Cerveau : l'apnée du sommeil accélère le déclin cognitif Adobe Stock

Personne ne passe à côté du déclin cognitif. Il est incontournable avec l'âge. Il débute à partir de 45 ans. Il correspond à une altération d'une ou plusieurs fonctions cérébrales. Concrètement, la mémoire, la capacité à raisonner et à comprendre commencent à décliner. Ce phénomène peut se manifester par un déclin progressif de la mémoire et des fonctions exécutives.

Des chercheurs du Royaume-Uni, d'Allemagne et d'Australie ont montré pour la première fois que l'apnée obstructive du sommeil peut favoriser le déclin cognitif précoce, même chez des patients qui sont en bonne santé. Les résultats sont publiés au sein de la revue scientifique Frontiers in Sleep.

L'apnée du sommeil se caractérise par une suspension momentanée de la respiration durant la nuit. En France, le syndrome touche 4 % de la population.

Les symptômes courants comprennent un sommeil agité, des ronflements bruyants, une somnolence diurne et des maux de tête prolongés le matin.

Les participants touchés par l'apnée du sommeil ont une moins bonne mémoire

"Nous montrons un fonctionnement exécutif et une mémoire visuospatiale plus faibles et des déficits de vigilance, d'attention soutenue et de contrôle psychomoteur et des impulsions chez les hommes atteints d'apnée du sommeil. La plupart de ces déficits avaient auparavant été attribués à des comorbidités", a déclaré le Dr Ivana Rosenzweig, une neuropsychiatre qui dirige le Sleep and Brain Plasticity Center du King's College de Londres et est l'auteur principal de l'étude.

L'étude a été menée sur un groupe de 27 hommes âgés de 35 à 70 ans, touchés par l'apnée du sommeil, mais sans comorbidité. Ces patients sont relativement rares, car la plupart des hommes et des femmes atteints d'apnée du sommeil ont des comorbidités telles que les maladies cardiovasculaires et métaboliques, le diabète ou la dépression. Les hommes n'étaient pas fumeurs ni alcooliques et n'étaient pas obèses. On sait que le surpoids est un grand facteur de risque de l'apnée du sommeil.

En menant les recherches sur des personnes en bonne santé, les scientifiques ont voulu prouver que l'apnée du sommeil pouvait s'avérer délétère pour le cerveau, même si vous êtes sans antécédents médicaux.

Les ondes cérébrales de sujets endormis ont été mesurées par électroencéphalographie (EEG), tandis que leurs niveaux d'oxygène dans le sang, leur fréquence cardiaque, leur respiration et leurs mouvements des yeux et des jambes ont été suivis.

Les résultats ont montré que les patients atteints d'apnée du sommeil sévère avaient une vigilance, un fonctionnement exécutif, une mémoire de reconnaissance visuelle à court terme et une reconnaissance sociale et émotionnelle plus faibles que les autres. Les patients atteints d'apnée du sommeil légère ont obtenu de meilleurs résultats dans ces domaines.

"Les déficits les plus significatifs… ont été démontrés dans les tests qui évaluent à la fois la capacité d'appariement visuel simultané et la mémoire de reconnaissance visuelle à court terme pour les schémas non verbalisables, les tests de fonctionnement exécutif et le changement d'ensemble attentionnel, dans la vigilance et le fonctionnement psychomoteur, et enfin, dans la cognition sociale et la reconnaissance des émotions", ont écrit les auteurs.

Déficits cognitifs : ils seraient dus à une faible teneur intermittente en oxygène

Les chercheurs ne sont pas en mesure d'expliquer comment l'apnée du sommeil peut accélérer le déclin cognitif. Les auteurs ont émis l'hypothèse que les déficits cognitifs sont dus à une faible teneur intermittente en oxygène et à une teneur élevée en dioxyde de carbone dans le sang, à des modifications du flux sanguin vers le cerveau, à la fragmentation du sommeil et à la neuroinflammation chez les patients.

"Cette interaction complexe est encore mal comprise, mais il est probable qu'elle entraîne des changements neuroanatomiques et structurels généralisés dans le cerveau et des déficits cognitifs et émotionnels fonctionnels associés", a déclaré Dr Ivana Rosenzweig.

Sources

https://dx.doi.org/10.3389/frsle.2023.1097946

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