En France, 11 % des salariés, soit 2,7 millions de personnes, étaient exposés à au moins un produit chimique cancérogène en 2017. Ces estimations résultent de l’enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) de la Dares, la Direction des études et des statistiques du ministère du travail. Cette dernière recense l’exposition des salariés à 94 produits chimiques, dont 28 sont classés cancérogènes avérés ou probables par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et/ou par l’Union européenne.

Les gaz d’échappement diesel premiers facteurs d’exposition

Pour chaque salarié interrogé, les médecins du travail se sont concentrés sur la dernière semaine travaillée. L’enquête a différencié les expositions directes à certains produits générés par le processus de travail comme les fumées dégagées par la métallurgie, et les expositions indirectes liées aux pollutions dans l’environnement proche du poste de travail.

Les cinq produits chimiques cancérogènes auxquels les salariés étaient le plus exposés sont, par ordre décroissant, les gaz d’échappement diesel, les fumées de soudage, les huiles minérales entières, les poussières de bois ou encore la silice cristalline, utilisée dans la verrerie, la fonderie, la chimie et la construction.

Les ouvriers qualifiés sont surexposés

Les ouvriers représentent plus des deux tiers des salariés touchés par au moins un agent cancérogène chimique, alors qu’ils ne constituent que 29 % de l’ensemble des salariés. Les ouvriers qualifiés étaient davantage exposés que les non-qualifiés (35 % contre 17 %). Le secteur d’activité le plus touché est la construction, suivi de l’industrie, de l’agriculture puis du tertiaire.

Les salariés des petits établissements (moins de 10 salariés) étaient plus fréquemment exposés. « Les politiques formalisées de prévention y étaient moins développées que dans les grands établissements », analyse la Dares. Dans plus de la moitié (56 %) des situations d’exposition qui concernaient des petits établissements, il n’y avait pas de protection collective mise à disposition, souligne-t-elle.

Plus d’hommes que de femmes

Neuf salariés sur dix exposés à au moins un agent chimique cancérogène sont des hommes. 19 % d’entre eux ont été concernés par ce risque, contre 3 % des femmes salariées. La part de salariés exposés baissait avec l’âge : elle était supérieure ou égale à 12 % pour les moins de 39 ans, alors qu’elle était de 8 % pour ceux de 60 ans ou plus.

Les intérimaires et les agents à statuts (SNCF, industries électriques et gazières, etc.) sont particulièrement touchés, devant les apprentis et intérimaires, dont le travail est plus souvent à risque.