Suspect mis en examen, les enfants hors de danger : ce que l'on sait de l'attaque au couteau à Annecy

Publicité

Suspect mis en examen, les enfants hors de danger : ce que l'on sait de l'attaque au couteau à Annecy

Par
L'agresseur suivi par un homme qui se protège avec son sac à dos, dans un parc à proximité du lac d'Annecy
L'agresseur suivi par un homme qui se protège avec son sac à dos, dans un parc à proximité du lac d'Annecy
© AFP - AFPTV

Six personnes, dont quatre enfants et deux adultes, ont été agressés au couteau à Annecy jeudi, sur la grande esplanade du Pâquier, à proximité du lac. Lors d'une conférence de presse samedi, la procureure d'Annecy a annoncé que plus aucune victime n'était en danger de mort.

"La Nation est sous le choc." Une attaque à l'arme blanche ciblant des enfants en bas âge a semmé la terreur dans un parc de la capitale de Haute-Savoie, Annecy. Un réfugié de nationalité syrienne, armé d'un couteau, a fait au total six blessés, selon le dernier bilan communiqué à la mi-journée par la préfecture. Ces six blessés comptent quatre enfants, âgés de 22 à 36 mois, et deux adultes.

Les quatre enfants blessés dans l'attaque au couteau à Annecy "ont tous pu être opérés" et "leur état est stable", avait assuré vendredi matin la Première ministre Elisabeth Borne. "À ce jour, plus aucun n'a son pronostic vital engagé. Les quatre enfants sont encore à ce jour hospitalisés", a complété le lendemain la procureure d'Annecy.

Publicité

Le président de la République, Emmanuel Macron, et son épouse Brigitte sont arrivés à Annecy après un passage au CHU de Grenoble auprès des familles. L'agresseur a lui été interpellé rapidement et placé en garde à vue. "Il n'y a aucun mobile terroriste apparent", a affirmé la procureure de la République jeudi. Une évaluation est en cours par le Parquet national anti-terroriste.

"S'attaquer à des enfants est l'acte le plus barbare qui soit", a déclaré Emmanuel Macron sur place, tout en remerciant, au nom de la nation, les sauveteurs, les secours, les forces de police et les passants venus en aide aux victimes.

À Annecy, le festival international du film d'animation d'Annecy, principal rendez-vous mondial du secteur, ouvrira bien comme prévu dimanche mais les séances en plein air ne débuteront pas avant lundi. La ville d'Annecy a annoncé l'organisation d'un rassemblement citoyen "pacifique, sans déambulation", en soutien aux victimes et à leurs proches, dimanche à 11h.

Que s'est-il passé jeudi matin ?

Un individu, jusqu'ici inconnu des services de police, a attaqué jeudi matin vers 9h45 à Annecy (Haute-Savoie) un groupe d'enfants aux abords du jardin de l'Europe, dans le secteur du Pâquier, cette grand esplanade de verdure située près du lac et très appréciée des annéciens. L'homme vêtu d'un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, s'est dirigé vers les poussettes et s'est attaqué aux enfants sur une aire de jeu.

Selon différents témoignages, l'homme a tenté de s'enfuir de l'aire de jeu et attaqué une personne âgée, l'un des deux adultes blessés. Les secours ont été alertés à 09h41, l'intervention déclenchée immédiatement et l'agresseur interpellé quatre minutes plus tard, selon un chronométrage diffusé par la police. Les policiers ont ouvert le feu au moment de l'interpellation, mais l'agresseur n'a pas été blessé par le tir.

Dans une vidéo très crue de l'attaque circulant sur les réseaux sociaux, on peut voir l'homme poignarder plusieurs enfants, dont deux installés dans un landau à deux places, puis repasser de l'un à l'autre en sautillant. Un homme crie : "Appelez la police !". L'assaillant finit par être repoussé par une femme qui criait "Au secours ! Arrêtez-le ! Arrêtez-le !", en tentant de protéger le landau, et repoussé par un homme muni d'un sac à dos, qui appelle à l'aide les passants : "Aidez-moi à le maîtriser !".

Dans cette même séquence consultée par France Inter, l'auteur dit à deux reprises "au nom de Jésus Christ" en anglais ("In the name of Jesus Christ") au moment de l'attaque.

Le secteur du Pâquier est une grande étendue verte au cœur d'Annecy.
Le secteur du Pâquier est une grande étendue verte au cœur d'Annecy.
© Visactu

Que disent les premiers éléments de l'enquête ?

L'enquête en cours pour "tentative d'assassinats" va "permettre de déterminer le mobile" de l'agresseur, a indiqué la procureure d'Annecy. Quand il est passé à l'acte, ce dernier n'était pas sous l'emprise de stupéfiants ou de l'alcool, selon la procureure d'Annecy Line Bonnet-Mathis.

La garde à vue de l'assaillant, qui s'est montré très agité dans les premières heures, s'est terminée samedi, et l'expertise psychiatrique menée a considéré que son état était "compatible avec la garde à vue". Le suspect, a été placé en détention provisoire à l'issue de ces 48 heures, lors desquelles "il n'a pas souhaité s'exprimer" . Il a été présenté à deux juges d'instruction avant d'être mis en examen pour "tentatives d'assassinat" et "rébellion avec arme". La procureure a estimé que pour l'instant, "il était prématuré de porter une appréciation sur les motivations de l'attaque" .

Que sait-on des victimes ?

On compte, parmi les victimes, un enfant de 22 mois, deux enfants de deux ans et un de trois ans. Deux de ces enfants sont de nationalité étrangère : un néerlandais, et un anglais. Il s'agit d'enfants de touristes qui jouaient dans le parc face au lac d'Annecy. Les deux autres victimes sont des personnes âgées.

Les six victimes sont aujourd'hui hors de danger, même s'ils resteront hospitalisés quelques jours.

Un autre adulte a été hospitalisé après avoir été blessé par l'agresseur puis touché par les tirs de la police pendant l'interpellation, et un autre adulte a été touché plus légèrement.

Que sait-on de l'agresseur ?

L'agresseur présumé est un homme né en 1991 et de nationalité syrienne, qui a vécu pendant dix ans en Suède où il a obtenu le statut de réfugié en 2013. Il était donc en situation régulière, du point de vue du droit de l'Union européenne. En novembre 2022, il avait effectué une nouvelle demande d'asile, cette fois en France, mais celle-ci avait été refusée, l'homme ayant déjà le statut de réfugié. Le rejet de sa demande lui a été notifiée lundi 4 juin.

Apparemment "sans domicile fixe", d'après la procureure d'Annecy, il portait une croix chrétienne quand il a été interpellé. Dans sa demande à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, il se présentait comme un "chrétien de Syrie", selon une source policière. Cet homme était jusqu'ici inconnu des services de renseignements et aucun antécédent psychiatrique à son sujet n'a été "identifié", a indiqué la Première ministre.

"Aucun mobile terroriste apparent", n'a non plus été retenu pour l'instant dans l'enquête ouverte pour "tentative d'assassinats". Une évaluation est toutefois en cours par le Parquet national anti-terroriste. Il ne disposait que d'une seule arme, un couteau, "dont nous disposons désormais", a précisé la procureure.

Que racontent les témoins ?

"Je courais au bord du lac, et je vois tout d'un coup des dizaines de personnes qui courent dans le sens contraire. (...) Il y a une maman qui me dit 'Courez, courez! Il y a quelqu'un qui poignarde tout le monde tout au long du lac, il a poignardé des enfants, courez !'" , a témoigné l'ancien footballeur professionnel Anthony Le Tallec dans une story Instagram .

Présent avec un collègue au moment de l'attaque, un agent d'entretien raconte comment il a contribué à l'arrestation du suspect. "On m'a dit 'Il y a un gars qui donne des coups de couteau dans le parc en face du pont des Amours'. Avec mon collègue, on a essayé de s'interposer pour arrêter le monsieur ", raconte-t-il à France Bleu Pays de Savoie . Il explique que son collègue a essayé de lui donner un coup de pelle et qu'il a failli se prendre un coup de couteau. "Au début, on a tous cru que c'était une mise en scène, mais avec les cris des gens, on s'est rendu compte que c'était la réalité" , ajoute un autre témoin interrogé par France Bleu.

Une cellule d'information au public a été activée par le préfecture de Haute-Savoie au 04.50.33.61.33

Quelles sont les réactions politique à cette attaque ?

Sur place, la Première ministre Elisabeth Borne a assuré les victimes et habitants de la ville de "toute la solidarité de la Nation".  "Nous sommes bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable", a déclaré la cheffe du gouvernement devant la préfecture de Haute-Savoie, à quelques centaines de mètres du lieu de l'agression. "L'enquête permettra de préciser à la fois le parcours, le profil de cet assaillant et naturellement toute la lumière devra être faite. Mais aujourd'hui, c'est le temps de l'émotion", a-t-elle ajouté.

"Nos pensées les accompagnent ainsi que leurs familles et les secours mobilisés", a estimé plus tôt le président de la République sur son compte Twitter jugeant que "la Nation est sous le choc" après cette attaque "d’une lâcheté absolue".

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Une minute de silence a été observée à l'Assemblée nationale. Yaël Braun-Pivet a invité à cette minute de recueillement "pour eux, pour leurs familles", après cette "attaque gravissime". S'exprimant au nom du gouvernement, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a dénoncé depuis le Palais-Bourbon "une barbarie""L'horreur a pris tout son sens. Comment peut-on s'attaquer avec une telle cruauté à des enfants ? La République est touchée en son coeur", a réagi de son côté sur Twitter Gérard Larcher, président du Sénat.

L'édito politique
3 min

"Ce qui s'est passé est inacceptable, effroyable", avait déclaré pour sa part le maire écologiste François d'Astorg en faisant part de sa "colère".

Vendredi matin, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a dénoncé le "jeu malsain" de la droite et de l’extrême droite "alors qu’on est dans le temps de l’émotion et du choc". "Il y a des questions légitimes", reconnaît-il tout de même alors que Les Républicains et le Rassemblement national font le lien entre l’immigration et cette attaque.

Références

pixel