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Reportage international

Allemagne: des pavés de la mémoire pour des Afro-Allemands persécutés sous le régime nazi

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L’Allemagne redécouvre lentement son passé colonial qui s’est achevé avec la défaite à la fin de la Première Guerre mondiale. Mais l’immigration d’Africains avait commencé bien avant et ces personnes sont restées en Allemagne après 1918. Une exposition retrace actuellement à Berlin l’histoire d’une famille afro-allemande de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui. Récemment, des pavés de la mémoire ont été posés pour rendre hommage à des personnes noires persécutées sous le Troisième Reich.

Les deux pavés de la mémoire rendant hommage à Zoya Aqua-Kauffmann et son fils Hans Joachim.
Les deux pavés de la mémoire rendant hommage à Zoya Aqua-Kauffmann et son fils Hans Joachim. © Pascal Thibaut/RFI
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« Je voulais devenir médecin, mais je n’ai pas eu le droit de passer le bac et encore moins de faire des études. En 1936, j’ai été exclue de l’école avec la dernière juive qui s’y trouvait, car nous n’étions pas jugées dignes de fréquenter un établissement allemand. »

Zoya Aqua-Kaufmann a 18 ans lorsqu’elle subit ces discriminations comme tant d’autres sous le régime nazi. Elle se produit comme danseuse jusqu’en 1939 comme d’autres Afro-Allemands qui survivent dans des productions du régime cultivant les clichés raciaux. Avec la guerre, elle n’a plus le droit de travailler. Après la naissance de son fils Hans Joachim, elle choisit la clandestinité pour éviter d’autres persécutions ou une stérilisation forcée. Elle est dénoncée et internée avec son enfant dans un camp où elle est libérée le 13 mai 1945. Ses demandes de reconnaissance et d’indemnisations après la guerre ne déboucheront que sur de maigres résultats.

Le petit-fils de Zoya Aqua-Kaufmann, Daniel Lienicke, assistait à la pose des deux pavés devant le dernier domicile de sa grand-mère et de son père : « Pour moi, cette journée est le couronnement de ce long travail de mémoire. C’était très émouvant. Je pense que mon père et ma grand-mère se réjouiraient et sentiraient très honorés. »

Quelque 100 000 pavés de la mémoire ont été posés en Allemagne et en Europe pour rappeler la mémoire de personnes assassinées, déportées ou persécutées sous le Troisième Reich. Sur les 10 000 que compte Berlin, ceux pour Zoya et Hans Joachim Aqua-Kaufmann ne sont que les 6e et 7e pour des Afro-Allemands.

Le petits-fils de Zoya Aqua-Kauffmann, Daniel Lienicke, présente les pavés honorant son père et sa grand-mère.
Le petits-fils de Zoya Aqua-Kauffmann, Daniel Lienicke, présente les pavés honorant son père et sa grand-mère. © Pascal Thibaut/RFI

Tahir Della de l’initiative « Personnes noires en Allemagne » : « Ce manque de reconnaissance s’explique aussi par un passé colonial allemand oublié sans lequel bien sûr ces personnes ne seraient pas venues dans ce pays.  Et ce passé doit devenir visible. »

Ces pavés de la mémoire, des initiatives de la société civile, des expositions dans des musées berlinois montrent que ce passé colonial allemand et ses conséquences suscitent aujourd’hui plus d’intérêt. Dominique Eyidi est le petit-fils de l’activiste camerounais Joseph Ekwe Bile. Arrivé en Allemagne en 1912, il a combattu durant la Première Guerre mondiale avant de s’engager durant les années vingt dans la lutte contre le colonialisme et pour les droits des personnes noires. Il quitte l’Allemagne en 1932 et rentre au Cameroun en 1935.

« Il y a un travail de mémoire qui est en train de se faire et ce travail doit être renforcé. Il est important qu’il y ait une reconnaissance non seulement pécuniaire, mais aussi morale ; c’est peut-être le plus important finalement. »

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