GAMS : "12.000 fillettes vivant en Belgique risquent l'excision cet été dans leur pays d'origine"

Le Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles féminines (GAMS) - fondé en 1996 par Khadidiatou Diallo, elle-même victime - a lancé une campagne nationale de prévention contre l'excision, en prévision des départs en vacances. Pendant toute la semaine, des évènements seront organisés pour mieux faire connaitre les risques et les conséquences liées aux mutilations génitales féminines (MGF). L’association estime que quelque 12.000 fillettes vivant en Belgique risquent d’être mutilées quand elles retourneront dans leur pays d’origine cet été. "Les filles qui ne sont pas excisées sont encore souvent exclues de la société", souligne Katrien De Koster qui coordonne la campagne.

Selon l'Unicef, au moins 200 millions de filles et de femmes vivant actuellement dans 30 pays d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie, ont subi une forme de mutilation génitale. Il peut s'agir de clitoridectomie (ablation du clitoris), d'excision (ablation partielle ou intégrale du clitoris et des petites lèvres) ou d'infibulation (rétrécissement de l'orifice vaginal par l'ablation et l'accolement des petites lèvres ou des grandes lèvres, avec ou sans excision du clitoris). "Mais les risques existent également en Europe", souligne la directrice du GAMS, Fabienne Richard.

Au 31 décembre 2020, on estimait ainsi que 23.000 femmes vivant en Belgique étaient excisées. Par ailleurs, à la même date, plus de 12.000 jeunes filles risquaient de subir une mutilation si aucun travail de prévention n'était fait. Pourtant, la pratique est interdite par la loi belge et par plusieurs conventions internationales. Les mutilations peuvent notamment se dérouler au cours d'un retour dans le pays d'origine pour les vacances, mais de telles pratiques ont également été découvertes en France et en Angleterre.

Des risques en Belgique

Il n'existe toutefois pas de preuves que des excisions soient réalisées sur le sol belge. "Les mutilations génitales continuent parce qu'elles représentent un tabou", pointe Halimata Fofana, marraine de la campagne. Pour cette auteure et réalisatrice franco-sénégalaise, elle-même excisée, la seule solution pour faire avancer les choses est de parler des MGF, ainsi que de mettre des mots sur les traumatismes vécus par les filles et les femmes qui en sont victimes. "Si on pense que les MGF n'existent pas dans nos pays, on ne les voit pas." Pour ces raisons, le GAMS a décidé de lancer une large campagne de prévention, avant les départs en vacances de l'été.

La nouvelle campagne du GAMS en Belgique

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Au cours de la semaine, des soirées littéraires, des débats et des rencontres dans les écoles seront organisées un peu partout en Belgique autour du sujet de l'excision. Un clip vidéo et des marque-pages portant le numéro du GAMS seront également largement diffusés. Des outils développés pour aider les professionnels à mieux détecter les MGF, à protéger les jeunes filles à risque et à suivre celles qui ont déjà été excisées seront par ailleurs présentés au travers de plusieurs webinaires.

"Le problème est que tous les professionnels ne sont pas formés et ne savent pas comment aborder le problème en consultation", note Fabienne Richard. "Ainsi, des jeunes filles sont excisées pendant l'été, et cela n'est pas détecté. Quelques années plus tard, c'est alors la petite sœur qui subira une mutilation." Face à cette situation, et en parallèle à ses propres séances de formation, le GAMS demande que des cours sur les MGF soient intégrés aux programmes de toutes les études concernées par le sujet. L'association souhaite également qu'une politique uniformisée soit mise en place dans les écoles afin de détecter plus rapidement les violences sexuelles, dont les mutilations génitales.

La campagne du GAMS est soutenue par l'Institut pour l'Egalité des femmes et des hommes, la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Région bruxelloise, la Région wallonne et la Communauté flamande. "Les mutilations génitales sont une violation des droits humains et une violence basée sur le genre. Aucune femme, aucune fille ne devrait avoir à subir cela", a affirmé la Secrétaire d'Etat à l'Egalité des genres Marie-Colline Leroy (photo), qui a assisté au lancement de l'opération. Une présence saluée par Halimata Fofana. "Il faut arrêter de voir les mutilations génitales comme des cas isolés ou une situation éloignée qui n'existe qu'à l'étranger. Si des femmes belges subissent encore des mutilations aujourd'hui, c'est de la faute de l'Etat. C'est son rôle de les protéger."

Nicolas Maeterlinck

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