Les agressions et les incivilités en hausse contre les élus

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    Illustration élections municipales, maire MAXPPP - Pierrick DELOBELLE
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l'essentiel Ce dimanche 25 juin, une manifestation de soutien aux élus s'est déroulée dans un contexte de hausse des agressions et incivilités à leur égard 

Devant la difficulté de mesurer précisément le volume des actes d’agression et d’incivilité et l’inégalité des suites judiciaires apportées et un an après la mort tragique du maire de Signes, Jean-Mathieu Michel, renversé par une camionnette après être intervenu pour tenter de mettre fin à un dépôt sauvage de gravats, l’Association des maires de France (AMF) a mis en place en octobre 2020, avec le soutien des 103 associations départementales de maires, un dispositif permettant une remontée d’information la plus systématique et fiable possible.

+32% l'année dernière

En 2022, les atteintes aux élus municipaux ont augmenté de 15 % selon cet observatoire, qui chiffre à 1 500 le nombre d’agressions d’élus liées aux fonctions qu’ils exercent. 50 % des élus sont victimes d’outrages, 40 % de menaces et 10 % de violences volontaires.

Entre 2021 et 2022, les atteintes verbales ou physiques à l’encontre des élus locaux, notamment les maires et leurs adjoints, ont augmenté de 32 %, passant de 1 720 à 2265, a indiqué David Lisnard, président de l’AMF.

Face à cette situation et après la démission du maire de Saint-Brévins-les-Pins, Yannick Morez, menacé par des militants d’extrême droite et qui a vu sa maison et ses voitures incendiées, le gouvernement a annoncé "de nouvelles mesures pour protéger les élus locaux", notamment la création du centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus et la mise en place d’un "pack sécurité" riche de plusieurs mesures dont la création d’un réseau de plus de 3 400 référents "atteintes aux élus" dans toutes les brigades de gendarmerie et les commissariats.

Les Français veulent un renforcement des sanctions

Interrogés par Odoxa en mai pour Public Sénat et La Dépêche, près des deux-tiers des Français (63% contre 36%) pensent que la sécurité des maires n’est pas bien assurée en France. Ils estiment que la sécurité des députés et sénateurs (70%), de leurs permanences (56%), mais aussi, plus globalement la sécurité globale des résidences personnelles des élus (57%) est « bien assurée en France ». Sur ce dernier point, sans doute pensent-ils encore davantage aux parlementaires qu’aux maires. En effet, la seule exception concerne leurs élus préférés, les élus locaux (maires, conseillers municipaux, départementaux, régionaux…) : près de deux Français sur trois (63% vs 36%) pensent que leur sécurité globale est mal assurée.

Les Français et la sécurité des élus.
Les Français et la sécurité des élus. DDM - Philippe Rioux

Récemment, la très forte médiatisation de l’incendie des véhicules et d’une partie de la maison du maire de Sant-Brévin contribue sans
doute à ce sentiment. Mais plus globalement, c’est probablement parce qu’ils aiment leurs élus locaux et savent qu’ils sont très souvent à
portée "d’engueulade" voire plus, qu’ils s’inquiètent pour leur sécurité", estime Gaël Sliman, président d’Odoxa.

Conséquence logique de cette inquiétude pour la sécurité de leurs élus locaux, les Français se montrent très favorables au projet du
gouvernement consistant à renforcer les sanctions pénales pour les auteurs de violences faites aux élus "en les alignant sur celles faites
aux personnels en uniforme (gendarmes, policiers, pompiers…)".

"81% des Français se disent favorables à cette mesure et le consensus politique est total sur le sujet avec une adhésion oscillant de 87% chez les sympathisants du PS à 79% chez ceux du RN en passant par 98% chez ceux de Renaissance. Le seul relatif bémol dans le plébiscite de cette loi concerne les sympathisants de la France Insoumise qui ne sont qu’une plus courte majorité de 57% vs 43% à y être favorables", note Odoxa

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