sauvetageComment agir en cas de découverte d’un animal échoué ou en difficulté ?

Comment agir en cas de découverte d’un animal échoué ou en difficulté ?

sauvetageDes plongeurs ont manipulé un rorqual échoué à Quiberon avant l’arrivée des secours, provoquant la colère des autorités
Seules les personnes habilitées à intervenir peuvent s'approcher des animaux échoués ou sur le point de s'échouer. Ici des membres de Sea Sheperd autour d'un rorqual en septembre 2022 à Ploeven, dans le Finistère.
Seules les personnes habilitées à intervenir peuvent s'approcher des animaux échoués ou sur le point de s'échouer. Ici des membres de Sea Sheperd autour d'un rorqual en septembre 2022 à Ploeven, dans le Finistère.  - F. Tanneau / AFP
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Des plongeurs sont intervenus le 21 mai pour porter secours à un rorqual en difficulté sur la presqu’île de Quiberon.
  • Les autorités rappellent que les particuliers ne doivent pas intervenir pour secourir les animaux sauvages, au risque d’être contaminés ou de stresser les dauphins, les rorquals ou les phoques.
  • Le nombre d’échouages sur les côtes françaises semble en augmentation ces dernières années.

Ils ont voulu bien agir mais ils auraient mieux fait de ne pas intervenir. Le 21 mai, des plongeurs sont intervenus pour porter secours à un rorqual en difficulté près de la pointe du Conguel sur la presqu’île de Quiberon (Morbihan). Visiblement mal en point, l’animal était tout proche d’un échouage quand il a été aperçu par des promeneurs et des plaisanciers. Si certains d’entre eux ont eu le bon réflexe d’appeler la police municipale, d’autres n’ont pas su attendre l’arrivée des secours et ont fait fi des mises en garde du policier pour porter secours au jeune rorqual, suscitant la colère des sauveteurs qui se sont déplacés pour rien. Comment bien agir en cas de découverte d’un animal échoué ou en difficulté ? Explications avec les équipes de Pelagis.

Basé à La Rochelle, l’observatoire pour la conservation de la mégafaune marine est l’interlocuteur prioritaire et compte 480 personnes habilitées à intervenir. Si vous apercevez un animal en difficulté, c’est d’abord vers lui qu’il faut se tourner en composant le 05 46 44 99 10, qui fonctionne sept jours sur sept. « Les gens veulent bien faire, ils veulent aider l’animal mais ils doivent comprendre qu’ils exposent l’animal mais aussi eux-mêmes à des risques. La première des règles, c’est de ne pas les approcher. Qu’ils soient morts ou vivants, ne les touchez pas », explique Willy Dabin, membre du réseau Pelagis. Le 21 mai, le seul policier municipal n’a pu retenir les témoins d’intervenir notamment « sous la pression des réseaux sociaux » précise l’observatoire. Des plongeurs ont donc manipulé le jeune rorqual pour l’emmener vers le large. On ignore si l’animal a survécu. « Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Nous avions engagé des moyens qui étaient en train de se rendre sur place. Tout ça pour rien. »

Le premier des risques est d’abord pour l’homme. Dans 95 % des cas d’échouages, l’animal est mort. Et même s’il est encore vivant, il y a de fortes chances qu’il soit malade. « Ces mammifères peuvent transmettre des virus et des maladies. Il faut donc impérativement un équipement de protection contre tout risque de transmission. Il y a une bonne conduite à adopter pour ne pas s’exposer aux risques », poursuit Willy Dabin. Une approche trop brutale serait en plus de nature à fragiliser un peu plus un animal déjà mal en point. « Le premier risque, c’est le stress. La plupart des animaux y succombent. » Il est déconseillé de s’approcher des cétacés et de faire trop de bruit autour d’eux, notamment en se regroupant ou en parlant trop fort.

Un taux de survie très faible

Les autorités alertent aussi sur l’aspect sauvage de ces animaux, dont la manipulation peut s’avérer dangereuse. L’exemple des phoques est le plus probant. Avec son image de peluche inoffensive, l’animal fait parfois oublier qu’il possède une puissante mâchoire qui peut gravement blesser les hommes. Précisons au passage que, même quand les bons gestes sont respectés, le taux de survie des animaux secourus reste très faible.

De décembre 2021 à avril 2022, 586 petits cétacés avaient été retrouvés échoués le long de la façade atlantique française, dont 524 sur les côtes du golfe de Gascogne. La plupart de ces animaux étaient des dauphins communs. Un phénomène en augmentation ces dernières années. Un peu plus de 70 % des spécimens examinés présentaient des traces de blessures par des engins de pêche, provoquant la colère des associations de protection des animaux. Certains avaient demandé au gouvernement de suspendre les campagnes de pêche pendant plusieurs semaines pour épargner la vie des cétacés.

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