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Reportage

Liban: «tenue décente» requise sur la plage de Saïda

Alcool interdit, « tenue décente » requise, autrement dit : pas de maillot féminin. Ces règles érigées par la mairie de Saïda sont inscrites à l’entrée de la plage publique de la ville, située au sud de Beyrouth. C’est sur cette plage, à la mi-mai 2023, que deux baigneuses avaient été chassées par des hommes menés par deux cheikhs radicaux, parce qu’elles étaient en maillot. Cet incident a divisé le Liban. À Saïda, ville à majorité musulmane et conservatrice, le maillot est officieusement proscrit depuis des décennies sur la plage publique.

Sur une plage au Liban (image d'illustration).
Sur une plage au Liban (image d'illustration). AFP - JOSEPH EID
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Avec notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan

Sur la plage publique de Saïda, hier, mardi 13 juin, une majorité d’hommes, en maillot, et une poignée d’adolescentes qui se baignent tout habillées. Assis devant la mer, le jeune Ahmad est ravi du retour au statu quo, et intransigeant : « C’est connu, ici, c’est une plage populaire, dans une région à majorité musulmane. Il y a plein de plages au Liban ; que celles qui veulent porter le maillot aillent sur une qui leur convienne. Mais ici, le maillot n’est pas autorisé, il faut le respecter. »

Autres priorités

Sous un parasol, Mohamad, 50 ans, affirme lui aussi être contre le port du maillot pour les femmes, mais il condamne l’intimidation en mai des baigneuses par des islamistes. Il estime que Saïda a d’autres priorités que cette polémique : « Au lieu de parler du maillot, les gens feraient mieux de nettoyer la plage de tous les déchets qui trainent. Où est le cheikh qui a fait des problèmes ? Il accepte cette vue ? Qu’il vienne et nettoie. Et pareil pour les partisans du maillot ! »

La « liberté personnelle de chacun »

Déjà bronzé en ce début d’été, Fadi déplore le verrouillage du débat : « Ici, les hommes portent un short de mer, les femmes, soit un cycliste, soit une abaya. Saïda est attachée aux traditions. Mais je suis contre la décision de la mairie. La tenue, cela tient de la liberté personnelle de chacun ». Malgré son désaccord, il ne boycottera pas la plage : son accès est gratuit, un bienfait, dit-il, en temps de crise.

>> À lire aussi : Reportage au Liban: l’entreprenariat des femmes en temps de crise

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