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Russie: un lieutenant-colonel de l’armée accuse Wagner d’actes violents sur les soldats russes

C’est une escalade inédite du conflit entre Wagner et l’armée régulière et un franchissement de lignes rouges jamais vues par Evgueni Prigojine. Lundi 5 juin, le groupe Wagner rendait publique une vidéo qui a été tournée le 17 mai et où était exhibé, visage tuméfié et épuisé, le lieutenant-colonel de l'armée russe Roman Venevitine. Une vidéo tournée sous la contrainte selon ce lieutenant-colonel qui accuse Wagner non seulement de l'avoir torturé, mais aussi d'avoir multiplié ces comportements pendant la bataille de Bakhmout.

Le fondateur de Wagner Evgueni Prigojine parle à des membres du groupe paramilitaire à Bakhmout, dans une image issue d'une vidéo publiée le 25 mai 2023.
Le fondateur de Wagner Evgueni Prigojine parle à des membres du groupe paramilitaire à Bakhmout, dans une image issue d'une vidéo publiée le 25 mai 2023. © Service de presse de «Concord», via Reuters
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De notre correspondante à Moscou 

Rien de ce qui est décrit ici n’est vérifiable sur le terrain. Mais ces deux vidéos publiées à trois jours d’intervalle montrent un niveau de tension et de violence inédit entre le groupe paramilitaire Wagner et les forces régulières. Dans la vidéo rendue publique par Wagner lundi, Roman Venevitine, officier supérieur des forces régulières interrogé par un geôlier de Wagner, disait avoir délibérément visé avec son artillerie une unité du groupe de mercenaires alors qu’elle procédait au déminage d’une route menant à Bakhmout, cela « par animosité personnelle ».

Une vidéo qui aurait été tournée sous la contrainte, selon Roman Venevitine.

Dans une vidéo de dix minutes publiée par un média réputé proche des services de sécurité jeudi 8 juin, l’officier Roman Venevitine explique en effet avoir été kidnappé, battu et menacé de mort. Il décrit aussi des coulisses de la bataille de Bakhmout, extrêmement violentes, du vol du matériel de l’armée russe par les mercenaires comme des tanks, jusqu’à des violences directes sur les soldats :

« Par exemple, une fois, ils ont kidnappé et menacé de mort des soldats d'une unité de transmission, uniquement parce qu'ils n'avaient pas aimé leur manière de travailler. Il y a eu d'autres enlèvements de nos combattants, où de la violence physique a été utilisée, de l'humiliation et de l'atteinte à la dignité. Lors d'un autre enlèvement, un de nos sergents a été torturé nu, gardé dans une cave glaciale. Ils lui ont aspergé les yeux d'acide et d'autres produits chimiques, ce qui lui a fait perdre temporairement la vue, ils ont versé de l'essence sur lui, ont allumé un briquet et ont plusieurs fois simulé qu'ils allaient le brûler vif. »

Comment en serait-on arrivé là ? L'officier Venevitine a sa lecture des événements : « L'anarchisme sur la ligne de front avec la compagnie privée Wagner est le résultat du jeu des élites politiques qui, au lieu de renforcer notre président, l’affaiblissent. Je suis convaincu qu'il s'agit d'un phénomène temporaire. »

Dans son texte, l’officier, s’adresse au chef de Wagner : « Evgueni Viktorovitch [Prigojine], vous discréditez activement les forces armées russes ». Un délit passible en Russie de jusqu’à cinq ans de prison en Russie.

>> À lire aussi : Evgueni Prigojine, un des visages de «l'opération spéciale» à l'étranger, mais pas en Russie

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