L’image qui trône en une de L’Espresso, une “Rosie la riveteuse” en tenue de ville, envoie au premier regard un message trompeur. Oui, le média italien souhaite bien célébrer la fin de la domination totale des hommes en politique, mais il prévient dans son titre : “Bien qu’il s’agisse de femmes”, tout n’est pas rose.

Giorgia Meloni, Christine Lagarde [à la tête de la BCE], Ursula von der Leyen [présidente de la Commission européenne] sont des femmes qui ont conquis des positions de commandement, mais qui déclinent leur pouvoir au masculin”, attaque le média de gauche, qui développe ensuite sa pensée dans un éditorial.

“Aujourd’hui, nous vivons dans une époque où les femmes luttent encore pour des droits fondamentaux, sur les lieux de travail où elles sont moins payées, au sein des familles où elles sont souvent victimes de violences. Et tout ça continue dans une époque où des femmes occupent des positions professionnelles très importantes.”

En prenant l’exemple spécifique de l’Italie, si l’on regarde vers le haut de la pyramide du pouvoir, la situation semble n’avoir jamais été aussi bonne. En effet, la Première ministre et la cheffe du principal parti d’opposition − Elly Schlein − sont des femmes, et pourtant.

Entre 2022 et 2023, détaille un autre article du dossier de L’Espresso, “l’Italie est passée de la 63e à la 79place [sur 146 pays] dans le classement global sur la parité femmes-hommes”. Interviewé par l’hebdomadaire à ce sujet, l’économiste Azzurra Rinaldi donne quelques pistes pour comprendre le pourquoi de cette situation.

Tout d’abord, paradoxalement, “la politique est un domaine où nous avons régressé, puisque dans le gouvernement actuel il y a moins de femmes que dans le précédent dirigé par Mario Draghi, ce qui apparaît logique puisque Meloni n’est pas féministe”.

“Le pouvoir n’a pas de sexe”

Selon Azzurra Rinaldi, le gouvernement conservateur de Meloni mène aujourd’hui une politique visant à stimuler la natalité, faisant écho à une équation “femme = mère”, qui ne peut pas conduire à une réelle émancipation des femmes.

“En Italie, la présence des femmes dans le monde du travail est de 18 points inférieure à celle des hommes, et le revenu estimé est de 24 % inférieur. On a un ministère de la Natalité, mais sans prendre en compte que dans les pays riches ce sont les femmes qui travaillent qui font plus d’enfants, car, tout simplement, les enfants représentent une charge financière élevée, surtout en l’absence d’un réseau structuré de services publics en Italie.”

En conclusion, selon L’Espresso, avoir un leader femme peut se révéler seulement un changement de façade, et ce qui compte, c’est seulement la façon et les idées avec lesquelles on gouverne : “Le pouvoir n’a pas de sexe. Celle ou celui qui le détient l’exerce pour les intérêts de son camp. Les méchants resteront méchants et les bons seront toujours bons, peu importe le sexe.”