En Italie, des travailleurs décèdent à cause de températures extrêmes

Dans toute l’Italie, les ouvriers des usines et les travailleurs extérieurs ont menacé de se mettre en grève et les syndicats ont demandé que des congés soient accordés car les températures sont devenues trop élevées pour travailler. [EPA-EFE/GIUSEPPE LAMI]

Les travailleurs d’usine et les ouvriers italiens appellent à la grève alors que cinq personnes seraient décédées à cause des températures extrêmes, qui dépassent les 40 degrés Celsius, rapporte le journal britannique The Guardian, média partenaire d’EURACTIV.

Stefano Olmastroni, un agent d’entretien, rangeait les rayons d’un supermarché à Florence peu avant sa mort le 13 juillet, alors que l’Italie se trouvait au milieu de l’anticyclone Cerberus, qui a fait grimper les températures au-delà de 40 degrés Celsius.

Plus tôt dans la journée, l’homme de 61 ans avait dit à ses proches qu’il avait du mal à travailler sous la chaleur et qu’il se sentait léthargique. Il avait hâte de se reposer le lendemain, jour de congé.

M. Olmastroni, qui souffrait de problèmes cardiaques, a terminé son service à 15 heures et a été retrouvé affalé dans le vestiaire.

« Lorsque nous l’avons trouvé, la température dans le vestiaire était de 39 °C », a déclaré sa nièce, Sara Ndere Olmastroni. « Il est mort avant que l’on puisse l’emmener à l’hôpital. »

Son oncle travaillait dans la serre du supermarché, qui n’était pas climatisée.

« La température était très élevée et il avait des problèmes cardiaques. Une crise cardiaque aurait pu se produire à tout moment, et la chaleur n’a certainement pas aidé », a-t-elle ajouté. « C’était une façon horrible de mourir, au travail et tout seul. »

M. Olmastroni est l’une des cinq personnes en Italie qui seraient décédées en raison de la chaleur extrême au cours de la semaine, alors qu’un deuxième anticyclone encore plus intense, Caronte, battait les records de température à Rome et portait le mercure à près de 47 degrés en Sicile. Le bilan réel est probablement beaucoup plus lourd.

À l’exception d’un agent d’entretien de la voirie de 44 ans qui s’est effondré alors qu’il préparait un nouveau marquage dans une rue de Milan et dont la famille attend toujours les résultats de l’autopsie, toutes les victimes souffraient de problèmes cardiaques.

Ciro Adinolfi, 75 ans, originaire d’Afragola, près de Naples, est mort sous les yeux de son fils, également ouvrier, alors qu’il manœuvrait une grue sur le chantier d’un entrepôt Amazon à Jesi, dans la région centrale des Marches. Gabriele Lucido, 64 ans, originaire de Salerne, dans le sud, a été retrouvé mort dans son logement après avoir terminé son service sur un chantier à Brescia pour le TAV, le projet de train à grande vitesse entre l’Italie et la France.

Olindo Zuanon, boulanger, s’est effondré devant sa femme dans leur magasin d’une ville proche de Trévise, lundi, et est décédé à l’hôpital. Les médecins ont déclaré que l’homme de 63 ans avait une température corporelle proche de 42 °C.

Dans toute l’Italie, les ouvriers des usines et les travailleurs extérieurs ont menacé de se mettre en grève et les syndicats ont demandé que des congés soient accordés car les températures sont devenues trop élevées pour travailler.

« Le personnel devrait bénéficier de congés payés lorsque la température dépasse 35 °C », estime Salvatore Cutaia, secrétaire général de l’unité milanaise des travailleurs de FenealUil.

« Ils ne devraient pas être obligés de travailler pendant les heures les plus chaudes, des zones ombragées devraient être créées pour les pauses et de l’eau devrait être fournie — ces petites précautions peuvent sauver des vies. »

Chaleurs extrêmes : près de 33 000 morts en France depuis 2014

Santé publique France (SPF) dévoile la première estimation du poids des canicules et des températures extrêmes sur la mortalité en France métropolitaine depuis 2014.

Causes des décès

Les décès liés à la chaleur peuvent prendre des formes multiples. Dans certains cas, le coup de chaleur est fatal parce que le corps est trop chaud pour que les organes fonctionnent correctement. Dans d’autres, les personnes décèdent de déshydratation, le corps transpirant pour tenter de se refroidir. Pour de nombreuses personnes, en particulier celles qui souffrent de maladies cardiaques et pulmonaires, l’accélération du flux sanguin entraîne une défaillance cardio-vasculaire.

« Des problèmes préexistants peuvent rendre les gens plus vulnérables aux températures élevées », a déclaré Sonia Seneviratne, climatologue à l’ETH Zürich, qui a étudié les décès dus aux vagues de chaleur. « Une mortalité plus élevée est notamment observée chez les personnes âgées de plus de 65 ans. »

Toutefois, les personnes jeunes et en bonne santé peuvent également mourir lors de fortes chaleurs, a-t-elle ajouté, en particulier « en cas d’effort physique important, souvent associé à un équipement ou à des vêtements qui empêchent la perte de chaleur ».

Au cours de l’été 2022, c’est en Italie, suivie de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal que les décès dus à la chaleur ont été les plus nombreux. Ces pays comptent parmi les plus chauds d’Europe, abritent des populations parmi les plus âgées et ont également connu les pics de température les plus importants. On ne sait pas exactement dans quelle mesure chaque facteur a augmenté la mortalité.

Les médecins ont conseillé aux personnes de tous âges de rester à l’intérieur et de boire de l’eau pour rester en sécurité pendant les vagues de chaleur. Ils ont également conseillé de veiller sur les voisins et les parents âgés qui vivent seuls.

L’isolement social, un facteur sous-estimé

Selon une étude publiée en 2021, dans les quartiers de Rome qui ont mis en place un programme visant à réduire l’isolement social des personnes âgées, la surmortalité estivale a moins augmenté que dans les quartiers qui n’ont pas mis en place un système de ce type.

Le programme, géré par l’organisation catholique Communauté de Sant’Egidio, tente de contacter toutes les personnes âgées de plus de 80 ans d’une région afin de déterminer celles qui sont isolées ou malades. Il propose ensuite des bilans de santé périodiques, des conseils sur la manière de faire face à une vague de chaleur et une aide à la gestion des tâches quotidiennes.

« Réduire l’isolement social peut réellement diminuer l’impact des vagues de chaleur sur la mortalité des personnes âgées », a déclaré Stefano Orlando, économiste de la santé à l’Université de Rome Tor Vergata et auteur principal de l’étude. « Ce qui n’est pas clair, c’est de savoir quels sont les programmes les plus efficaces pour réduire l’isolement. »

Le programme, baptisé « sole sì, soli no » (« soleil oui, solitude non »), a été lancé à Rome en 2004 en réaction à la catastrophique canicule qui avait frappé l’Europe l’année précédente et tué 70 000 personnes.

« Ce type d’interventions sociales est très peu coûteux comparé à des interventions médicales », a déclaré M. Orlando. Elles peuvent être aussi simples que de demander aux gens s’ils ont besoin d’eau ou de les aider à faire leurs courses, a-t-il ajouté. « Si vous sortez de chez vous pour acheter de la nourriture, vous risquez de mourir. Si j’apporte de la nourriture à la maison pendant cette semaine de canicule, je peux vous sauver la vie. »

Les vagues de chaleur se sont intensifiées à mesure que les hommes ont influé sur le climat, causant une augmentation des températures mondiales. Selon une étude cosignée par Mme Seneviratne en juillet dernier, 60 % des décès dus à la canicule en Suisse l’été dernier pourraient être attribués à la crise climatique.

« L’utilisation de combustibles fossiles a largement contribué à l’augmentation des vagues de chaleur dans le monde entier », a déclaré Mme Seneviratne. « Certains événements chauds extrêmes récents étaient si extrêmes qu’ils avaient une probabilité quasi nulle de se produire sans les émissions humaines. »

Cet article a été  publié dans The Guardian et est reproduit ici avec l’autorisation des auteurs.

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[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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