La France exclue de la réunion des « Amis du renouvelable » de l’UE

Avant la réunion des ministres de l’Énergie qui se tient aujourd’hui à Luxembourg, 14 pays se sont réunis pour discuter des énergies renouvelables, mais la France n’était pas présente. [Union européenne]

La France n’a pas été invitée à une réunion des pays favorables aux énergies renouvelables lundi (19 juin) après que Paris a retardé l’adoption de la directive de l’UE sur les énergies renouvelables, a déclaré un diplomate européen à EURACTIV.

Le rassemblement des «  Amis du renouvelable  » a eu lieu lundi matin, en amont d’une réunion des 27 ministres de l’Énergie de l’UE à Luxembourg.

Les ministres de 14 pays — le Luxembourg, l’Autriche, l’Espagne, la Grèce, Malte, le Danemark, l’Estonie, le Portugal, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Lettonie, la Slovénie, l’Irlande et la Belgique — étaient présents aux côtés de la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson.

Cependant, alors que la France avait fait part de son intention de rejoindre le groupe, elle n’a pas reçu d’invitation à cette réunion.

«  Il est évident que nous accueillons tous ceux qui soutiennent réellement les énergies renouvelables et qui prennent le déploiement des énergies renouvelables au sérieux  », a déclaré à EURACTIV un diplomate européen. Mais «  après avoir retardé la directive sur les énergies renouvelables, la France n’a pas été invitée à la réunion d’aujourd’hui  », a-t-il ajouté.

La France participera à la prochaine réunion des « Amis du renouvelable »

La ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a confié mardi (16 mai), en marge d’une réunion de l’« alliance du nucléaire », que la France participera à la prochaine réunion du groupe des « amis du renouvelable ».

Un blocage «  négligent  »

La France, soutenue par d’autres États membres pro-nucléaires, a bloqué l’adoption de la nouvelle directive européenne sur les renouvelables (RED) le mois dernier, craignant que les règles relatives à l’hydrogène renouvelable ne nuisent à la production d’hydrogène à faible teneur en carbone à partir de l’énergie nucléaire.

L’accord sur la nouvelle directive a été débloqué vendredi (16 juin) après que Paris a obtenu des garanties supplémentaires sur le nucléaire ainsi que sur la production d’ammoniac dérivé de l’hydrogène à faible teneur en carbone.

« Le blocage de la RED par la France était négligent », étant donné la rapidité du déploiement des énergies renouvelables, a déclaré la ministre autrichienne Leonore Gewessler, instigatrice du groupe des «  Amis du renouvelable  ».

Selon elle, le blocage français, alors même qu’un accord politique avait été trouvé avec le Parlement européen et la Commission européenne a ébranlé les « fondations de l’UE », a-t-elle déclaré lundi matin.

Accord sur la directive renouvelable : la France est enfin satisfaite

Les 27 ont trouvé un compromis vendredi (16 juin), pour satisfaire les intérêts français sur le nucléaire, sans qu’il soit nécessaire de rouvrir les négociations sur la directive renouvelable.

Subventions pour le charbon

Selon le ministre luxembourgeois de l’Énergie, Claude Turmes, la réunion des pays favorables aux énergies renouvelables visait à obtenir une décision rapide sur la directive relative aux énergies renouvelables, qui n’a pas encore été finalisée.

La réunion du groupe favorable aux énergies renouvelables visait également à coordonner les positions sur la réforme du marché de l’électricité de l’UE, a-t-il déclaré.

Certains ministres de l’UE s’inquiètent d’un ajout récent au texte de compromis sur la réforme du marché de l’électricité, qui ouvre la possibilité de subventionner les centrales au charbon en tant que générateurs d’électricité de secours au-delà de 2025.

Ces régimes de subvention — connus sous le nom de mécanismes de capacité — ont été réglementés en 2018 par une règle interdisant les subventions aux centrales électriques qui émettent plus de 550 grammes de CO2 par kilowattheure.

La Pologne a demandé une dérogation temporaire à cette règle au-delà de 2025, afin de réduire le volume de gaz naturel consommé par le secteur de l’électricité et de fournir une capacité de base en tant que secours pour éviter les pannes d’électricité.

«  Vendredi, la présidence suédoise a fait quelque chose de vraiment étonnant qui affaiblit notre politique climatique en accordant à la Pologne une dérogation à la règle des 550 grammes, ce qui signifie rouvrir la possibilité de subventionner les centrales électriques au charbon  », a indiqué M. Turmes.

« Je pense qu’un grand nombre de pays rejetteront cette proposition de la présidence suédoise », a-t-il affirmé.

Les ministres de l’UE espèrent se mettre d’accord sur leur position de négociation sur la réforme d’ici la fin de la journée de lundi. En parallèle, la directive RED devrait être bientôt approuvée et intégrée dans la législation européenne.

Directive sur les énergies renouvelables : la présidence suédoise veut sortir de l’impasse

La présidence suédoise du Conseil de l’UE prévoit de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la directive sur les énergies renouvelables grâce à un nouvel ajout au texte visant à apaiser les inquiétudes de la France concernant le nucléaire.

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