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Alimentation, canicule, tourisme… Trois choses qui auront changé en 2050

Ces derniers mois, la thématique de l’adaptation au réchauffement climatique est revenue en force dans le débat public. Voici trois exemples concrets de solutions qui seront, ou devront être mises en place d’ici 2050, pour limiter son impact.

Des personnes marchent sous un nuage de brouillard artificiel, destiné à rafraîchir, sur la place Turbinenplatz à Zurich, en Suisse, le 2 août 2022. Photo d’illustration.
Des personnes marchent sous un nuage de brouillard artificiel, destiné à rafraîchir, sur la place Turbinenplatz à Zurich, en Suisse, le 2 août 2022. Photo d’illustration. | ARND WIEGMANN / REUTERS
  • Des personnes marchent sous un nuage de brouillard artificiel, destiné à rafraîchir, sur la place Turbinenplatz à Zurich, en Suisse, le 2 août 2022. Photo d’illustration.
    Des personnes marchent sous un nuage de brouillard artificiel, destiné à rafraîchir, sur la place Turbinenplatz à Zurich, en Suisse, le 2 août 2022. Photo d’illustration. | ARND WIEGMANN / REUTERS

Plus de café, mais de la chicorée. Des îlots de fraîcheurs permettant de s’abriter la nuit, lors de grosses vagues de chaleurs. Un pourtour méditerranéen délaissé l’été au profit de stations balnéaires situées plus au nord de la France. Voici trois exemples d’adaptation au réchauffement climatique qui devraient être mis en place d’ici 2050.

Fini le café et les autres cultures tropicales

Consommé au quotidien par plus de 8 Français sur 10, le café, ainsi que d’autres cultures tropicales (avocats, noix de cajou, etc.) devrait disparaître de nos habitudes d’ici 2050. Selon une étude publiée le 26 janvier 2022 dans la revue scientifique PLOS One , les zones cultivables où poussent actuellement ces cultures vont être progressivement dégradées par le changement climatique.

La baisse de zones d’exploitation va diminuer la production, et « avec la hausse du coût du transport, ces produits vont devenir beaucoup plus chers », estime Vincent Viguié, chercheur au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) et spécialiste de l’adaptation au réchauffement climatique.

Le café pourrait même passer du statut de boisson quotidienne bon marché à celui de friandise prisée à déguster lors d’occasions spéciales, un peu comme un bon vin

— Denis Murphy, biologiste

Le café deviendrait alors une « friandise prisée à déguster lors d’occasions spéciales, un peu comme un bon vin », prévoit le biologiste Denis Murphy dans un article publié dans The Conversation , et relayé par Numerama .

« Pour s’adapter, la chicorée pourrait devenir une alternative au café », estime Vincent Viguié. Cette plante, qui pousse dans le nord de la France, a un goût proche de celui du café. Elle lui a même servi de succédané lors des deux Guerres mondiales.

Consommer de la chicorée, c’est consommer local. Et c’est l’un des points phares du rapport Cinq visions de l’alimentation en France vers la neutralité carbone en 2050 , produit par plusieurs organismes de recherches français, dont le CNRS.

Selon les projections des experts, 2050 signerait la fin « d’une partie des produits importés » remplacée « par des productions nationales ». Fini par exemple le jus d’orange, auquel on préférera du jus de pomme ou de raisin, produits en France.

Des îlots de fraîcheur pour se protéger des canicules

D’ici 2050, les territoires urbains devraient également se munir d’« îlots de fraîcheurs ». Ces lieux, végétalisés ou climatisés, situés proches de points d’eaux, devraient permettre aux citadins de se rafraîchir lors des vagues de chaleurs et des nuits tropicales (où la température ne descend pas en dessous de 25 °C, rendant le sommeil difficile). Selon un rapport de Météo France, l’Hexagone pourrait en connaître entre 15 et 50 par an, d’ici 2050.

Les îlots de fraîcheur serviront de refuges aux personnes, la nuit, quand les températures ne permettront pas de rafraîchir les organismes

— Vincent Viguié, chercheur au Cired et spécialiste de l’adaptation au réchauffement climatique

« Les îlots de chaleurs peuvent être des lieux végétalisés, rafraîchissant les alentours lors des fortes chaleurs, grâce au phénomène d’évapotranspiration, explique Vincent Viguié, spécialiste de l’adaptation au réchauffement climatique. Ils serviront de refuges aux personnes, la nuit, quand les températures ne permettront pas de rafraîchir les organismes. »

Mais ils peuvent également être des bâtiments publics climatisés, ou de lieux de baignades. Des îlots de fraîcheurs commencent à voir le jour dans plusieurs communes de France, comme La Roche-sur-Yon (Vendée), Nantes (Loire-Atlantique), Rennes (Ille-et-Villaine)…

Et ils devraient se généraliser. C’est notamment le cas à Paris, où la mairie espère proposer 300 îlots en 2050, explique Célia Blauel, maire adjointe chargée notamment du plan climat énergie territorial, dans une tribune au Huffpost .

Mais les jours de canicules ou les nuits tropicales seront toujours pénibles à vivre, prévient Vincent Viguié  : « Le but de l’adaptation, c’est de limiter le nombre de morts pendant une canicule par exemple, de limiter la perte d’activité. Mais en termes de ressenti, ça reste quand même des impacts graves. On ne peut pas annuler le changement climatique par l’adaptation. »

Lire aussi :  ENTRETIEN. Climat : « Plus le réchauffement sera important, plus l’adaptation sera difficile »

Il rappelle également que les îlots de fraîcheur ne sont qu’une petite partie de l’adaptation aux fortes chaleurs, qui doit aller de pair avec une meilleure isolation des bâtiments.

Le pourtour méditerranéen délaissé en été

Si on parle souvent de l’adaptation des stations de ski de moyenne montagne au changement climatique, certaines stations balnéaires vont elles aussi devoir s’adapter. La Côte d’Azur, qui a accueilli plus de 6 millions de touristes à l’été 2022, va voir son climat approcher celui qui existe actuellement en Andalousie (sud de l’Espagne), selon Vincent Viguié.

La région Provence-Alpes-Côte-D’Azur connaîtra selon Météo France la plus forte hausse de températures de France en 2050, avec entre 20 et 45 jours sous vagues de chaleurs de plus qu’aujourd’hui (entre trois et 13 jours).

Lire aussi : Canicule, pluies extrêmes… Ce qui attend la région PACA avec le réchauffement climatique

Face à ce constat, les touristes devraient en partie délaisser le pourtour méditerranéen durant la période estivale, pour le visiter lors des vacances de Pâques ou de la Toussaint, lorsque la météo est plus clémente. C’est ce que l’association Acteurs du tourisme durable (ATD) appelle dans son Livre blanc pour un tourisme durable « l’adaptation autonome ou spontanée », puisqu’elle se met en place « sans préméditation explicite ou consciente ».

Certains quartiers, ou lotissements, pourront cependant rester attractifs s’ils rénovent ou construisent des bâtiments adaptés aux nouvelles normales de saison. « On pourrait même se tourner vers un tourisme de niche, où ce ne serait plus la région qui compterait vraiment, mais l’adaptation des habitations », conclut Vincent Viguié.

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