Humanity 1 a effectué plusieurs sauvetages de nuit, le 1er juillet 2023, en Méditerranée. Crédit : compte Twitter de SOS Humanity
Humanity 1 a effectué plusieurs sauvetages de nuit, le 1er juillet 2023, en Méditerranée. Crédit : compte Twitter de SOS Humanity

Le navire humanitaire de l'ONG allemande SOS Humanity a porté secours ce week-end à 200 personnes en mer Méditerranée lors de plusieurs opérations de sauvetage. Conformément à la législation italienne, le navire doit maintenant parcourir 1 300 km pour aller débarquer les exilés au port d’Ortona, dans les Abruzzes. Le capitaine avait demandé un port plus proche, en raison de malades à bord. En vain.

L'équipage du navire humanitaire allemand Humanity 1 a porté secours ces trois derniers jours à un total de 199 personnes perdues en mer Méditerranée, dont plus de 30 femmes et une quarantaine de mineurs. Les premières opérations de sauvetage ont commencé le vendredi 30 juin à la suite d'un repérage des Pilotes volontaires, une association qui aide les migrants en survolant la SAR zone (zone de recherche et de sauvetage) avec son avion Colibri pour repérer les embarcations en difficulté.

Cinq autres opérations suivront le jour suivant - dont quatre en l'espace de huit heures. "L'équipage est épuisé", a tweeté le navire humanitaire. Parmi les rescapés se trouvent également une femme enceinte et des malades. Deux migrants, dont l'état de santé était préoccupant, ont été évacués par les garde-côtes italiens.

Selon les premières informations, les embarcations - métalliques - secourues dans la nuit du 1er juillet dérivaient depuis au moins cinq jours. À bord, il n'y avait plus ni eau ni nourriture. Les survivants "ont bu de l'eau de mer", explique encore Humanity 1 sur son compte Twitter.

Le navire humanitaire allemand a reçu l'ordre de naviguer jusqu'à Ortona, dans les Abruzzes, en Italie, pour débarquer les rescapés. Le port se trouvait à 1 300 km du bateau à la date du 1er juillet. Humanity 1 n'a eu d'autre choix que de s'y conformer malgré les appels du capitaine pour obtenir un port plus proche.

En Méditerranée, les ONG sont désormais confrontées à de nouveaux décrets du gouvernement italien qui exhortent les navires humanitaires à rentrer immédiatement au port (assigné par les autorités) après un sauvetage. Ils n'ont plus le droit de stationner en zone SAR, ce qui les empêche de porter secours à d'autres embarcations en difficulté.

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Cette loi n'a d'autre objectif que de "maintenir les navires (...) hors de la zone de sauvetage pendant des périodes prolongées", avaient dénoncé, en janvier dernier, les ONG de sauvetages en mer, dans un communiqué conjoint.

Météo clémente

À la faveur d’une météo clémente, les tentatives de traversées en Méditerranée - et les opérations de secours menées par les ONG - sont nombreuses en ce moment. Le 25 juin, l’Aita Mari, un autre navire humanitaire a secouru 172 migrants en mer. Parmi les survivants se trouvait un petit garçon de trois ans qui avait fait la traversée seul, sans sa mère qui n'avait pas eu le temps de monter à bord.

Mardi 27 juin, l'Ocean Viking, le navire humanitaire de SOS Méditerranée, a porté assistance à 86 migrants "dans un canot pneumatique en difficulté" au large de la Libye. Au cours de cette même journée, le Geo Barents de Médecins sans frontières (MSF) avait débarqué à La Spezia, dans le nord de l'Italie, 13 migrants.

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Ces sauvetages interviennent alors que la Méditerranée est scrutée par l'Union européenne (UE), plus de deux semaines après le naufrage dramatique d'un chalutier provoquant la disparition de plusieurs centaines de migrants, au large du Péloponnèse, en Grèce.

La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). L'agence onusienne estime qu'en 2022, 1 417 migrants y ont disparu. Et depuis janvier, ce sont déjà 1 724 personnes qui ont perdu la vie dans ces eaux.

La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

 

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