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Wuhan, en Chine, au bord de la faillite

Une vue aérienne de la ville de Wuhan recouverte de brouillard.

Une vue aérienne de la ville de Wuhan qui, comme plusieurs villes de Chine, fait face à une crise économique paralysante. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Lintao Zhang

La ville aurait été le point d’origine de la pandémie. Après trois ans de coûteuses et rigides mesures anti-COVID, Wuhan, comme plusieurs villes de Chine, fait face à une crise économique paralysante.

La situation est grave au point où la Ville de Wuhan a publié le 29 mai dans un quotidien local la liste complète des 259 entreprises et entités publiques qui lui doivent de l’argent, les exhortant à rembourser leurs dettes immédiatement.

Ces entreprises doivent un total de 100 millions de yuan (18,7 millions de dollars canadiens) à la Ville.

La politique « zéro COVID » imposée par Xi Jinping a un prix.

Des travailleurs dont la mission est de limiter la propagation de la COVID-19 en habit de protection des pieds à la tête dans la rue.

Des travailleurs en Chine qui ont pour mission de limiter la propagation du virus. Ils font partie de la politique « zéro COVID » du pays, figure centrale de sa stratégie face à la pandémie. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Kevin Frayer

Wuhan est prise à la gorge après trois ans de confinements, de centres de mise en quarantaine, de patrouilles spéciales et de tests PCR de masse presque chaque jour. La crise immobilière en Chine précipite sa descente aux enfers.

Conséquences : des services d’autobus municipaux ont été suspendus ou réduits, les prestations d’assurance-maladie des personnes âgées ont été coupées des deux tiers, ce qui a déclenché de rares manifestations en février dernier.

Et ce n’est pas que Wuhan qui étouffe. La Ville de Kunming était en défaut de paiement le mois dernier sur sa dette équivalant à 225 millions de dollars. Un mois auparavant, la province du Guizhou lançait un SOS au gouvernement central à Pékin.

Le défi pour la Chine est que les entités gouvernementales qui ont le plus de dettes sont celles qui sont le moins en mesure de les rembourser, affirmait récemment au Washington Post Nicholas Borst, directeur de la recherche sur la Chine pour le conseiller en investissement Seafarer Capital Partners.

Maintenant que les bilans de tant de gouvernements locaux sont alourdis par la dette, ils seront moins en mesure de répondre aux demandes de Pékin en matière de dépenses politiques.

Une citation de Nicholas Borst, directeur de la recherche sur la Chine pour le conseiller en investissement Seafarer Capital Partners

Le boulet de la dette cachée

Selon des analystes financiers, la dette publique totale des gouvernements chinois dépasserait maintenant les 123 000 milliards de yuans (23 000 milliards de dollars canadiens).

L’ampleur réelle du gouffre financier est cependant plus importante.

Il faut aussi inclure ce qu’on appelle la dette cachée d’environ 13 milliards de dollars, selon les estimations du Fonds monétaire international, une dette contractée sur des plateformes d’emprunt à haut risque.

Pékin oblige les municipalités et provinces chinoises à investir dans presque tout et souvent à des fins politiques, notamment en sécurité, en infrastructures et en mesures de stimulation de l’économie.

Comme elles ont une capacité d’emprunt limitée, un mécanisme de contournement de ces limitations a été mis en place après la crise financière mondiale de 2008. C’est le local governing financing vehicle (LGFV) dont les emprunts ne se retrouvent dans aucun compte public du Bureau national de la statistique.

Un homme entouré de personnes.

Le président chinois Xi Jinping. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Jack Taylor

Le remboursement de cette dette cachée est un boulet de plus en plus lourd.

Il s’effectue normalement grâce au rendement de l'investissement dans les différents projets financés. C’est là que le plein effet de la crise immobilière se fait sentir. Selon Gavekal Research, le rendement des actifs associés aux projets du LGFV n’était que de 0,4 % l’an dernier.

Pékin a toujours refusé d’intervenir, d’accorder une aide financière aux municipalités et même de leur imposer des limites budgétaires rigides. Le besoin a rarement été là tant l’économie chinoise roulait à plein régime. Les problèmes financiers ne semblaient que passagers.

Mais face aux dettes exacerbées par la pandémie, au ralentissement de l’économie et à une crise immobilière qui pourrait être l'une des pires de l’histoire selon des analystes, que faire maintenant? Intervenir ou laisser les municipalités se débrouiller seules avec leurs défauts de paiement?

Chose certaine, un grand nombre de Chinois craignent d’en faire les frais.

Les craintes de réduction de salaire et d’avantages sociaux remontent à la surface et osent s’exprimer publiquement. Des enseignants ont récemment publié une lettre ouverte dans laquelle ils disaient ne pas avoir été payés pendant des années.

En réponse au tollé, les autorités ont expliqué qu’il s’agissait d’un problème temporaire interne.

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