La peintre et écrivaine Françoise Gilot est morte à 101 ans

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La peintre et écrivaine Françoise Gilot est morte à 101 ans

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La peintre Françoise Gilot pose dans son atelier à Paris, en avril 2004.
La peintre Françoise Gilot pose dans son atelier à Paris, en avril 2004.
© AFP - JEAN-PIERRE MULLER

La peintre Françoise Gilot est décédée à l'âge de 101 ans, a appris mardi l'AFP auprès du musée Picasso. Elle s'était imposée comme une peintre de renom après avoir quitté son compagnon, Pablo Picasso.

La peintre Françoise Gilot est décédée à l'âge de 101 ans, a appris mardi l'AFP auprès du musée Picasso, confirmant une information du New York Times. Elle s'était imposée comme une peintre de renom après avoir quitté Pablo Picasso, son compagnon de 1946 à 1953, qui avait freiné sa carrière, avait-elle raconté dans un livre.

Ses œuvres ont été exposées dans les collections des prestigieux Metropolitan Museum of Art et MoMA de New York. En juin 2021, l'une de ses peintures, "Paloma à la Guitare" (1965), s'était vendue pour 1,3 million de dollars lors d'enchères chez Sotheby's.

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"La moins soumise" à Picasso

Née le 26 novembre 1921 à Neuilly-sur-Seine (ouest de Paris) dans une famille bourgeoise, François Gilot suit les traces de sa mère, une aquarelliste, pour s'orienter vers le dessin et la peinture. Elle a parmi ses mentors le surréaliste Endre Rozsda. Sa première exposition dans une galerie parisienne a eu lieu en 1943, l'année où elle rencontre Picasso. Elle a alors une vingtaine d'années, lui 61 ans. Le couple aura deux enfants, Claude (né en 1947) et Paloma (née en 1949).

Mais elle le quitte en 1953, une première parmi les compagnes de Picasso. "C'est la plus moderne, la plus audacieuse, la moins soumise", raconte Brigitte Benkemoun, autrice de "Je suis le carnet de Dora Maar", consacré à une autre compagne du peintre. "Picasso disait 'on ne quitte pas un homme comme moi'. Elle, elle est partie, avec ses deux enfants sous le bras, parce qu'elle a compris qu'elle était en train de se perdre et de se faire du mal."

Une carrière internationale

En 1964, la publication de "Vivre avec Picasso", un livre relativement intime sur sa vie avec l'artiste, rencontre un énorme succès (traduit en 16 langues, plus d'un million d'exemplaires vendus). Elle le dépeint comme un être tyrannique, superstitieux et égoïste. Pour elle, cette relation fut "un prélude à (sa) vie. Pas la vie". "Elle était aussi une artiste et c'est difficile d'être une artiste quand on vit avec Picasso", poursuit Brigitte Benkemoun. "Il avait tendance à l'écraser, à dévaloriser son travail. Picasso s'est débrouillé pour que tous les galeristes cessent de l'exposer."

Devenue citoyenne américaine, elle ne s'était pas rendue à ses obsèques en 1973. Passant les dernières années de sa vie à New York, elle faisait le lien entre l'école de Paris des années 50 et la scène américaine, exposant ses peintures, dessins ou estampes dans de nombreux musées et collections privées, d'Europe et des États-Unis.

Sa fille Paloma, créatrice de bijoux et femme d’affaires, a elle aussi fait une grande partie de sa carrière aux États-Unis. "Elle a ouvert beaucoup de portes pour moi. En fait, je n'ai jamais, à aucun moment de mon enfance ou de mon adolescence, pensé qu'il y avait des choses qui m'étaient interdites", disait Paloma Picasso à propos de sa mère,  au micro de Sonia Devillers en avril dernier. "Ayant une mère comme Françoise, c'était facile de se rendre compte que c'était important d'exister par soi-même. Ce n'est pas parce qu'on est une femme qu'on doit dépendre d'un homme, quel qu'il soit. Il faut arriver à trouver sa propre cohérence et sa propre créativité", avait-elle ajouté.

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