L’extrême droite allemande souhaite une « dissolution contrôlée » de l’UE

Dans sa proposition de manifeste pour les élections européennes, qui devrait être ratifiée lors de la conférence du parti le 29 juillet, l’AfD appelle à une « dissolution contrôlée » de l’« UE autoritaire ». [EPA-EFE/FILIP SINGER]

L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite allemand, s’apprête à faire de la « dissolution contrôlée » de l’UE l’un de ses principaux objectifs pour les prochaines élections européennes. Le président du groupe de l’AfD, Tino Chrupalla, a déclaré que le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, était l’un de ses principaux alliés.

Dans sa proposition de programme pour les élections européennes, qui devrait être ratifiée lors de la conférence du parti le 29 juillet, l’AfD appelle à une « dissolution contrôlée » de l’« UE autoritaire ».

« Nous demandons une remise à zéro de l’Europe afin que nous puissions utiliser le potentiel des États-nations et reconstruire le pont vers l’est », a affirmé M. Chrupalla, à EURACTIV.

L’UE est « seulement une zone économique et devrait le rester », a-t-il ajouté.

L’Union européenne « accapare les compétences nationales sans pouvoir remplacer l’État-nation » tout en étant insuffisamment démocratique dans la mesure où la Commission manque de légitimité, a-t-il soutenu.

M. Chrupalla a également cité les sanctions de l’UE contre la Russie comme un excellent exemple de l’illégitimité de l’UE, affirmant qu’elles n’étaient « pas dans l’intérêt des citoyens » et qu’elles ont entraîné une hausse de l’inflation ainsi qu’une récession.

L’AfD propose de remplacer l’UE par « une nouvelle communauté économique européenne fondée sur les intérêts, une ligue des nations européennes ».

Les « alliés » en Hongrie et en Autriche

La proposition de l’AfD, qui conduirait en réalité à la sortie de l’Allemagne de l’UE, est une position de longue date du parti, dont l’objectif initial était de dissoudre l’union monétaire.

Déjà lors des dernières élections au Bundestag, l’AfD avait fait campagne en faveur de la dissolution complète de l’UE.

Depuis lors, cependant, les positions de nombre de ses alliés d’extrême droite au sein du groupe politique européen Identité et Démocratie (ID) se sont considérablement assouplies.

Le parti d’extrême droite français, le Rassemblement national de Marine Le Pen, par exemple, a depuis abandonné l’idée de dissoudre l’UE et fait pression en faveur d’une réforme fondamentale de l’Union, ce que l’AfD juge impossible.

De même, la Ligue, le parti d’extrême droite italien de Matteo Salvini, cherche actuellement à devenir plus présentable tout en forgeant une large alliance avec les forces de centre droit pour les prochaines élections et abandonne peu à peu ses idées eurosceptiques.

Toutefois, M. Chrupalla est optimiste et pense que la dissolution de l’UE pourrait se concrétiser. Il mise sur les partis de droite en Autriche et en Hongrie pour y parvenir.

« Les perspectives [de mise en œuvre de la proposition] sont bonnes, car la tendance générale est en notre faveur », a-t-il déclaré.

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La candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, continue de défendre sa nouvelle volonté de rester dans l’Union européenne pour la réformer « profondément » face aux accusations que son projet pour la France propose, en fait, un « Frexit » déguisé.

L’axe austro-hongrois

L’Autriche et la Hongrie seraient des partenaires idéaux et des alliés naturels pour l’AfD.

« La coopération en Europe centrale avec la Hongrie et l’Autriche est d’une importance capitale pour l’Allemagne », a affirmé M. Chrupalla, ajoutant que M. Orbán « montre déjà comment la politique fondée sur les intérêts peut être mise en œuvre en Europe ».

Du côté de l’Autriche, le Parti de la liberté (FPÖ), parti d’extrême droite, est actuellement en tête des sondages bien qu’il soit fréquemment accusé de corruption. De même, le Fidesz de M. Orbán devrait obtenir près de la moitié des voix, alors que son plus proche concurrent devrait accuser un retard de près de 30 points de pourcentage.

L’AfD, pour sa part, a récemment fait son retour, puisqu’il occupe actuellement la deuxième place avec environ 20 % des voix, devant même le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier allemand.

Le FPÖ a déjà exprimé son soutien à l’AfD.

« Nous percevons le chemin parcouru par l’Union européenne ces dernières années de manière assez critique et avec beaucoup d’inquiétude », a expliqué Harald Vilimsky, chef de la délégation du FPÖ au Parlement européen, à EURACTIV.

« Bien sûr, les citoyens européens devraient pouvoir choisir s’ils sont toujours d’accord avec l’évolution [de l’UE] ou s’ils préfèrent aller dans une direction plus proche des idées fondamentales de l’intégration, à savoir la paix, la liberté et la richesse », a-t-il ajouté.

Toutefois, si le Fidesz de M. Orbán est idéologiquement proche de l’AfD, il n’est affilié à aucun groupe au Parlement européen depuis qu’il a quitté le PPE de centre droit.

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