Dix ans de la mort de Clément Méric

. ©AFP - Christophe ARCHAMBAULT
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Il y a dix ans, le 5 juin 2013, Clément Méric, jeune militant antifasciste, était tué au cours d’une bagarre avec des militants d’extrême-droite. Depuis, chaque année, le mouvement antifasciste commémore.

Avec
  • Sébastien Bourdon Journaliste Indépendant et enquêteur en sources ouvertes, vice président de l’association Open Facto

Il y a dix ans, le 5 juin 2013, Clément Méric, jeune militant antifasciste, était tué au cours d’une bagarre avec des militants d’extrême-droite.

Depuis, chaque année, le mouvement antifasciste commémore.

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Entre temps, les camarades de Clément Méric, les antifas, sont devenus un épouvantail. L’antifa est synonyme de casseur, d’émeutier, anti-flic... Le mouvement s’est imposé comme une composante importante de la radicalité politique en 2016, dans le mouvement contre la loi Travail. “Siamo Tutti antifascisti” est devenu le mot d’ordre du cortège de tête.

Alors qui sont-ils ces antifascistes, qui se font la promesse d’accomplir une mission que tout à chacun, jusque dans le monde politique institutionnel, se promet d’avoir à cœur : dégonfler l’extrême droite ?

Clément, un symbole

"Le jeune homme est devenu une figure omniprésente dans le mouvement antifasciste français", raconte Sébastien Bourdon. "L'idée générale derrière ce symbole est que l'extrême-droite peut tuer."

Clément Méric est devenu un morceau de la mémoire antifasciste française. Une mémoire particulière, "d'un mouvement qui fonctionne surtout sur un mode affinitaire, et qui se transmet surtout à l'oral".

Surtout, explique le journaliste Sébastien Bourdon, "l'idée que le mouvement antifasciste porte, c'est que le meilleur hommage à sa mort soit de continuer les combats qui étaient les siens".

Un mouvement, des facettes

Le mouvement antifasciste contemporain s'ancre dans les années 1980, avec la progression de Jean-Marie Le Pen. Ce mouvement se pense-t-il théoriquement ? "Je dirais que c'est un entre-deux : la caractéristique du mouvement est son lien avec les milieux contre-culturels. Il y a ce lien avec des scènes musicales... Cela est très fort dans les années 1980 notamment", explique Sébastien Bourdon.

L'autre particularité du mouvement est d'entretenir un rapport critique de l'antiracisme de la gauche institutionnelle. "D'après le mouvement, la gauche entretient en fait des formes d'autoritarisme et de racisme", rappelle Bourdon.

Dès les années 1990-2000, le mouvement connaît plusieurs facettes. D'un côté, un mouvement comme Ras L'Front entretient des rapports avec des partis politiques et représente un antifascisme radical, mais institutionnalisé. De l'autre, des "chasseurs de skins", bandes informelles se tiennent dans des formes de marginalités politiques.

L'année 2016

"Pour comprendre l'antifascisme actuel, il faut regarder ce qui se passe entre la mort de Clément Méric en 2013 et l'année 2016", explique Sébastien Bourdon. Lors de la mort de Clément Méric, "l'antifa" est un militant idéaliste, mais courageux, opposé à une idéologie dangereuse.

Le discours évolue avec le mouvement contre la loi Travail en 2016 et la figure devient un repoussoir : "Il est synonyme de black bloc, de casseur, de gros bras...", détaille Sébastien Bourdon. "L'antifa est une composante de ce fameux "cortège de tête", pôle offensif des manifestations, avec parfois de la casse et des affrontements avec la police."

"Le parachèvement de la figure de l'antifa, c'est l'affaire dite "du quai de Valmy". Un meeting du syndicat policier Alliance occasionne des contre-rassemblements en mai 2016. Des affrontements conduisent à l'incendie d'une voiture de police et l'antifa devient un épouvantail."

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