Comment Constance Pascal est-elle devenue la première femme aliéniste en France ?

Lithographie datant de 1857. Huit femmes présentant des troubles psychiatriques durant le XIXe siècle, à la Salpêtrière, à Paris - d'apr. Armand Gautier - Domaine public.
Lithographie datant de 1857. Huit femmes présentant des troubles psychiatriques durant le XIXe siècle, à la Salpêtrière, à Paris - d'apr. Armand Gautier - Domaine public.
Lithographie datant de 1857. Huit femmes présentant des troubles psychiatriques durant le XIXe siècle, à la Salpêtrière, à Paris - d'apr. Armand Gautier - Domaine public.
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Constance Pascal, roumaine émigrée en France pour pouvoir étudier la médecine et devenir médecin apporta une contribution importante aux progrès de la psychiatrie, mais aussi à la lutte pour que les compétences des femmes soient reconnues.

Parmi les mesures libérales adoptées à la fin du XIXe siècle par la IIIe République, l'une des plus importantes fut la possibilité pour les femmes d'accéder à l'enseignement supérieur. Cette innovation attira un petit nombre d'étudiantes étrangères qui ne pouvaient pas poursuivre leurs études dans leur pays. La plus célèbre d'entre elle fut bien sûr Marie Curie, qui quitta sa Pologne natale pour s'inscrire à la Sorbonne. Une autre femme joua un rôle pionnier dans son domaine. Il s'agit de Constanza Pascal, née en Roumanie en 1877. Issue de l’aristocratie terrienne roumaine, la tradition patriarcale dans laquelle elle fut élevée lui interdisait de s'orienter vers la carrière médicale dont elle rêvait. Contre l’avis de son père, elle émigra à Paris en 1897 et s'inscrivit à la faculté de médecine. Ayant choisi la psychiatrie comme spécialité, elle présenta - en 1905 - une thèse intitulée « Les formes atypiques de la paralysie générale ».

Constanza Pascal, née en Roumanie, émigre à Paris pour étudier la médecine

Mais comme le milieu médical était alors complètement dominé par des hommes, elle eut beaucoup de mal à faire reconnaître ses compétences. A celà s'ajoutèrent les obstacles auxquels elle se heurta en raison de sa nationalité étrangère. Ce n'est qu'après sa naturalisation, obtenue en 1907, qu'elle put passer le concours qui lui permit de diriger l’asile de Clermont-l’Oise, le plus grand de France. Elle fut ainsi la première femme ayant accédé à un tel poste. Ce qui lui donna la possibilité d'expérimenter de nouvelles pratiques de soins, en interdisant notamment les châtiments corporels et la camisole de force.

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Constance Pascal mit à profit le savoir empirique issu de sa pratique professionnelle pour poursuivre des recherches sur la démence précoce. Sa connaissance de la langue allemande lui permit de tisser des liens avec le psychiatre Emil Kraepelin, qui joua un rôle essentiel dans la mise au jour de cette maladie. La lecture des écrits de Jung, de Freud et de Ribot l'incita néanmoins à relativiser les causes organiques de la démence précoce, privilégiées par Kraepelin, pour prendre davantage en compte les facteurs psychologiques. Après la Première Guerre mondiale, Constance Pascal occupa un poste de "médecin chef des services des femmes" à l’asile de Châlons-sur-Marne. Elle réussit à y ouvrir un service pour les enfants des deux sexes, anormaux ou aliénés, et à transformer l'asile en un institut médico-pédagogique. (...)

Bibliographie :

Felicia Gordon, Constance Pascal, Une pionnière de la psychiatrie française (1877-1937) Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Danièle Faugeras, éd. des Femmes, Antoinette Fouque, 2023
[Authority, Femininity and Feminism in French Psychiatry, University of London, 2013.]

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