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Défense : l'Allemagne doit trouver plus de 30 milliards pour tenir sa promesse à l'Otan

Le chancelier Olaf Scholz a annoncé que Berlin respecterait dès l'an prochain son engagement à dépenser 2 % de son PIB pour la défense. Comment ? La question divise jusque dans les rangs de la coalition au pouvoir.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, est intervenu jeudi devant le Bundestag en amont du Conseil européen des 29 et 30 juin.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, est intervenu jeudi devant le Bundestag en amont du Conseil européen des 29 et 30 juin. (Odd ANDERSEN/AFP)

Par Ninon Renaud

Publié le 22 juin 2023 à 17:58Mis à jour le 22 juin 2023 à 19:13

En visite lundi à Berlin, le secrétaire de l'Otan, Jens Stoltenberg, a exigé du gouvernement allemand qu'il concrétise son engagement de dépenser 2 % de son PIB pour la défense. Une promesse couchée de fait noir sur blanc dans la nouvelle stratégie nationale de sécurité du pays. Jeudi, le chancelier Olaf Scholz a fait un pas supplémentaire en annonçant que ce niveau serait atteint dès l'an prochain.

« C'est une bonne chose que la coalition prenne le sujet de la défense au sérieux », se félicite Reinhard Brandl, élu de l'opposition sociale-chrétienne et membre de la commission de la défense au Bundestag. « Toute la question est de savoir comment elle va faire pour respecter cet objectif très ambitieux », prévient-il, attendant avec impatience le projet de budget 2024, prévu le 5 juillet.

Il manque 31 milliards d'euros

Les 2 % représentent 84 milliards d'euros, tandis que le gouvernement prévoirait seulement 53 milliards pour le maroquin de la Défense. Il manquerait donc… 31 milliards. Le gouvernement a deux leviers : il peut puiser dans le fonds de modernisation de la défense de 100 milliards, ou augmenter l'enveloppe budgétaire du ministère dirigé par le social-démocrate Boris Pistorius.

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Cependant, ces deux leviers sont contraints. Selon nos informations, le ministère des Finances ne prévoirait de puiser que 11 milliards d'euros dans le fonds de modernisation en 2024, il manquerait donc 20 milliards. Cette poche d'argent ne peut, en effet, être sollicitée que pour financer des produits disponibles. Or, la plupart des contrats d'armement ne se réaliseront qu'après 2027, indique une source proche du dossier.

Un petit tour de passe-passe pourrait élargir le recours à ce fonds : les achats directs entre Etats, comme le F-35 ou les hélicoptères de transport lourds, peuvent être comptabilisés immédiatement et autoriser un tirage. La porte-parole pour la politique de sécurité du groupe écologiste au Bundestag, Sara Nanni, se montre confiante et assure que le fonds couvrira l'essentiel des besoins jusqu'en 2025.

Le débat budgétaire s'annonce houleux

Mais Henning Otte, vice-président (CDU, opposition) de la commission de la défense au Bundestag, se montre d'autant plus sceptique que l'inflation, la TVA et les premières dépenses ont déjà amputé d'un tiers le fonds. En outre, le chef de la CDU, Friedrich Merz, a rappelé à Olaf Scholz jeudi devant le Bundestag que son parti n'avait donné son feu vert au fonds de 100 milliards qu'à la condition qu'il ne soit pas utilisé pour atteindre l'objectif de 2 %, mais qu'il s'y ajoute.

« Une approche plus durable consisterait à augmenter le budget de la Défense », renchérit Henning Otte. Une hausse sensible en période de disette budgétaire, comme la réclame aussi Boris Pistorius, se heurte cependant à l'opposition des Verts, membres de la coalition gouvernementale. Ils exigent des réformes structurelles pour mieux contrôler l'utilisation et l'efficacité des fonds, au sein d'un ministère où la concrétisation des commandes peut prendre plus de dix ans.

« La sécurité ne dépend pas que des dépenses militaires, il faut garder des moyens pour la diplomatie ou l'aide au développement », ajoute Sara Nanni. La solution budgétaire sans endettement ni hausse d'impôts, qui doit être présentée par le ministre des Finances, Christian Lindner, dans deux semaines, promet donc un vif débat, y compris au sein de la coalition. « Nous ne sommes plus en temps de paix, et le chancelier n'a pas de vision pour financer durablement le pays en temps de guerre. C'est à lui de fixer la politique fiscale », tacle Sara Nanni.

Ninon Renaud (Correspondante à Berlin)

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