“C’est un week-end de célébrations, de feux d’artifice, de hot-dogs, de défilés et de fêtes, mais cette année encore, il a été couvert de sang”, écrit le correspondant aux États-Unis du journal espagnol El País. Mardi 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, Joe Biden a exhorté les législateurs à agir après qu’une série de fusillades dans plusieurs grandes villes ont tué au moins dix personnes.

Dans un communiqué, le président américain a appelé les élus républicains à se joindre à lui pour proposer des “réformes de bon sens”, incluant une interdiction des fusils d’assaut, une vérification universelle des antécédents et la fin de l’immunité légale pour les fabricants d’armes à feu.

“Au cours des derniers jours, notre nation a de nouveau subi une vague de fusillades tragiques et insensées dans des villes à travers l’Amérique – de Philadelphie à Fort Worth, de Baltimore à Lansing, de Wichita à Chicago”, a-t-il déclaré, évoquant une “épidémie de violence armée qui déchire nos communautés”, comme le rapporte le site d’information Axios.

Presque 350 tueries de masse depuis le début de l’année

Cette vague de fusillades a commencé vendredi, alors que les États-Unis entamaient un long week-end de vacances, et a culminé mardi avec le jour de l’Indépendance. Vendredi soir à Chicago, dans l’Illinois, une personne a été tuée et trois autres blessées dans une fusillade sur un trottoir. Puis, dimanche matin très tôt, deux autres fusillades de masse ont éclaté : une dans un club de Wichita, au Kansas, qui a fait neuf blessés, et une autre lors d’une fête de quartier à Baltimore, dans le Maryland, qui a fait deux morts et 28 blessés.

Mais c’est Philadelphie, en Pennsylvanie, qui a payé le plus lourd tribut lundi, avec une fusillade ayant tué cinq personnes et blessé deux enfants. “Peu après 20 heures, la veille du 4, dans un quartier du sud-ouest de Philadelphie, quelqu’un vêtu d’un masque de ski et d’un gilet pare-balles a ouvert le feu dans une rue du quartier, mettant fin à tout sentiment de fête”, relate The New York Times. Le tireur présumé a été identifié par la police comme étant un résident de la ville de 40 ans, selon le Philadelphia Inquirer, mais aucun motif n’a encore été déterminé, et la police a l’impression qu’il a “tiré au hasard”.

Impasse politique

Lundi soir, une autre fusillade à Fort Worth, au Texas, a fait trois morts après une fête de quartier. Et dans les premières heures de mardi, une altercation lors d’une fête à Lansing, dans le Michigan, a entraîné une fusillade qui a fait cinq blessés. Il y a eu 345 tueries de masse depuis le début de l’année, selon les statistiques de la Gun Violence Archive.

Dans sa déclaration de mardi, Joe Biden a également rendu hommage aux victimes de Highland Park, lorsqu’un homme armé avait ouvert le feu lors du défilé du 4 juillet 2022. Sept personnes avaient succombé. Le président a félicité l’Illinois pour être parvenu à interdire les fusils d’assaut, mais il a reconnu que si “cette réussite sauvera des vies” à l’avenir, “elle n’effacera pas [le] chagrin” des familles endeuillées, rapporte le journal britannique The Guardian.

Ces appels de Biden à l’opposition risquent de toute façon de rester lettre morte, observe Al-Jazeera,les législateurs conservateurs [ayant] largement résisté aux restrictions d’accès aux armes à feu”, se référant toujours “au droit de porter des armes en vertu du deuxième amendement de la Constitution américaine”.

La chaîne d’information qatarie cite plusieurs exemples récents qui montrent que les républicains ne sont pas disposés à faire des concessions. Ainsi, en Floride, une loi est entrée en vigueur le 1er juillet “autorisant les résidents à porter une arme dissimulée sans permis, abrogeant la formation et les licences auparavant requises”. En outre, les juges conservateurs de la Cour suprême ont “remis en question les restrictions sur les permis d’armes à feu dans des États de gauche comme New York, les jugeant inconstitutionnelles”.

Certes, en juin 2022, le Congrès a adopté une législation bipartite sur la sécurité des armes à feu, qui comprenait des dispositions sur la vente aux personnes reconnues coupables de violence domestique. Cependant, même si Biden a qualifié ce projet de loi de “monumental”, il a reconnu qu’il ne réglait nullement les problèmes les plus épineux. L’impasse demeure.