LAICITELe Conseil d’Etat penche en faveur du hijab sur les terrains de football

Football : Le rapporteur public du Conseil d’Etat favorable au hijab sur les terrains

LAICITELe Conseil d’Etat a examiné un recours des « Hijabeuses » contre l’article 1 du règlement de la FFF, qui leur interdit de jouer voilées lors des compétitions
Des membres du collectif les « Hijabeuses », à Paris le 24 février 2022.
Des membres du collectif les « Hijabeuses », à Paris le 24 février 2022. - JEANNE ACCORSINI / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La question du hijab sur les terrains de football s’invite au Conseil d’Etat. Celui-ci a examiné lundi un recours des « Hijabeuses » contre la Fédération française de football (FFF) qui leur interdit de jouer voilées lors des compétitions.

Le collectif conteste devant la justice l’article 1 du règlement de la FFF qui interdit depuis 2016 « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ».

Une décision attendue d’ici trois semaines

Lors de l’audience, le rapporteur public, Clément Malverti, qui dit le droit et dont l’avis est généralement suivi, a recommandé l’annulation de cet article 1. La décision sera rendue d’ici trois semaines.

Si Clément Malverti a estimé que la question pouvait se poser pour les joueuses sélectionnées en équipe de France, où elles représentent « la Nation » et effectuent « une mission de service public », elle est « autrement plus discutable » pour les autres joueuses licenciées de la FFF. Il a commencé par rappeler la « distinction fondamentale » entre agents du service public, auxquels le principe de « neutralité » s’applique, et les usagers, « libres » de manifester leurs convictions tant qu’ils ne troublent pas l’ordre public.

Des joueuses portant le voile de facto « exclues »

Il n’y a ni « prosélytisme », ni « provocation » dans le seul port du hijab, et aucune « exigence de neutralité » pour les joueuses licenciées de la FFF, a déclaré Clément Malverti. Avec le règlement actuel de la FFF, qui a le « monopole » sur l’organisation des matchs, les joueuses portant le voile sont de facto « exclues » et doivent « renoncer à toute compétition et toute carrière ».

L’avocat de la FFF a, lui, soutenu qu’il fallait au contraire « consacrer l’exigence de neutralité pour l’ensemble des joueurs ». « Ce qui est recherché, c’est l’importation dans le football de revendications communautaires », a poursuivi Me Loïc Poupot, estimant que les compétitions s’étaient toujours disputées en « des termes neutres », avec des sportifs que seule la couleur du maillot distinguait, et que le règlement de 2016 n’avait fait que graver dans le marbre cette réalité.

Les « Hijabeuses » attendent avant de « crier victoire »

Il n’y a aucune « exigence de neutralité » pour les joueurs de football, et le football est « truffé » de signes d’appartenance religieuse, a martelé le rapporteur public, citant la « croix de Malte » sur les maillots des joueurs d’Auxerre ou encore les joueurs qui font le signe de croix en entrant sur le terrain. Il a aussi noté que la FIFA et « l’ensemble des fédérations sportives internationales » autorisaient le port du hijab en compétition.

Se refusant à « crier victoire » trop vite, l’avocate du collectif, Me Marion Ogier, s’est réjouie en marge de l’audience des conclusions du rapporteur public. Elle a espéré que le Conseil d’Etat, en prenant sa décision, ne fasse « du droit, rien que du droit » sans se laisser influencer par la « politique ». Une dizaine de Hijabeuses était venue assister à l’audience.

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