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Plus de neuf prix barrés sur dix en ligne sont des promotions trompeuses, selon l'UFC-Que Choisir

L'association de défense des consommateurs porte plainte contre huit sites de commerce en ligne, estimant que ces marchands "dupent les consommateurs en leur faisant miroiter de belles affaires".

La pratique est connue et dénoncée depuis plusieurs années par les associations de consommateurs. Les fausses promotions (ou faux prix barrés) sur les sites de commerce en ligne se multiplient alors qu'une directive encadre strictement cette pratique.

Et cette fois, l'UFC-Que Choisir passe à l'attaque en annonçant ce mardi déposer plainte contre 8 sites de e-commerce: Amazon, ASOS, Cdiscount, E.Leclerc, La Redoute, Rue du Commerce, Veepee, et Zalando pour "pratiques commerciales trompeuses".

"La directive 'Omnibus' impose depuis un an que l’affichage d’une réduction de prix se fasse sur la base du prix le plus bas pratiqué par le vendeur dans le mois précédent l’entrée en vigueur de la promotion", explique l'association de consommateurs.

Or "les professionnels affichent des promotions reposant non pas sur des réductions de prix sur les 30 derniers jours, mais sur le concept de prix dits de 'comparaison'. Dans ce cas, ils choisissent librement un prix de référence avec lequel comparer leur produit, de manière à présenter leur offre comme une affaire à ne pas manquer".

"Le prix barré ne fait pas référence à un prix antérieur du vendeur mais à un autre prix plus ou moins fictif. Le consommateur ne peut souvent pas les vérifier" confirme sur BFMTV, Frithjof Michaelsen, Chargé de mission pour l'association.

Plus de 96% des annonces analysées ne sont pas de vraies promos

L'association s'est penchée sur un échantillon de 6586 annonces portant un prix barré, publiées sur les principaux sites de commerce en ligne. Cette analyse "montre que seulement 3,4% d’entre elles correspondent à de véritables promotions opérées par les vendeurs, conformément à la directive 'Omnibus'".

"Les allégations recensées ('Prix de vente conseillé', 'À l’origine', 'Ancien prix', 'Prix moyen sur la marketplace', 'Prix moyen sur les sites concurrents', 'Prix renseigné par le vendeur', etc.) sont aussi multiples qu’inintelligibles", dénonce l'UFC.

Et d'ajouter qu'"au-delà de la prolifération de ces prix de comparaison, la méthode même de calcul, qui n’est pas encadrée par la loi, est particulièrement problématique. Quand bien même l’internaute tenterait de comprendre ce qui se cache derrière ce prix affiché, sa définition est souvent enfouie dans les conditions générales de vente ou tout simplement inexistante".

Consommateurs dupés

L'association de défense des consommateurs estime donc que ces marchands "dupent les consommateurs en leur faisant miroiter de belles affaires".

"Vous ne pouvez pas afficher une baisse de prix si vous n'êtes pas capable de la prouver. Le prix de comparaison ne correspond à aucune donnée", ajoute sur BFMTV, Rodolphe Bonnasse, président d'Aristid Retail, un spécialiste de la consommation.

Outre la plainte déposée auprès du Procureur de la République, l'UFC-Que Choisir saisit la Commission européenne "pour l’alerter sur les dérives des professionnels, et lui demander d’agir afin d’interdire strictement tout autre système de prix de référence que celui prévu par la directive 'Omnibus'".

Les plateformes se défendent

Parmi les sites mis en cause, Amazon s'est défendu. La plateforme américaine indique analyser l'étude de l'UFC et fait savoir que "la confiance de nos clients et la transparence font partie de nos priorités et Amazon est déterminée à fournir aux clients la meilleure expérience possible, ce qui comprend une expérience d'achat qui soit conforme à la réglementation applicable".

De son côté, La Redoute a affirmé que sur "les produits vendus en direct", elle respectait "les exigences de la directive Omnibus" et que sur sa marketplace, elle pouvait "sanctionner" les vendeurs en infraction avec la réglementation. Mais "à ce stade, La Redoute n'a aucune information sur les reproches que lui ferait l'UFC-Que Choisir", a-t-elle précisé.

Cdiscount a affirmé "(s'inscrire) en total respect de la législation en vigueur" et a précisé que l'enseigne indiquait "toujours (en toute transparence), au-dessus du prix de vente du produit, la nature précise du prix de comparaison".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business