Marine Le Pen persiste sur le fait que la Crimée serait « russe »

Marine Le Pen était auditionnée mercredi (24 mai) par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les ingérences étrangères. [EPA-EFE/CHRISTOPHE PETIT TESSON]

Pendant son audition par la commission d’enquête sur les ingérences étrangères en politique, la leader du Rassemblement national Marine Le Pen a maintenu sa position selon laquelle la Crimée serait russe. Elle refuse d’établir un lien entre des positions proches de celles du Kremlin et le prêt accordé à son parti par une banque russe.

Marine Le Pen était auditionnée mercredi (24 mai) par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les ingérences étrangères. Pendant plus de trois heures, la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée a été interrogée sur les conséquences que le prêt accordé par une banque russe a pu avoir sur ses prises de position, notamment à l’égard de la Russie.

Parmi les questions soulevées par les membres de la commission d’enquête, nombre d’entre elles ont porté sur le fait de savoir si la Crimée était russe ou ukrainienne et sur le fait que Mme Le Pen avait reconnu l’annexion du territoire par la Russie.

Marine Le Pen a alors répondu en expliquant qu’elle n’avait pas varié de position sur le « rattachement de la Crimée [à la Russie] ».

« La Crimée a été russe pendant deux siècles, elle a été ukrainienne 60 ans, donnée par un dictateur sur un coup de tête, un caprice », a-t-elle développé.

Elle a considéré, en outre, que les habitants de la Crimée s’étaient exprimés « librement » lors du referendum et avaient donc choisi d’être « rattachés à la Russie ».

« Je n’ai aucune difficulté à le dire […] d’autant que j’étais allée en Crimée et j’ai pu constater qu’ils se sentaient beaucoup plus profondément rattachés à la Russie qu’à l’Ukraine », a-t-elle conclu, notant qu’« aucun réfugié » n’avait quitté la région suite au referendum.

Plusieurs membres de la commission d’enquête, dont la rapporteure et député Constance Le Grip (Renaissance), le président de séance et député Laurent Esquenet-Goxes (MoDem) et le député Charles Sitzenstuhl (Renaissance), ont remarqué que les organisations internationales ainsi que les États européens ne reconnaissaient pas la légitimité ni la légalité du referendum actant l’annexion de la Crimée par la Russie.

À cela, Marine Le Pen a répondu que les organisations internationales, et notamment l’ONU, étaient libres d’organiser un nouveau referendum.

Plus généralement, la patronne du Rassemblement nationale a dénoncé une « campagne de calomnie terriblement hypocrite » dont elle serait la victime de la part de ceux qui la soupçonnent d’être influencée par la Russie. Preuve que cette accusation est, selon elle, infondée, Mme Le Pen a argué qu’elle n’avait jamais changé d’avis avant ou après la conclusion du prêt russe.

Le prêt russe

Le prêt en question a aussi été largement évoqué. Mme Le Pen indique qu’il a été conclu car aucune banque occidentale ne souhaitait lui prêter d’argent, ajoutant qu’elle avait « signé un prêt avec une banque, pas avec Vladimir Poutine ».

La rapporteure, Constance Le Grip, a noté qu’après la faillite de la Frist Czech Russian Bank, la créance envers le Front national (devenu Rassemblement national) a transité d’abord vers une société de locations de voitures, « une coquille vide », avant d’être rachetée par Aviazaptchast, une société russe d’aviation. Celle-ci est dirigée par d’anciens militaires russes, a une activité duale (civile et militaire) et se trouve sur la liste d’entités sanctionnées par les États-Unis, a ajouté Mme Le Grip.

Marine Le Pen a rétorqué qu’elle ne peut pas cesser de rembourser ce prêt malgré le rachat de la créance, au risque de « condamner [son] mouvement à mort ». Elle nie avoir été au courant que la société en question aurait racheté uniquement la créance qui concernait son parti et non pas l’intégralité de l’actif de la banque en faillite.

Marine Le Pen a confirmé que le prêt avait été renégocié afin de permettre que le remboursement par son parti ait bien lieu, en dépit de la situation financière du RN. La somme restante — plus de 7 millions d’euros sur 9,4 millions au total — sera donc remboursée d’ici 2028.

Ingérences étrangères : les raisons de l’audition de Marine Le Pen face à la commission d’enquête

Mercredi (24 mai), Marine Le Pen sera auditionnée par la commission d’enquête sur les ingérences étrangères en politique. Une audition très attendue, qui s’explique par les soupçons de liens entre le parti nationaliste et la Russie.

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