Assaut du Capitole : le chef de la milice d’extrême droite des Oath Keepers écope de 18 ans de prison

Cet ancien militaire avait dirigé des membres de son groupuscule par radio le jour de l’assaut. Casqués et vêtus de tenue de combat, ces derniers étaient entrés dans l’enceinte du bâtiment en formation militaire.

Ancien militaire de 58 ans, Stewart Rhodes, avait joué un rôle actif dans l'attaque le 6 janvier 2021. REUTERS/Jim Urquhart
Ancien militaire de 58 ans, Stewart Rhodes, avait joué un rôle actif dans l'attaque le 6 janvier 2021. REUTERS/Jim Urquhart

    C’est la sentence la plus élevée à ce jour liée à l’assaut du Capitole. L’une des figures de l’extrême droite américaine, Stewart Rhodes, a été condamnée ce jeudi à 18 ans de prison pour « sédition », en raison de son rôle actif le jour de l’attaque. « Vous représentez une menace persistante et un danger pour ce pays », a lancé le juge fédéral Amit Mehta pour justifier la sévérité de la peine retenue contre le fondateur de la milice « Oath Keepers ».

    Le 6 janvier 2021, une foule de partisans de l’ex-président américain Donald Trump avait semé le chaos dans le temple de la démocratie américaine, jugeant que la victoire de Joe Biden à la présidentielle était truquée. Depuis l’attaque, près de 1 000 partisans de l’ex-président républicain Donald Trump ont été arrêtés et inculpés. Près de 300 ont écopé de peines de prison, dont la plus lourde était jusqu’ici de 14 ans.



    Stewart Rhodes ainsi qu’un autre membre des « Oath Keepers » avaient été les premiers a être reconnus coupables de sédition dans cette affaire en novembre dernier. Les procureurs étaient parvenus à prouver qu’il avait commencé tôt à rallier les « Oath Keepers » après la défaite du milliardaire. « On ne va pas s’en sortir sans guerre civile », leur écrivait-il deux jours après la présidentielle sur une messagerie cryptée.

    Dans les semaines suivantes, il a, selon eux, dépensé des milliers de dollars pour acheter des appareils de vision nocturne, des armes et des munitions, et un stock de cet arsenal dans un hôtel de la banlieue de Washington. Le 6 janvier, casqués et vêtus de tenue de combat, plusieurs membres des « Oath Keepers » avaient marché sur le Capitole, certains pénétrant dans l’enceinte du bâtiment en formation militaire. Ancien militaire de 58 ans, Stewart Rhodes, était lui resté à l’extérieur, mais selon les procureurs, il avait dirigé ses troupes avec une radio.

    « Je suis un prisonnier politique »

    Lors de son procès, le tribun avait nié « avoir planifié » l’attaque et soutenu que la « mission » des Oath Keepers était d’assurer la sécurité de la manifestation convoquée par Donald Trump pour dénoncer de prétendues « fraudes électorales ». Le fondateur de la milice a adopté jusqu’au bout de son procès une posture de défi : « je suis un prisonnier politique », « mon seul crime est de m’opposer à ceux qui détruisent notre pays », a-t-il lancé juste avant d’être fixé sur sa peine.

    Le juge fédéral Amit Mehta l’a sèchement remis à sa place : « Vous n’êtes PAS un prisonnier politique, M. Rhodes (…) vous êtes ici parce que douze jurés (…) vous ont jugé coupable de sédition, l’un des crimes les plus graves qu’un Américain puisse commettre ». Ce chef, qui implique d’avoir planifié l’usage de la force contre le gouvernement, est passible de 20 ans de prison. Mais les procureurs avaient requis 25 ans contre Stewart Rhodes, en s’appuyant sur un dispositif qui permet de relever les peines pour des actes de nature « terroriste ».

    Six membres des « Oath Keepers » ont été condamnés pour « sédition » dans le cadre de l’enquête sur l’assaut du Capitole. Début mai, quatre membres d’un autre groupe d’extrême droite, les Proud Boys, également impliqués dans l’attaque, avaient aussi été reconnus coupables de « sédition ». Des jurés tentent par ailleurs de déterminer le degré de responsabilité de Donald Trump dans cette attaque qui avait choqué l’Amérique. En décembre dernier, La commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole avait recommandé des poursuites pénales contre l’ancien président, dont une pour appel à l’insurrection.