Les femmes ont le pouvoir. Après l’échec du personnel politique, des répressions policières et des institutions, seules les femmes semblent en mesure d’apaiser les violences qui ont déchiré la France après l’abject assassinat d’un adolescent de 17 ans, Nahel, à Nanterre.
Dimanche 2 juillet, la première à prendre la parole a été la grand-mère du jeune homme, Nadia. Sur BFMTV, elle a appelé au calme.
“Les gens qui sont en train de casser, je leur dis : arrêtez. Qu’ils ne cassent pas les vitrines, qu’ils ne cassent pas les écoles, pas les bus. Arrêtez, c’est des mamans qui prennent les bus, c’est des mamans qui marchent dehors. […] J’ai confiance en la justice. […] Les policiers, heureusement qu’ils sont là.”
Le pacte républicain français, moribond par les temps qui courent, palpite donc encore dans certaines banlieues.
Grâce aux femmes qui font entendre leur voix, grâce à ces femmes que certains accusent de ne pas savoir élever leurs enfants. Et pourtant, [dimanche] soir, à Neuilly-sur-Marne, à 13 kilomètres à l’est de Paris, ce sont elles qui sont descendues dans la rue.
Trouver une solution
Ces femmes, elles sont presque toutes musulmanes aussi. Dans une vidéo Instagram devenue virale, trois d’entre elles, voilées, expliquent qu’elles ont décidé de se mobiliser et de parler avec les émeutiers, avec leurs enfants, pour trouver une solution.
Depuis quelques jours, tous les soirs, à 22 heures, elles se retrouvent devant une pharmacie du quartier et commencent une “ronde”. Lorsqu’elles rencontrent un casseur, elles lui parlent. Car à leurs yeux, c’est une question de responsabilité, qui est aussi la leur.
Ces mères font penser à ces trois femmes franco-africaines qui luttent contre leur destin de discriminées dans le grand roman Trois femmes puissantes, prix Goncourt 2009, de Marie Ndiaye, née d’un père sénégalais et d’une mère française.
Une aube de normalité s’est levée
Aujourd’hui, près de quinze ans plus tard, la France compte des centaines de femmes puissantes qui s’activent dans les banlieues pour éteindre la fureur qui s’est déclenchée la semaine passée.
Dimanche après-midi, à Aulnay-sous-Bois, non loin de Clichy-sous-Bois, où s’embrasèrent les émeutes de 2005, des dizaines de femmes ont improvisé une manifestation. Mères, grands-mères, jeunes filles, fillettes. Presque toutes des Françaises d’origine étrangère, beaucoup voilées.
Elles étaient là pour calmer les jeunes qui, la nuit, se battent contre tout et contre tous. Elles brandissaient des pancartes en scandant : “Justice aux victimes !”, “Stop aux casses !”, “Stop à la violence !”.
Grâce à ces femmes puissantes, à ces mères des banlieues oubliées de Paris, une aube de normalité s’est levée, après la tragédie de Nahel et une semaine de folie dévastatrice. Grâce à elles, la France peut recommencer à respirer.