Malentendante et autiste, Célia décroche le bac à 14 ans

Une jeune habitante de la Somme, âgée de 14 ans, vient de décrocher son bac avec mention Bien, alors qu'elle est malentendante et souffre de troubles autistiques.

Célia
A 14 ans, Célia a décroché le bac ce mardi 4 juillet 2023, avec une moyenne de 14,23, malgré deux handicaps. ©Le Journal d’Abbeville
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Alors que les jeunes de son âge sont encore au collège, Célia, qui a eu 14 ans le 6 avril 2023, a obtenu son bac, ce mardi 4 juillet 2023. Avec une moyenne de 14,23, l’adolescente décroche même une mention Bien.

Une performance d’autant plus remarquable que la jeune habitante d’Abbeville (Somme) souffre d’un double handicap.

À 2 ans, elle lisait déjà !

Célia est malentendante et a été diagnostiquée tardivement autiste Asperger. Deux handicaps invisibles qu’elle a su surmonter pour devenir l’une des plus jeunes bachelières de France.

Ses appareils auditifs dissimulés par ses cheveux et contenant admirablement ses troubles pour nous relater son cursus, la jeune Samarienne a eu un parcours scolaire pour le moins atypique, comme l’explique sa maman Aline.

Célia est malentendante de naissance comme moi, c'est génétique. Quand elle était bébé, elle était très éveillée pour son âge. À 2 ans, elle lisait déjà !

AlineSa maman

Une maman qui se souvient que sa fille avait constamment besoin de réponses et d’informations. « Elle posait beaucoup de questions et il fallait répondre avec précision sinon ça ne lui convenait pas et elle pouvait faire des crises. »

L’école à la maison avec sa maman

Ne pouvant pas suivre un parcours scolaire classique avec son double handicap, Célia n’est pas allée en classe, mais à l‘école à la maison.

« De la maternelle à la fin des années collège, c’est maman qui m’a fait les cours. Le matin, c’était école et l’après-midi, on sortait. En seconde, je suis entrée au lycée Saint-Pierre d’Abbeville, mais comme c’était en période Covid, je n’arrivais pas à lire sur les lèvres avec le masque. Je suis donc revenue à la maison pour suivre les cours via le CNED (Centre National d’Enseignement à Distance). »

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Puis, à 12 ans, Célia est entrée en 1ère au lycée Boucher-de-Perthes. « J’ai rencontré quelques difficultés au lycée. Quand des élèves m’ont demandé mon âge et que je leur ai dit que j’avais 12 ans, après ils ne m’ont plus parlé. Ça m’a servi de leçon. En terminale, je n’ai dit mon âge à personne. J’ai demandé aux professeurs de ne pas dire mon âge aux autres élèves », confie la jeune bachelière.

Diagnostiquée au lycée

Si Célia a adoré suivre les cours et notamment les matières scientifiques, ses handicaps lui ont demandé une concentration de chaque instant.

« En fait, je m’ennuyais à l’école. Je comprenais vite et je retenais tout de suite ce que je lisais. Je préférais travailler seule avec maman, à mon rythme. »

Diagnostiquée autiste alors qu’elle était en 1ère

Si Célia est précoce intellectuellement, son diagnostic concernant ses troubles autistiques a été tardif. « Célia avait des difficultés à écrire quand elle était petite, mais j’étais loin de penser que c’était des troubles autistiques », se souvient sa maman Aline. « Alors qu’elle était en première, on lui a fait un bilan en orthophonie puis des examens à Berck-sur-Mer. Elle a ensuite été envoyée au CDA (Diagnostic et d’évaluation de l’Autisme) qui a confirmé que Célia était autiste Asperger. » Si Célia arrive à suivre des cours et une conservation, cela lui demande une concentration extrême qui la fatigue rapidement. Pour rappel, le syndrome d’Asperger se manifeste par des difficultés à communiquer, à établir des rapports sociaux, à supporter le bruit ou un environnement très stimulant.

Le plus compliqué en classe pour la jeune abbevilloise était le bruit ambiant. « Quand d’autres élèves parlaient entre eux, je n’arrivais pas à entendre le professeur et je n’arrivais pas toujours à lire sur ses lèvres. Alors, quand je rentrais à la maison, je plongeais dans les livres pour revoir le cours. »

Une moyenne de 14,23

Pour le bac et ses épreuves, Célia n’a pas eu trop d’appréhension, consciente de ses facultés. « Je n’ai pas eu d’inquiétude particulière. J’y suis allée sans stress. »

Et quand on lui demande ses matières préférées, elle répond avec une maturité déconcertante : « En primaire, j’adorais la géométrie. Au collège, c’était plus la SVT (Sciences de la vie et de la Terre) et au lycée, j’ai préféré les maths. »

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Côté résultats pour le bac, pas de surprise. Célia a décroché le diplôme avec la mention Bien et une moyenne de 14,23 sur 20.

Une soif continue d’apprendre

Quant à ses loisirs, la jeune Abbevilloise n’en manque pas, avec une soif continue d’apprendre et de découvrir. « Je construis des robots. J’aime bien savoir comment ils fonctionnent. J’aime bien aussi faire des Lego. Et quand je ne suis pas en cours, j’adore aller visiter plein de choses. »

Une soif de connaissances que confirme sa maman Aline, qui ne manque pas d’anecdotes à ce sujet. 

Quand nous sommes allées au Louvre, Célia a voulu visiter toutes les salles. On a couru pendant toute la journée et quand je suis rentrée, j'avais des cloques sous les pieds !

AlineSa maman

La jeune bachelière nous précisant : « J’adore aussi aller à la cité des sciences à Paris. »

Aline est une maman fière de la réussite de sa fille, mais qui s’est inquiétée pour son bien-être dans une société loin d’être adaptée pour des jeunes comme Célia.  « Il fallait constamment la nourrir intellectuellement. J’ai bien essayé de la freiner, car elle était toujours en avance, mais quand j’essayais de mettre des freins, elle faisait des crises. »

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Célia veut devenir médecin généraliste

À 14 ans, Célia va donc se lancer dans les études supérieures et a hâte de pouvoir entrer en faculté.

« À la rentrée, je vais entrer en fac de médecine à Amiens. Je suis super contente, car je vais faire ce qui me passionne. Il paraît que c’est difficile surtout la première année, mais je ne m’en fais pas. J’ai le temps et s’il le faut, je ferai une pause. »

Plus tard, la jeune fille aimerait devenir « médecin généraliste avec une spécialité pédiatrie, si c’est possible. » En réalisant un cursus parfait et après 10 ans d’études post-bac, Célia pourrait ainsi devenir l’une des plus jeunes médecins à 24 ans.

Et pour suivre des études supérieures, sa maman s’est heurtée à un autre problème : l’âge de sa fille. « Impossible de lui prendre un appartement toute seule à 14 ans… J’ai réussi à trouver un gentil propriétaire qui va nous louer un appartement où je pourrai rester avec elle. »

En attendant d’entrer à la fac, Célia va prendre des vacances bien méritées pour visiter des sites et monuments bien entendu, entre deux sorties avec ses amis.

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