La violence, une affaire d'hommes

Les hommes ne sont pas tous violents mais la violence est masculine. Les hommes en ont ils conscience? ©Getty - PHOTOSTOCK-ISRAEL/SCIENCE PHOTO LIBRARY
Les hommes ne sont pas tous violents mais la violence est masculine. Les hommes en ont ils conscience? ©Getty - PHOTOSTOCK-ISRAEL/SCIENCE PHOTO LIBRARY
Les hommes ne sont pas tous violents mais la violence est masculine. Les hommes en ont ils conscience? ©Getty - PHOTOSTOCK-ISRAEL/SCIENCE PHOTO LIBRARY
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La violence est masculine. Les chiffres et les statistiques publiques le répètent : 96% des personnes incarcérées sont des hommes, comme 85% des responsables des violences physiques ou comme 97% des auteurs de violences sexuelles. Un coût pour la société largement ignoré par les premiers intéressés.

Avec
  • Isabelle Lonvis-Rome Magistrate, ancienne ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances
  • Lucile Peytavin Historienne, spécialiste du travail des femmes dans l’artisanat et le commerce

La violence est masculine. Tous les hommes ne sont pas violents mais la violence est masculine. Les chiffres et statistiques publiques sont têtus. En 2021, les hommes représentent encore 82% des mis en cause par la justice, tous délits et crimes confondus. Plus l'infraction est violente, plus ils sont sur-représentés. Dans les vols avec violence, cambriolages, infractions aux stupéfiants, infractions à caractère sexuelle, les hommes forment plus de 90% des mis en cause. Pour les meurtres, les accidents et destructions ou dégradations, ils forment plus de 80% des mis en cause.

Des chiffres qui restent stables dans les enquêtes Genese, référence Insee ou les interstats du SSMSI. Des chiffres que Lucile Peytavin (notre invitée cf ci dessous) avait déjà compulsé en 2018.

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Les hommes sont aussi les premières victimes de ces violences, alcoolisme, bagarre, drogue, vitesse automobile, suicide leur taux de mortalité évitable est plus élevé de 3,3% que celui des femmes et si 213 000 femmes par an se disent victimes de violences conjugales; hors cadre familial, les hommes sont 2 fois plus victimes de violences physiques que les femmes.

Pourtant, cette réalité de la violence au masculin est peu connue et surtout peu partagée au sein de la population masculine. Il est donc temps d'entendre les hommes sur le sujet...

Rencontre d'abord avec des hommes condamnés pour violence conjugales. Certains d'entre eux sont pris en charge sur injonction de justice dans la trentaine de CPCA qui existent en France. Grâce à un accompagnement psychologique et à des séances de thérapie de groupe avec d'autres agresseurs, ils parviennent à prendre conscience de leur violence, notamment en faisant jaillir l'existence d'autrui.

L'équipe de l'association le Cheval Bleu à Bully les Mines qui depuis 2007 prend en charge hommes auteurs de violences.
L'équipe de l'association le Cheval Bleu à Bully les Mines qui depuis 2007 prend en charge hommes auteurs de violences.
© Radio France - Cécile de Kervasdoué

Rencontre ensuite avec le Collectif des Masculinités. Au départ, un groupe de copains qui fonde l 'association Loba pour aider les femmes victimes de violence ; et qui va organiser dans toute la France des groupes de parole d'hommes afin de les pousser à parler de leurs émotions pour sortir des réflexes de virilité toxiques. La ville d'Epernay les a sollicité pour tenir un atelier non mixte autour de la masculinité pour une dizaine d'hommes avec cette question : qu'est-ce qu'être un homme au XIXe siècle ?

Bolewa Sabourin et Issa Coulibaly, tous deux membres du Collectif des Masculinités osent l'impensé  : qu'est ce qu'un homme au 21ème ?
Bolewa Sabourin et Issa Coulibaly, tous deux membres du Collectif des Masculinités osent l'impensé : qu'est ce qu'un homme au 21ème ?
© Radio France - Cécile de Kervasdoué

Rencontre enfin avec une classe olympique qui pratique l'éducation physique et sportive non genrée au collège Espérance, à Aulnay-sous-Bois. Loin des canons virilistes de la pratique sportive, il s'agit d' utiliser le sport pour faire prendre conscience aux garçons de leur réflexes stéréotypés dans ce domaine afin de faire naitre une culture de l'égalité.

Il ne faut pas forcer la mixité c'est contreproductif ! Il faut l'amener pour que les garçons laissent la place" Philippe Dheu professeur d'EPS non genré.
Il ne faut pas forcer la mixité c'est contreproductif ! Il faut l'amener pour que les garçons laissent la place" Philippe Dheu professeur d'EPS non genré.
© Radio France - Cécile de Kervasdoué

Invités :

Isabelle Lonvis Rome, ministre déléguée chargée de l'’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances.

Lucile Peytavin, historienne, membre de l'Observatoire sur l'émancipation économique de la Fondation des Femmes et autrice du "Coût de la virilité - ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme des femmes" 2018. Editions Anne Carrière.

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