À peine une heure avant de partir vers l’aéroport, une famille indienne qui craint d’être tuée si elle retourne dans son pays a évité son expulsion samedi dernier, après avoir obtenu de justesse un permis de séjour temporaire.
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«J’étais en train de finir nos bagages. Je vivais beaucoup de stress, mes enfants pleuraient. Puis, j’ai reçu l’appel qui a changé ma vie: notre déportation était annulée», raconte M. Singh avec une voix teintée par la joie au bout du fil.
Celui-ci demande encore à taire son prénom par crainte de représailles comme les procédures concernant son statut au Canada ne sont pas terminées.
L’agriculteur de 39 ans avait plié bagage avec sa femme, Mme Kaur, pour le Canada en 2017. Dans son pays, il avait été arrêté, torturé et menacé de mort par la police du Pendjab après avoir embauché sans le savoir un travailleur sur sa ferme, qui était recherché par les autorités pour terrorisme.
Asile refusé
La demande d’asile du couple, qui s’est depuis établi à Montréal et a donné naissance à deux enfants canadiens, a toutefois été refusée notamment à cause d’un manque de crédibilité. La déportation était prévue samedi soir, malgré la peur d’être tué en remettant le pied en Inde.
Après un article du Journal la semaine dernière, le député du Bloc Québécois Alexis Brunelle-Duceppe a pris les choses en main et multiplié les démarches auprès du gouvernement fédéral.
«On a un monsieur qui a peur de se faire tuer. Ses deux enfants sont nés ici, ils sont canadiens et n’ont aucune idée à quoi ressemble l’Inde. C’est un drame humain assez incroyable. Je trouvais que ça n’avait pas de sens», explique le député du Lac-Saint-Jean.
Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, est intervenu lui-même ce week-end pour permettre la délivrance du permis de séjour temporaire au couple indien.
Le document délivré à minuit moins une à M. Singh et Mme Kaur leur permet ainsi de rester légalement au Canada pendant un an.
D’ici là, une nouvelle demande humanitaire est en cours de traitement et les jeunes parents peuvent poursuivre des démarches pour obtenir leur résidence permanente, détaille leur avocat, Me Miguel Mendez.
Erika Aubin / JdeM
Optimiste pour le futur
Même si le combat n’est pas tout à fait terminé, M. Singh voit la suite des choses avec optimisme.
«Je sens que ma vie est en sécurité. Le futur de mes enfants est en sécurité et j’ai maintenant une chance de vivre dans un beau pays, sans menaces», laisse-t-il tomber en énumérant et remerciant tous ceux qui l’ont aidé dans la dernière semaine.
Celui qui travaille dans un centre de distribution, qui devait ironiquement être expulsé le jour de la fête du Canada, profite aujourd’hui du férié pour passer du temps auprès de ses enfants, âgés de 2 et 4 ans.