En Iran, un festival de cinéma interdit à cause d'une affiche sur laquelle une actrice apparaît cheveux détachés

Le gouvernement iranien a interdit un festival dédié au court-métrage à cause de son affiche.
En Turquie une femme se coupe les cheveux lors d'une manifestation en soutien aux femmes iraniennes qui protestent...
En Turquie, une femme se coupe les cheveux lors d'une manifestation en soutien aux femmes iraniennes qui protestent contre le régime des mollahs.Chris McGrath/Getty Images

Un événement culturel annulé à cause de quelques mèches de cheveux. Depuis 2008, l'Iran organise un festival consacré au court-métrage, récompenses cinématographiques à la clé. Prévue pour septembre prochain, la treizième édition de ce rassemblement culturel n'aura pas lieu. Le gouvernement iranien vient d'interdire le festival à cause de son affiche, choisie par l'Association iranienne du court-métrage et dévoilée mi-juillet.

Discret sourire aux lèvres, regard de défi, masque à la main et surtout, cheveux détachés, l'actrice Susan Taslimi était le visage de l'évènement. L'image est tirée du film de Bahram Beyzai, La Mort de Yazdgerd, sorti en 1982. Juste un an avant la promulgation de la loi obligeant les femmes à couvrir leur tête et leur cou d'un foulard. À l'époque, le film avait fait polémique pour son rôle féminin d'envergure. Quarante-et-un ans plus tard, le gouvernement censure l'image et bride, toujours plus, la liberté des femmes. Dernière mesure en date ? Le renforcement des patrouilles de police pour sanctionner les femmes qui ne portent pas le voile dans l'espace public.

Samedi, l'agence de presse d'État a publié un communiqué pour confirmer l'interdiction du festival : « Le ministre de la Culture a personnellement émis un ordre d'interdire la 13e édition du festival du film ISFA, en raison de l'utilisation d'une photo d'une femme sans hijab sur son affiche, en violation de la loi. »

Instagram content

This content can also be viewed on the site it originates from.

Le festival du court-métrage a été créé pour célébrer ce genre cinématographique et lui réserver une cérémonie propre. Une mise à l'honneur bienvenue dans un pays où les créatifs dissidents risquent la mort et, souvent, vivent exilés. Aujourd'hui, le cinéma iranien, tous genres et formats confondus, est menacé par la répression culturelle et religieuse exercée par le régime des mollahs. La semaine dernière, le tribunal de Téhéran a condamné l'actrice iranienne Afsaneh Bayegan à deux ans de prison avec sursis pour être apparue sans hijab lors d'un événement public.

La mort de la jeune Mahsa Amini, 22 ans, décédée en septembre 2022 après avoir été arrêtée par la police des moeurs au motif qu'elle ne portait pas correctement son voile, a provoqué un mouvement de contestation d'ampleur dans le pays. Les femmes iraniennes se sont révoltées contre les restrictions vestimentaires et ont mené plusieurs marches, cheveux libérés, foulard brûlé ou découpé. Poing levé malgré les arrestations, les morts et les disparitions.