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En Belgique, la clémence de la justice après un bizutage fatal suscite l’amertume

Dix-huit étudiants de l’Université catholique flamande de Louvain étaient poursuivis pour avoir fait subir en 2018 à Sanda Dia, un camarade belgo-mauritanien, un calvaire ayant entraîné sa mort. Ils ont été condamnés à des travaux d’intérêt général.

Par  (Bruxelles, Correspondant)

Publié le 31 mai 2023 à 04h30, modifié le 31 mai 2023 à 11h14

Temps de Lecture 3 min.

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LETTRE DU BENELUX

Le père de Sanda Dia sort de la cour d’appel d’Anvers, le 26 mai 2023, après le jugement dans le procès contre dix-huit membres du cercle étudiant Reuzegom associés à la mort de son fils, en 2018.

Samedi 27 mai, ils étaient 300 à Anvers, 100 à Louvain, visage fermé, regard vide, colère sourde, larmes aux yeux pour certains. « Justice pour Sanda », « Tout le monde peut continuer à profiter de la vie, sauf Sanda », disaient leurs panneaux, qui dénonçaient aussi « une justice de classe ».

Les manifestants visaient l’arrêt pris, la veille, par la cour d’appel d’Anvers à l’encontre de « Shrek », « Mouche à merde », « Frimeur », « Petite semence », « Remork » et treize autres membres du cercle étudiant Reuzegom de l’Université catholique flamande de Louvain (KUL). Issus pour la plupart de très bonnes familles, ils comparaissaient pour la dernière fois devant leurs juges pour les faits qui avaient conduit à la mort, en 2018, du Belgo-Mauritanien Sanda Dia, 20 ans, lors d’un « baptême » (bizutage) étudiant de trois jours, assorti de beuveries, d’ingestion forcée de bouillie pour chien et d’une souris malaxée, de torture animale et d’arrosage à l’urine. Entre autres.

De nombreux prévenus (une dizaine) ne s’étaient pas déplacés pour entendre la conclusion de cette affaire qui tenait la Flandre en haleine. Certains disaient craindre « les médias » qui, pourtant, se montraient plus généreux avec eux qu’avec des auteurs de petits larcins : en raison de leur jeune âge, leur véritable identité n’a jamais été publiée.

D’autres étaient « à l’étranger » ou passaient « des examens », ceux auxquels Sanda Dia aurait pu se préparer pour devenir ingénieur. Sauf que celui qu’on appelait « l’enfant du dimanche », parce qu’il était joyeux, rayonnant et ouvert aux autres, est décédé d’hypothermie – la température de son organisme avant chuté à 28,7 degrés – et d’un œdème cérébral.

Lire le récit : Article réservé à nos abonnés En Flandre, le procès d’enfants de notables pour un bizutage mortel

Ingurgitation forcée de 4 litres d’huile

Ce qui a provoqué ce dernier, avait diagnostiqué un médecin légiste, était une teneur en sel exceptionnelle de 117 grammes dans le sang. Les « parrains » et « dompteurs » des néophytes avaient notamment obligé Sanda Dia à ingurgiter 4 litres d’huile thaïlandaise de poisson tandis qu’il était plongé dans un trou rempli d’eau froide. Les juges ont estimé que les « Reuzegommers » étaient bien coupables de traitements dégradants et de faits ayant entraîné la mort sans intention de la donner, mais ils ont souligné que la sauce de poisson était en vente libre, ne faisait l’objet d’aucune mise en garde, et que ses effets potentiellement nocifs ne pouvaient être connus des prévenus.

Le procureur avait réclamé des peines allant de dix-huit à cinquante mois de prison, la cour a condamné les prévenus à des travaux d’intérêt général – de deux cents à trois cents heures dans des institutions de soins et des services environnementaux – et une amende de 400 euros. Il s’agissait de « ne pas hypothéquer l’avenir » des jeunes gens concernés, a souligné un arrêt de 118 pages. La famille de la victime avait demandé qu’aucun des membres du cercle étudiant ne se retrouve derrière les barreaux, mais espérait au moins que la justice ferait toute la lumière sur les faits et les responsabilités des uns et des autres. Espoir déçu, selon Me Sven Mary, l’avocat d’Ousmane Dia, le père de Sanda : « Ils n’ont pas reçu les réponses qu’ils espéraient, en raison notamment du silence des Reuzegommers. »

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