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Mort de Nahel : le policier mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire

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Conformément aux réquisitions du parquet, le policier, auteur du tir qui a tué le jeune Nahel, 17 ans, mardi à Nanterre, a été mis en examen ce jeudi soir. Cet homme de 38 ans a également été placé en détention provisoire. Il va faire appel de ces décisions, annonce son avocat.

Le policier auteur du tir mortel contre Nahel a été mis en examen ce jeudi soir et placé en détention provisoire Le policier auteur du tir mortel contre Nahel a été mis en examen ce jeudi soir et placé en détention provisoire
Le policier auteur du tir mortel contre Nahel a été mis en examen ce jeudi soir et placé en détention provisoire © Radio France - Grégoire Lecalot

Deux jours après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier mardi à Nanterre lors d'un refus d'obtempérer, l'auteur de ce tir a été mis en examen pour homicide volontaire ce jeudi soir, indique le parquet. Le policier de 38 ans, présenté à un juge dans la journée, a également été placé en détention provisoire à la prison de la Santé (14e arrondissement de Paris), à l'isolement. Les réquisitions du parquet de Nanterre, qui a ouvert une information judiciaire, ont donc été suivies. Le policier va faire appel "dès ce vendredi matin", annonce sur franceinfo son avocat Laurent Franck Liénard.

Une vidéo, publiée sur les réseaux sociaux et authentifiée par l'AFP, a montré qu'un des deux policiers tenait Nahel en joue, puis a tiré à bout portant. Le jeune conducteur est décédé peu de temps après avoir été atteint au thorax. Selon le procureur Pascal Prache, "les conditions légales d'usage de l'arme [n'étaient] pas réunies".

"Les conditions légales d'usage de l'arme [n'étaient] pas réunies"

D'après les premiers éléments de l'enquête, les deux policiers à moto ont voulu contrôler la voiture qui circulait à vive allure "sur une voie de bus" à Nanterre, a décrit le procureur. Ils ont fait signe au conducteur de s'arrêter à un feu rouge, mais celui-ci a redémarré. La voiture "a poursuivi sa route" suivi par les deux motards, avant de se retrouver coincée dans les embouteillages, selon le procureur.

Les deux policiers ont alors mis pied à terre et "crié au conducteur de s'arrêter" en se positionnant "sur le côté gauche" de la voiture, "l'un au niveau de la portière du conducteur, l'autre près de l'aile avant gauche", a ajouté le procureur.

Lors de leurs auditions, ils ont déclaré "avoir tous deux sortis leur arme" et les avoir "pointées sur le conducteur pour le dissuader de redémarrer", a-t-il indiqué. "Au moment où le véhicule a redémarré, le policier situé près de l'aile du véhicule a tiré une fois sur le conducteur", le touchant mortellement.

"La décision de justice était rendue avant même qu'on arrive"

Le policier va faire appel de sa mise en examen et de son placement en détention. "Pour quelqu'un qui a passé sa vie à essayer de faire appliquer la loi et de protéger les citoyens, se retrouver en prison est kafkaïen et schizophrénique", a estimé l'avocat Laurent Franck Liénard, qui ajoute que "la mort de ce jeune homme est un drame". Selon lui, "il faut se dégager de l'image et il faut se demander si le tir est légitime ou non. Ce n'est pas vrai de dire qu'il n'est pas en état de légitime défense".

Si le parquet de Nanterre dit "que les conditions légales d'usage de l'arme ne sont pas réunies", l'avocat dénonce le fait que "le procureur ne dit pas quelles sont les conditions qui ne sont pas réunies". "Son collègue était à l'intérieur de l'habitacle, donc il risquait d'être entrainé par la voiture", assure l'avocat, tout en indiquant que "le véhicule, quelques secondes avant, manquait d'écraser un piéton ou des cyclistes". "Il fallait stopper ce véhicule et la seule manière, c'était d'effectuer un tir sur le conducteur". "La décision de justice était rendue avant même qu'on arrive", a également dénoncé l'avocat, dénonçant "une pression médiatique, politique et de la rue".

La famille du jeune homme a déposé plainte pour "meurtre"

La famille de Nahel a déposé plainte ce jeudi pour "meurtre", "complicité de meurtre" et "faux en écriture publique aggravé", ont indiqué les trois avocats de la famille du jeune homme de 17 ans dans un communiqué.

Les avocats prennent "acte de l'ouverture d'une information judiciaire". Mais "nous déplorons que le procureur occulte la possible complicité d'homicide volontaire du second policier et les possibles faux en écritures publiques résultant des déclarations mensongères initiales du tireur qui avait affirmé que le jeune Nahel avait tenté de lui foncer dessus avec le véhicule".

Ainsi, pour le trio d'avocats, "il est indispensable que ce dossier fasse l'objet d'un dépaysement afin que des magistrats d'un autre tribunal puissent enquêter de manière objetcive, indépendante et impartiale".

La mère de Nahel a été interrogée ce jeudi sur France 5. "Je n'en veux pas à la police, j'en veux à une personne : celui qui a enlevé la vie de mon fils", a déclaré Mounia M. dans une interview à l'émission C à Vous. "J'ai des amis policiers, ils sont de tout cœur avec moi (...). Ils ne sont pas d'accord avec ce qu'il a fait".

Des violences dans plusieurs villes

La mort de Nahel a été suivie d'une flambée de violences, notamment en Île-de-France, qui sont montées d'un cran dans la nuit de mercredi à jeudi. Pour la seule nuit dernière, 180 personnes ont été interpellées, 170 policiers et gendarmes blessés, et plusieurs bâtiments publics "incendiés ou attaqués", selon le ministère de l'Intérieur. Plusieurs personnalités politiques ont appelé au calme. "J'appelle vraiment à un retour au calme, le plus rapidement possible", a plaidé Benoit Jimenez, maire de Garges-lès-Gonesse, où l'hôtel de ville a été incendié. La Première ministre Elisabeth Borne y a appelé à "éviter toute escalade".

Des écoles ont également été visées, comme à Tourcoing, Évreux (Eure) ou encore Halluin (Nord), et des commissariats à Rouen, Elbeuf (Seine-Maritime) et Trappes (Yvelines) pour ne citer qu'eux. À Amiens, une médiathèque a été "complètement détruite" par le feu.

À Nanterre, dans le quartier populaire Pablo-Picasso en particulier, les heurts ont duré jusqu'au milieu de la nuit, avec des jets de pavés, des cris "à mort les keufs!" et des tags "justice pour Nahel", auxquels les forces de l'ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène. Dans le département de Seine-Saint-Denis voisin, des sources policières ont fait état de feux multiples de voitures et magasins, de pillages, de commissariats attaqués ou de mairies dégradées.

Des incidents ont été déplorés également dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine, mais aussi ailleurs en France, à Lyon, Roubaix, Amiens et Nice, Dijon et Toulouse. Une marche blanche était organisée à Nanterre ce jeudi en hommage au jeune homme. Elle a été émaillée de heurts.

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