À première vue, la vidéo qui agite depuis plusieurs jours les réseaux sociaux allemands n’a rien d’extraordinaire. On y voit un homme, le crâne rasé, sortir des ballons bleus du coffre de sa voiture pour les distribuer aux enfants d’une crèche du Land de Thuringe, dans le centre de l’Allemagne.
Mais à y regarder de plus près, note Der Spiegel, on s’aperçoit qu’il est vêtu d’un tee-shirt glorifiant la Wehrmacht et d’un pantalon “aux couleurs du IIIe Reich”. Sur le coffre de son véhicule, l’inscription des volontaires antimigrants “expulseur bénévole” est aussi reconnaissable.
Sonntag wurde in #Sonneberg ein #AfD’ler zum Landrat gewählt. Montag verteilte ein #Neonazi in Kindergarten der Region übrig gebliebene Luftballons der AfD. Auf seinem Auto „Ehrenamtlicher Abschiebehelfer“. Auf seinem T-Shirt Aufdruck „Wehrmacht wieder mit“.
— Katharina König-Preuss 🍓 (@KatharinaKoenig) June 27, 2023
Es ist nur krass. pic.twitter.com/hvQA0qcQDb
L’événement est d’autant plus marquant que la scène a eu lieu après la victoire historique d’Alternative pour l’Allemagne (AfD) à Sonneberg, en Thuringe. Le politique Robert Sesselmann y est devenu le 25 juin le premier représentant de district affilié au parti d’extrême droite.
Or la couleur des ballons distribués par l’homme de la vidéo rappelle beaucoup celle de la formation politique.
Militant actif
Ce dernier “s’appelle Daniel W. et est un militant de l’AfD”, précise l’hebdomadaire de Hambourg, dans une enquête menée conjointement avec le radiodiffuseur Mitteldeutscher Rundfunk.
“Il apparaît en photo aux côtés de hauts fonctionnaires thuringeois comme Björn Höcke […] et partage régulièrement du contenu raciste, ainsi que des publications de l’AfD sur Facebook.”
Mais il est aussi “un militant actif de la scène néonazie allemande”, où il a entretenu des contacts avec la NSU (Clandestinité nationale-socialiste), une cellule terroriste qui “a perpétré des attentats à la bombe ayant fait plusieurs blessés, commis des vols à main armée et assassiné une dizaine de personnes” dans les années 2000.
“Pendant son service militaire, au début des années 2000, il était dans le collimateur des services de contre-espionnage”, ajoute le Spiegel. Il compterait à son actif une rixe de motards et au moins une dizaine de bagarres contre des étrangers, qu’il se vante d’avoir “gagnées pour la plupart”. Par le passé, il aurait également défendu certaines idées d’Adolf Hitler, comme l’extermination des personnes en situation de handicap.
Le 27 juin, Daniel W. a publié sur Facebook un message d’excuse, après l’épisode des ballons. “C’est vrai, je n’étais pas habillé comme il faut (suivi d’un émoji triste et d’un émoji en colère), mais je ne voulais aucun mal à ces enfants.” Une enquête a été ouverte par les autorités allemandes.
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