À Vienne, une solution pérenne pour que l'eau coule à flots

Grâce à son système séculaire d'approvisionnement en eau, la capitale autrichienne envisage l’été – et les décennies prochaines – avec sérénité ©AFP - ALEX HALADA
Grâce à son système séculaire d'approvisionnement en eau, la capitale autrichienne envisage l’été – et les décennies prochaines – avec sérénité ©AFP - ALEX HALADA
Grâce à son système séculaire d'approvisionnement en eau, la capitale autrichienne envisage l’été – et les décennies prochaines – avec sérénité ©AFP - ALEX HALADA
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Alors que la sécheresse frappe de nombreuses régions en Europe, la capitale autrichienne ne prévoit aucun rationnement en eau potable dans les décennies à venir. La raison ? Un immense domaine qu’elle a sanctuarisé, lui permettant d’avoir accès à une eau pure, en abondance et à moindre coût.

À une centaine de kilomètres depuis Vienne, Kaiserbrunn est situé entre deux sommets alpins, au cœur du domaine que la ville a acquis voici plus d’un siècle. Dans cette zone vaste comme la capitale autrichienne, pas d’industrie, ni de commerces, et quasiment aucun tourisme. Tout est fait pour préserver les 70 sources d’eau potable qui s’y trouvent.

La Kaiserbrunnquelle est la première source alpine à avoir alimenté la ville de Vienne en eau et qui continue de le faire cent cinquante ans plus tard. Hans Tobler veille avec le plus grand soin sur cette richesse.

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"Cette eau potable provient des précipitations, qu’il s’agisse de la pluie en été ou de la neige en hiver, explique ce collaborateur de la compagnie municipale des eaux Wiener Wasser. Les précipitations se déposent à la surface de la montagne et cette terre, cette couche de humus, permet une première filtration naturelle. Après s'être infiltrée dans ce sol, l'eau cherche son chemin à travers la montagne."

Pente naturelle

"Nous effectuons ensuite un contrôle en plusieurs étapes. Cela nous permet, en cas de besoin, de sélectionner l'eau de source que nous prenons car la quantité disponible est bien plus importante que celle dont la ville de Vienne a besoin. La source de Kaiserbrunn a en ce moment un débit d’environ 1 000 litres par seconde et nous n’envoyons actuellement que la moitié vers Vienne."

À Wildalpen, en Autriche, un des nombreux aqueducs qui acheminent l'eau de source qui irrigue Vienne.
À Wildalpen, en Autriche, un des nombreux aqueducs qui acheminent l'eau de source qui irrigue Vienne.
© AFP - JOE KLAMAR

L’eau quitte ensuite cet espace pour commencer sa route jusqu’à Vienne. Elle rejoindra l’un des 31 réservoirs de l’agglomération, selon un ingénieux système, mis en place lui aussi sous l’empire austro-hongrois, qui n’émet aucune émission de CO2.

"L'eau en provenance des Alpes a un grand avantage : elle peut venir jusqu'aux portes de Vienne sans pompage, poursuit Hans Tobler. Le système tout entier a été conçu de manière très ingénieuse avec une pente continue. Le canal de distribution a été construit de 1870 à 1873 par plus de 10 000 ouvriers. La conduite et l'altitude ont été calculées très précisément pour pouvoir arriver le plus haut possible à Vienne afin que l'eau puisse être distribuée depuis les réservoirs jusqu'aux consommateurs là encore par gravité."

Ressource pléthorique

Et au bout de cette chaîne, ce sont 2 millions de Viennois qui en profitent. Ils consomment chacun 130 litres d’eau courante par jour, pour un prix très abordable. D’une qualité exceptionnelle, cette eau est également accessible grâce aux 1 300 fontaines disposées dans l’espace public.

Mais Vienne prépare d’ores et déjà l’avenir. La municipalité a adopté une stratégie jusqu’à 2050, qui table sur une hausse de la consommation de 15 % en raison de la croissance de la ville et du réchauffement climatique.

La Méthode scientifique
58 min

"Pour nous, précise Jürgen Czernohorszky, adjoint à l’environnement, la question est la suivante : que devons nous faire pour continuer à garantir ce bien précieux qu'est l'eau à Vienne dans les décennies à venir, sans qu'il soit nécessaire de la rationner ?"

Sa réponse : "Nous prévoyons d’une part de mieux utiliser et d’optimiser les sources qui fournissent de l’eau à Vienne et d’autre part d’augmenter fortement les capacités de stockage, les réservoirs. En plus de cela, nous investissons chaque année des dizaines de millions d'euros pour rénover les canalisations afin de ne pas avoir de pertes."

L’accès à l’eau potable est même garanti dans la constitution de la ville. Une manière de s’assurer que ce service restera public.

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