Pourquoi s'intéresser à l'histoire du phallus dans l'Antiquité ?

Les lois de l'époque victorienne interdisaient les reproductions de tout ce qui était jugé "indécent" ou "obscène" parce qu'elles étaient considérées comme des évocations de la sexualité. Cette pudibonderie a eu des effets négatifs pour la recherche. Beaucoup de documents anciens représentant des images d'organes génitaux humains ont été détachés, en effet, de leurs contextes matériels d'origine, enfermés dans les "cabinets secrets" des musées et cachés à la vue du public.

La fonction symbolique de phallus dans l'Antiquité n'était pas d'alimenter des représentations obscènes

Il existe en France un grand nombre de petites revues spécialisées qui jouent un rôle essentiel dans le progrès des connaissances historiques même si elles sont ignorées, le plus souvent, du grand public. La revue Archimède, publiée par l'université de Strasbourg et consultable en ligne a consacré un  Hors Série aux représentations du phallus dans l'Antiquité. L'objectif du dossier publié par la revue Archimède était de combler les lacunes de la recherche sur les parties sexuelles du corps, en prenant pour objet les représentations du phallus en Égypte, en Asie Mineure, en Grèce et dans l'Empire romain. Le but étant de mieux comprendre les significations culturelles et les fonctions rituelles associées à ces images. Ces recherches montrent les multiples usages symboliques que les gens de ces époques lointaines pouvaient faire du phallus dans les pratiques funéraires mortuaires ou médicales, mais aussi dans les rituels de la procréation et de la fertilité. Le phallus jouait aussi un rôle important dans les conventions inventées pour distinguer les enfants des adultes ou pour susciter le rire et détourner le mauvais œil. (...)

La fonction symbolique du phallus apparaît bien, par exemple, dans le mythe d’Osiris, assassiné, puis démembré par Seth, le dieu de la confusion, du désordre et de la perturbation. Le mythe raconte que les organes génitaux d'Osiris furent dévorés par des poissons du Nil, ce qui nous éclaire sur les valeurs que les Egyptiens attribuaient alors à cet organe. Symbole de la virilité et de la fécondité, le phallus pouvait se transformer pour devenir un instrument de domination et de violence dans le cadre des luttes pour le pouvoir royal. (...)

Bibliographie

Claire Camberlein, (dir), Le phallus dans l’Antiquité. Imaginaires, pratiques et discours, représentations, de la revue publiée par l'université de Strasbourg,  Archimède. Archéologie et histoire ancienne, Hors-Série n°2, 2022.

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