Vêtu d’une veste de costume élimée sur un pantalon de jogging noir, Francesco Tolli se tient devant une église de Krefeld, dans le nord-ouest de l’Allemagne. “Francesco est mendiant. Pour survivre, il compte sur la charité des gens”, précise Die Zeit.

Une charité qui semble s’amenuiser dans cette ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Depuis mars dernier, “la mairie a imposé une interdiction de la mendicité dans le centre-ville”, pointe l’hebdomadaire allemand. Seule la mendicité silencieuse demeure possible. “Tendre la main et se taire”, résume le titre.

Difficile de savoir où s’arrête la mendicité silencieuse et ou commence la “manche active”. “Un simple carton portant un appel à l’aide constitue-t-il un acte trop ostentatoire ?” interroge Die Zeit. La municipalité de Krefeld n’a, pour l’instant, pas de réponse à la question. La ville rappelle toutefois que “selon la municipalité, les plaintes de riverains et de commerçants se sont multipliées contre des mendiants agressifs et toxicomanes”.

À la suite de la décision municipale, en mars dernier, Francesco Tolli a porté plainte auprès du tribunal administratif de Düsseldorf, arguant que la mendicité était un droit humain. “La ville a dû suspendre son arrêté d’interdiction de la mendicité en attendant une décision finale”, note le titre, avant d’ajouter : “L’affaire pourrait remonter jusqu’au tribunal administratif supérieur.”

“17 millions de gens menacés”

Dans un communiqué de presse publié en mai 2023, l’Office allemand de la statistique souligne qu’“en 2022 près de 17,3 millions de gens en Allemagne étaient menacés par la pauvreté et le déclassement social”. Face à ce chiffre en constante augmentation, l’interdiction de la mendicité active semble un acte dérisoire. Une stratégie que dénonce Christoph Butterwegge, chercheur sur la pauvreté à Cologne, cité par l’hebdomadaire.

“C’est une façon de lutter contre les pauvres, pas contre la pauvreté.”

Selon le politologue, l’Allemagne aurait tout intérêt à entreprendre une restructuration de son système social. À commencer par “la création de centres de soins et l’attribution de logements pour les SDF”, liste Die Zeit.