Android, l'empire qui s'étend

Le système d'exploitation (OS) mobile de Google, Android, connaît une progression annuelle sans précédent (+8,3 points) et dépasse désormais les 57% de part de marché dans le monde. Numéro un sur le marché du mobile français, Android continue sa croissance fulgurante.

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Android, l'empire qui s'étend

Le système d'exploitation mobile Android a de quoi faire trembler ses rivaux. A l’issue d’un premier trimestre 2014, le cabinet Kantar a présenté ses résultats et l'OS maison de Google se classe en tête des systèmes d'exploitation en France, avec plus de 65% des parts de marché. A l'international, Android tient encore la dragée haute à se sconcurrents avec 57% des parts de marché.

En s'infiltrant petit à petit dans tout l'écosystème, il est devenu une menace pour Microsoft et Apple dans plusieurs de leurs domaines de prédilection, et notamment grâce à une avance dans les pays émergents. Retour sur les étapes d'une course à la domination.

Sur mobile et tablettes

Android s'est imposé comme le système d'exploitation mobile de prédilection. Adopté par Samsung, HTC, Sony, le Chinois Lenovo, et de nombreux autres fabricants, il continuer de grignoter des parts de marché et d'écraser la concurrence. Selon le cabinet de recherche Gartner, Android devrait équiper 1,1 milliard d'appareils vendus en 2014, soit une hausse de 26%.

Au premier trimestre 2014, Android se place Android en première position parmi les OS pour PC, tablettes et mobiles tous appareils confondus. Windows atterrit à la deuxième place et iOS en troisième. De plus, le cabinet IDC estimait que durant le troisième trimestre de 2013, 81% des appareils vendus fonctionnaient sous Android.

Un avantage qui repose sur un atout majeur : des appareils bon marché, moins chers que ceux d'Apple, qui font mouche notamment dans les pays émergents (comme l'Inde, où Android domine). Selon Gartner, en 2017, plus de 75% des volumes de ventes d'Android devraient provenir des marchés émergents. L'analyste de Gartner Annette Zimmerman explique la différence entre Google et Apple : "c'est une équation volume contre valeur".

L'avantage d'Android sur mobile repose aussi sur un écosystème d'applications ouvert et flexible qui plaît. Le volume des applications disponibles sur le magasin Google Play a enfin rattrapé Apple, et Google Play sort gagnant en termes de volume de téléchargements, avec un succès notable en Amérique du Sud et au Brésil notamment. Google concentre ainsi 75% des téléchargements d'applications, contre 18% pour Apple. Android joue aussi sur la diversité dans le mobile : des appareils produits et vendus par d'autres fabricants que Google, contre un écosystème fermé et exclusif d'Apple - qui est sa marque de fabrique. Selon le cabinet IDC, la vraie menace pour Apple se trouve du côté de Google Play, dont la valeur de l'écosystème augmente sans cesse. Microsoft, de son côté, a intérêt à attirer plus de développeurs sur sa plate-forme Windows pour rester dans la course.

Sur le PC

Le marché des PC est en chute libre, et flirte désormais avec Android. Récemment, les fabricants Lenovo et HP ont rejoint le club des entreprises qui ont fait le choix d'Android au lieu de Microsoft, et ont présenté au CES de Las Vegas leurs nouveaux PC fonctionnant sous l'OS de Google. Intel travaillerait d'ailleurs à un PC "dual OS" combinant des applications Android et Windows. Ni Microsoft ni Google n'auraient pour l'instant donné leur accord sur le projet, cela dit. Pour de nombreux experts, la stratégie des fabricants de PC appelant Android à la rescousse pour sauver une industrie moribonde ne payera pas.

Les ventes de PC souffrent du succès des tablettes, dont les ventes devraient encore grimper de 47% cette année à 263 millions d'unités, selon Gartner. Des notebooks de Google et des appareils fonctionnant sous Android qui ne sont "pas complètement des PC" ont émergé. Mais ils ne remplacent pas encore un véritable ordinateur de bureau avec toutes ses fonctionnalités, pour certains observateurs. Par ailleurs, si Android a décollé dans ce secteur, Google lui-même prévoit de privilégier plutôt son système d'exploitation Chrome OS pour les ordinateurs et notamment pour l'entreprise, Android restant l'apanage du mobile. Toutefois, la décision d'HP de cibler les professionnels avec son nouveau PC tournant sous Android présage d'une menace grandissante pour Microsoft.

Dans la voiture

Android était en retard, notamment par rapport à la plate-forme Windows Embedded Automative, développée par Microsoft depuis de longues années, qui fait déjà tourner le système du pionnier de l'automobile Ford. Par ailleurs Apple avait annoncé lors de sa conférence développeurs le lancement en 2014 de "iOS pour la voiture".

Mais l'OS de Google a donné un coup dans la fourmilière en annonçant lors du CES 2014 son partenariat avec des constructeurs leaders de l'automobile pour embarquer Android dans les voitures connectées. Bien que le projet soit encore à ses débuts, il y a fort à parier qu'Android peut attirer de nombreuses marques grâce à son avantage déjà marqué dans les smartphones, et à son écosystème ouvert et flexible.

Dans la maison

Android n'était vraiment pas dans la course pour la maison connectée, avec l'échec de sa plateforme Android@Home. Mais avec le rachat du fabricant de thermostats intelligents Nest pour 3,2 milliards de dollars, Google a frappé fort encore une fois, ouvrant la porte à de multiples possibilités. Si ce rachat est un pas de plus dans le hardware, il n'est pas difficile d'imaginer une refonte de la plateforme Android pour la maison, ou la création de nouveaux services et applications, qui deviendraient indispensables grâce à l'avantage de Nest dans ce secteur. Difficile de croire que Google n'a pas prévu d'imposer son système d'exploitation via ce nouveau partenariat, dans un marché en plein essor.

Les obstacles à la domination Android

Malgré tous ces avantages, Android n'est pas à l'abri d'un retournement de situation inattendu. Le fabricant de téléphones Samsung notamment, cherchait depuis quelques temps déjà à s'émanciper de l'OS de Google, surtout lorsque ce dernier a lancé une menace à peine voilée avec le rachat de Motorola Mobility. La revente de ce dernier au chinois Lenovo rétablit peut-être l'équilibre entre les deux partenaires. Google assure surtout ses arrières en construisant un deuxième pilier Android. Une bonne stratégie pour casser le monopole de Samsung. En effet, le géant coréen qui joue un rôle majeur dans la domination d'Android, pourrait bien décider d'utiliser son emprise sur la firme pour renégocier les termes de son partenariat. Une relation de plus en plus compliquée entre deux alliés qui ont besoin l'un de l'autre et qu'il sera d'autant plus intéressant de voir évoluer.

D'autre part, si Android domine en termes de parts de marché du mobile, cela ne se traduit pas en revenu. L'iOS d'Apple est toujours plus vendeur. Google a beau concentrer 75% des téléchargements d'applications, Apple gagnerait 5,1 millions de dollars par jour sur l'App Store, contre 1,1 millions par jour pour Google. Sur le troisième trimestre 2013, Apple a gagné plus d'argent que tous ses compétiteurs combinés, selon des données de Canaccord Genuity. Le marché des téléphones premium, sans surprise, s'avère plus lucratif. Pourquoi Android sort-il perdant ? Les deux tiers des appareils vendus sous Android sont des appareils très bon marché, non seulement pas chers, mais qui ne vendent pas d'applications et qui ne génèrent que peu de revenus publicitaires. Les développeurs d'applications tierces, qui font vivre l'écosystème, préfèrent se tourner vers Apple, qui offre un marché moins fragmenté, avec moins de virus, plus d'argent à la clé et de traction publicitaire. En termes de consommation, Apple domine largement et Android a encore fort à faire pour redresser la barre.

Nora Poggi

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