Il va encore faire très chaud cette semaine en France. Un nouvel épisode de chaleur tardive s'abat sur le pays, battant déjà plusieurs records. Il pourrait aussi être inédit par sa durée et son intensité. Il vient clôturer - on l'espère - une saison estivale marquée une nouvelle fois par le changement climatique. 

L’été 2023 vous a semblé morose ? En réalité, selon un bilan dressé par Météo-France lundi 4 septembre, il se classe au quatrième rang des étés les plus chauds jamais connus, derrière ceux de 2003 et 2022, et quasiment ex-aequo avec l’été 2018. Sur l’ensemble de la saison, la température moyenne a été supérieure de 1,4°C à la normale 1991–2020. Le mois de juin a été particulièrement chaud, avec +2,6°C au-dessus de la normale, contre +0,8°C et +0,9°C respectivement en juillet et août.
De nombreux records ont été battus cette année encore comme à Carcassonne (43,2°C), à Toulouse-Blagnac (42,4°C), ou encore sur le Mont-Aigoual, à plus de 1 500 mètres d’altitude (30,4°C). "Ces records de température redessinent la climatologie de la France. Ils sont un marqueur du changement climatique. Non seulement, nous battons des records, mais nous les battons de plusieurs degrés", pointe Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France lors d’une conférence de presse.

36 jours de vague de chaleur en Corse du Sud cet été


Autre symbole d’une climatologie qui se transforme, le nombre de jours de vague de chaleur. Ainsi, en Corse du Sud, il y a eu 36 jours de vague de chaleur, et 33 dans plusieurs autres départements comme la Haute-Corse, le Var ou encore les Alpes-Maritimes. "Soit un jour sur trois !", précise encore le spécialiste. Sur l’île de Beauté, la vague de chaleur de juillet 2023 a été la deuxième plus longue depuis 1947 avec 18 jours. Une vague de chaleur de 12 jours a également concerné les Pyrénées-Orientales en juillet.
L’été 2023 a également été marqué par des orages "pas forcément plus nombreux mais en revanche très violents", note Christine Berne, également climatologue à Météo-France. Ils ont provoqué des rafales de vent dépassant parfois les 130 km/h, de grosses chutes de grêle (5 centimètres de diamètre), des pluies diluviennes (plus de 100 millimètres en 1 heure) et parfois même des tornades provoquant d’importants dégâts. Le mois de juin 2023 a ainsi été le deuxième mois de juin le plus foudroyé à l’échelle de la France sur la période 1997–2023 avec plus de 200 000 impacts.
Une canicule tardive a également marqué la pause estivale du 17 au 24 août. Sur les 47 vagues de chaleur recensées à l’échelle du pays depuis 1947, la plupart se sont produites avant le 15 août. Ainsi, cette canicule tardive est la plus longue et la plus intense pour une fin d’été, selon Météo-France. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie, la vague de chaleur d’août 2023 a été comparable en durée à la canicule d’août 2003 et a été plus sévère que la canicule de juillet 2022.

Nouvel épisode de chaleur tardive qui s’annonce inédit


Cette semaine, un nouvel épisode de chaleur tardive est prévu. "On attend des températures inédites pour un mois de septembre sur un large quart Sud-Ouest, avec des températures proches de 39°C localement", prévient Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo-France. De nombreux records de température ont déjà été battus. Montauban vient ainsi de connaître sa nuit la plus chaude jamais mesurée tous mois confondus avec une minimale de 24,4°C. Brest a connu son jour le plus chaud de toute l’année 2023, avec 30,6°C. Il a fait 37°C à Poitiers, 36,5°C à Cognac, 35,1°C à Aix-en-Provence ou encore 36,6°C à Niort. Tout autant de records de températures pour un mois de septembre.
"Avec une température moyenne sur la France de 25,1°C (l’indicateur thermique national, moyenne des températures de la nuit et de la journée sur un ensemble de stations représentatives du territoire métropolitain), ce lundi 4 septembre 2023 serait la journée la plus chaude observée en septembre, battant le précédent record de 24,7°C du 4 septembre 1949", a également indiqué Météo-France. "Combien de preuves faut-il encore ?", s’insurge sur Twitter l’agro-climatologue Serge Zaka. "Des centaines de records mensuels, parfois explosés de plusieurs degrés… Franchement, ça devient dingue ! On bat les records avec une facilité déconcertante ! Le pire ? Ca devrait durer au moins une semaine !", écrit-il.


Si la France connaît régulièrement des pics de chaleur en septembre, ceux-ci étaient généralement de courte durée. "Il semble que l’épisode de chaleur tardive en cours sur la France sera important sur la durée, c’est ce qui pourrait le rendre inédit", confirme Christine Berne. "Sous l’effet du changement climatique, les épisodes de chaleur seront plus fréquents et plus intenses. Ils seront également plus précoces et plus tardifs. Le réchauffement climatique joue un rôle amplificateur et favorise une extension des vagues de chaleur au-delà de la saison estivale", explique Météo-France. L’organisme table sur un doublement de la fréquence des vagues de chaleur d’ici à 2050.
Concepcion Alvarez

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