommage que cet effort soit en partie neutralisé par une hausse des salaires", justifie Christian Noyer, qui rappelle que plus de 20 milliards d'euros sont déjà consacrés chaque année à l'atténuation des effets négatifs du smic.

Lire à ce sujet : Pourquoi il faudrait en finir avec le smic à la française.

Graphique à l'appui, il montre également comment les seuils fiscaux et sociaux empêchent les entreprises de croître : celles 49 salariés sont deux fois plus nombreuses que celles de 50. D'où sa recommandation de suspendre "pendant trois ans" un certain nombre d'obligations liées au franchissement de ces seuils "qui contraignent de façon importante le développement des PME".

Christian Noyer exhorte également le gouvernement à "assouplir les modalités de travail le dimanche", à favoriser la concurrence comme la vente en ligne, à "poursuivre le choc de simplification", notamment en matière de logement, afin de revigorer la construction contrainte par "le manque de terrains constructibles", la "complexité des règles" et "la lenteur des procédures administratives".

"Effectifs excessifs et qualité déclinante"de la fonction publique

Le gouverneur de la Banque de France joue aussi la mouche du coche sur la baisse des dépenses publiques, qu'il veut plus "efficaces". Les collectivités locales sont particulièrement visées, elles qui ont augmenté leurs dépenses "de 14 % en valeur de 2007 à 2012", les transferts de compétences de l'État n'étant pas "seuls en cause". Christian Noyer appelle donc l'État à mieux contrôler les dépenses locales et à "simplifier le millefeuille administratif", comme s'y est engagé Manuel Valls dans son discours de politique générale.

Mais le gouverneur cible également les dépenses de personnel. "Malgré le gel du point d'indice, la masse salariale de la fonction publique a augmenté de près de cinq milliards d'euros, soit autant que l'économie réalisée sur la charge de la dette publique grâce au bas niveau d'intérêt", souligne-t-il. Le gel annoncé jusqu'en 2017 n'est donc pas suffisant. Pour Christian Noyer, l'exécutif devrait considérer "la réduction des mesures catégorielles pour l'ensemble des administrations publiques" en ralentissant l'avancement des carrières qui implique la poursuite de la hausse des traitements. Autre pierre dans le jardin de François Hollande et Manuel Valls qui ont choisi de stabiliser les effectifs : la nécessité de substituer cette politique de court terme par une réduction des effectifs, sauf à risquer de "paupériser" une fonction publique "aux effectifs excessifs et de qualité déclinante".


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Commentaires (125)

  • cocoye 84

    Que ce monsieur commence par vivre avec le smic, pendant 1 an, sans bien sûr piocher dans ses réserves, qu'il assume la vie réelle d'un smicard, aprés, il aura le droit de se prononcer sur le sujet.

  • claude70

    Ne pourrait on payer pour aller bosser ? Pendant que nos élus roupillent à l'assemblée ?...

  • Freedom

    En quoi le salaire des dirigeants que vous énumérez a un quelqu'un que rapport avec la discussion sur le SMIC ? Si ces dirigeants gagnaient moins, le SMIC augmenterait-il ? La réponse est évidement non.